Au Maroc, un festival près d’une mosquée ne passe pas

29 août 2024 - 00h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

L’organisation de festivals à proximité des mosquées dans certains villages de la région de Souss-Massa, a suscité l’indignation de certains activistes sur les réseaux sociaux qui considèrent cette pratique comme « une atteinte à la sacralité et à la symbolique de la mosquée en tant que lieu de culte qui exige le respect ».

Des voix se sont élevées contre la tenue de ces activités culturelles près des mosquées, après l’organisation du festival « Tamlalt Lberj » dans la région de Tiznit, sur une place adjacente à une mosquée. Même si ces festivités se sont déroulées « dans le respect des lieux de culte et des horaires de prière », elles n’ont pas manqué de susciter une polémique sur la toile.

À lire : Maroc : les prénoms amazighs encore refusés, des militants fustigent l’interdiction

Pour tenter d’expliquer le phénomène, certains universitaires évoquent « la théorie de la mosquée et du lieu de danse », mettant en avant « l’interconnexion entre la mosquée et le lieu de danse dans le cadre d’un système culturel ». Lahoucine Bouyaakoubi, professeur à l’université Ibn Zohr d’Agadir, a expliqué à Hespress que « Saiss représente depuis l’aube des temps un lieu pour organiser les festivités amazighes, des réunions et résoudre des conflits entre les membres de la tribu, etc. »

L’expert a ajouté que « cet endroit n’est pas seulement dédié à des festivités et au spectacle, mais reflète également le lien de l’homme amazigh avec la terre, l’identité et la langue, sans négliger également les aspects religieux et spirituels », expliquant que, « de ce point de vue, les habitants des villages du sud marocain, en particulier de Souss, n’ont pas trouvé de meilleur endroit pour Assays que les places adjacentes aux mosquées ».

À lire : Nouvel an amazigh au Maroc : ce sera le 14 janvier

L’universitaire dénonce par ailleurs une « déformation des faits ». « La célébration à côté des mosquées n’est pas un phénomène récent, mais remonte à bien plus loin, à l’origine même de l’homme, et est profondément enracinée dans la conscience amazighe », a-t-il rappelé, soulignant que « ce qui est nouveau est peut-être l’introduction de modes modernes de célébration, tels que les feux d’artifice et autres… mais cela n’éliminera jamais la place d’Assays comme source des modes de spectacle dans la société amazighe ».

« Si le lien entre Asays et Timzkida est quelque chose de normal et familier à tous dans le cadre d’un système culturel, le changement de mentalités chez certaines personnes les a amenés à voir l’organisation d’une fête à proximité d’une mosquée comme quelque chose d’étrange, alors que cela est naturel depuis des siècles dans toutes les campagnes marocaines », a renchéri pour sa part un professeur d’anthropologie dans la même université.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Amazigh - Agadir - Festival - Religion - Islam

Aller plus loin

L’enseignement de la langue amazighe généralisé dans les écoles marocaines

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports vient d’annoncer son plan de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans tous les...

Nouvel an amazigh au Maroc : ce sera le 14 janvier

La date du nouvel an Amazigh au Maroc est désormais connue. Elle vient d’être définie par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et ce sera le 14 janvier. Ce jour sera donc...

Maroc : les prénoms amazighs encore refusés, des militants fustigent l’interdiction

La commune d’Ait Sedrate Jbel Soufla dans la province de Tinghir a finalement accepté d’enregistrer les prénoms amazighs sur ses registres de l’état civil. Une victoire pour le...

Maroc : de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch franchit de grands pas vers l’officialisation de l’amazigh, mais des efforts considérables restent à fournir pour que la langue retrouve sa...

Ces articles devraient vous intéresser :

Une journaliste franco-marocaine conteste l’interdiction du hijab sur la carte de presse en France

La journaliste franco-marocaine Manal Fkihi a annoncé son intention de contester la règle interdisant aux femmes voilées de porter le hijab sur la photo de la carte de presse française. Cette décision fait suite au refus de la Commission de délivrance...

Aïd el-Fitr 2025 : quelle date au Maroc ?

Les calculs astronomiques prévoient la célébration de l’Aïd Al fitr au Maroc le lundi 31 mars 2025, contrairement à plusieurs pays arabes et européens, mais l’observation de la lune reste pour l’instant l’option privilégiée par les autorités...

La Premier League anglaise s’adapte au ramadan

Les footballeurs musulmans qui évoluent dans certains pays d’Europe sont autorisés à rompre leur jeûne pendant les matchs du soir tout au long du mois de ramadan qui court du 1ᵉʳ au 30 mars 2025.

Gad Elmaleh converti au christianisme ? L’humoriste répond

L’humoriste et comédien maroco-canadien Gad Elmaleh répond aux rumeurs sur sa prétendue conversion au christianisme.

Maroc : coup de gueule des chanteurs

Bon nombre de chanteurs marocains ont exprimé leur colère contre l’exclusion et la marginalisation dont ils se disent victimes. Concerts et festivals sont organisés cet été sans qu’ils soient invités.

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.

Le Maroc se distingue : ramadan à partir de dimanche

Le ministère des Habous et des Affaires islamiques a annoncé que le mois de ramadan débutera le dimanche 2 mars 2025. L’observation du croissant lunaire, effectuée ce vendredi 28 février, n’a pas été concluante.

Les chrétiens marocains réclament des églises

Face à la multiplication des églises informelles dans certains quartiers de Casablanca, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftit a pris des mesures pour contenir ce phénomène, dans le respect des libertés constitutionnelles. Le comité des chrétiens...

Maroc : les discours radicaux dans les mosquées inquiètent

La députée du parti Fédération de la Gauche démocratique, Fatima Tamni, a interpelé le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, au sujet de l’exploitation des tribunes des mosquées pour diffuser des discours radicaux contre les...

Une campagne pousse les jeunes Marocains à prier

De jeunes Marocains ont lancé une campagne numérique pour inciter leur génération à cultiver une vie de prière, soulignant l’importance de celle-ci dans la pratique de leur foi musulmane.