L’article 490, "une épée de Damoclès" sur les têtes des Marocaines

15 avril 2023 - 20h40 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, le Collectif 490 poursuit son combat pour l’abrogation de l’article 490 du Code pénal qui punit « d’emprisonnement d’un mois à un an toutes personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ». Récemment, il a lancé une nouvelle campagne numérique.

Lancée sous le hashtag #STOP490, cette nouvelle campagne vise à réunir quatre mille signatures nécessaires (seul·es celles et ceux qui sont inscrit·es sur les listes électorales peuvent, selon la loi, la signer…) pour que le Parlement se saisisse enfin de la question des libertés individuelles. Déjà trois millions de vues générées. Narjis Benazzou, présidente des ‘Hors-la-loi’ explique le bien-fondé de leur combat. « Nos détracteurs nous accusent d’encourager les relations sexuelles débridées ; au contraire, nous demandons de la prévention et de l’éducation à la place de la répression, ainsi qu’une discussion autour de la notion de consentement », assure-t-elle au site marieclaire.fr.

À lire : Maroc : une pétition contre la pénalisation des relations sexuelles hors mariage

« Grâce aux réseaux sociaux, nous touchons toutes les couches de la société, notamment les jeunes, et recueillons énormément de témoignages, comme lors de notre action #MeTooUniv pour alerter sur les nombreux cas de harcèlement d’étudiantes. La loi est censée protéger les victimes, pas les culpabiliser, alors que tant de femmes n’osent pas, dans ce contexte, dénoncer les agressions sexuelles dont elles sont victimes », ajoute-t-elle.

À lire :Appel à un débat sérieux sur l’avortement et la sexualité au Maroc

Selon Sonia Terrab, co-fondatrice du Collectif 490, la loi contraint certains jeunes à quitter le royaume. « Comme toutes les filles, j’ai dû mentir à propos de qui je voyais, de ce que je faisais, sinon je n’aurais jamais pu mener la vie que je voulais. Beaucoup de jeunes n’en peuvent plus de ces mensonges imposés et préfèrent quitter le pays, pour aimer ailleurs en liberté, vivre leur intimité et leurs choix sans risquer la prison. Loin du regard de la société et de leur famille, dans un pays où il est interdit de louer un appartement en tant que célibataire et où l’on doit montrer un certificat de mariage en bonne et due forme au réceptionniste si l’on veut rencontrer son petit ami ou sa petite amie dans l’anonymat d’un hôtel, pour passer un week-end ou des vacances ensemble. »

À lire :Relations hors mariage au Maroc : appel à l’abrogation de l’article 490

L’article 490 est « une épée de Damoclès » que ressentent bon nombre de Marocaines sur leurs têtes en permanence. Inès (le prénom a été modifié) raconte son week-end à Marrakech avec un amoureux. « Nous avions les moyens de nous offrir un grand hôtel moins regardant sur les couples non mariés, raconte-t-elle. Pourtant, quand j’ai entendu frapper à la porte de la chambre, je me suis immédiatement échappée en sautant du balcon du premier étage dans le jardin. J’étais convaincue que c’était la police qui venait m’arrêter parce qu’elle avait découvert que nous n’étions pas un couple marié. C’était la femme de chambre… Mais “conditionnée” par le 490, j’étais persuadée que j’allais être arrêtée. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Femme marocaine - Sexualité - Code pénal marocain

Aller plus loin

Relations hors mariage au Maroc : appel à l’abrogation de l’article 490

Les membres du collectif 490 sont montés à nouveau au créneau pour réclamer « l’abrogation pure et simple » de l’article 490 qui participe « significativement au sentiment...

Appel à un débat sérieux sur l’avortement et la sexualité au Maroc

Au Maroc, les relations sexuelles hors mariage et l’avortement sont deux pratiques interdites par la loi et la religion. Des interdits qui sont pourtant contournés, d’une...

Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

Comme pour les couples mariés, les enfants nés hors mariage au Maroc seront pris en charge par les parents. Une disposition est prévue dans le nouveau Code pénal pour...

Maroc : une pétition contre la pénalisation des relations sexuelles hors mariage

La lutte menée par le Collectif 490 (Moroccan Outlaws) contre la pénalisation des relations sexuelles hors mariage s’intensifie. Le mouvement appelle à l’abrogation de l’article...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le burkini banni dans plusieurs piscines au Maroc

Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.

Achraf Hakimi sort du silence et se défend

Achraf Hakimi s’est exprimé sur l’affaire de viol présumé dont il est accusé. Le latéral droit marocain du Paris Saint-Germain (PSG) continue de nier les faits survenus en février 2023.

Maroc : de "paradis gay" à destination à risque pour les LGBTQ+ ?

Le Maroc est passé de « pays gay-friendly » à destination touristique moins sûre pour les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Il y existe toutefois une sorte de tolérance.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

La chanteuse Mariem Hussein au cœur d’une nouvelle polémique

Des internautes marocains se sont indignés des propos de la chanteuse et actrice marocaine Mariem Hussein sur l’éducation sexuelle.

Il veut divorcer, une Marocaine offre une grosse somme pour le retenir

Après 18 ans de vie commune, elle ne peut se résoudre à la séparation. Pour tenter de sauver son mariage, une Marocaine a eu une idée aussi originale que désespérée : offrir de l’argent à la personne qui réussira à convaincre son époux de renoncer au...

Achraf Hakimi brise le silence sur les accusations de viol

Dans une interview, le latéral droit marocain Achraf Hakimi revient, pour la première fois, sur les accusations de viol pour lesquelles il avait été mis en examen en mars 2023.

Casablanca : du nouveau sur les circonstances du décès de trois femmes enceintes

On en sait un peu plus sur le décès de trois femmes enceintes dans une clinique privée de Casablanca lors de leurs accouchements par césarienne le 8 janvier 2025.