Au Maroc, le mariage des mineurs résiste au temps

25 janvier 2023 - 23h20 - Maroc - Ecrit par : S.A

Au Maroc, il y a encore du chemin à faire pour en finir avec le mariage des mineurs. Des voix s’élèvent pour appeler à la révision rapide et profonde du Code de la famille.

« En 2017, 26 000 cas de mariages précoces ont été enregistrés, et le nombre a diminué en 2020 à 12 000 et, en 2021, il est passé à 19 000 ». Communiqués par le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi le 4 janvier lors d’une intervention au Parlement, ces chiffres montrent l’ampleur du phénomène. Pour en finir, il a appelé à son éradication et à sa criminalisation. « L’âge approprié pour le mariage est de 18 ans et plus », a-t-il rappelé, demandant de mettre fin à l’autorisation donnée par le juge pour le mariage des mineurs.

À lire : Des Marocains trouvent des « astuces » pour épouser des mineures

Selon le professeur Khaled Lahsika, chercheur en sociologie de la famille et genre à l’Institut universitaire de recherche scientifique de l’Université Mohammed V de Rabat, le terme « mariage d’enfants » est le terme approprié pour désigner le phénomène. Dans une déclaration à l’agence de presse Anadolu, il estime que le mariage des mineurs est « une violation des enfants dans leurs droits naturels, ce que peut-être toutes les sociétés rejettent dans le cadre de la Convention internationale des droits de l’enfant ».

À lire : Au Maroc, les mariages des mineures de plus en plus refusés

Le chercheur estime que « la raison principale de l’ampleur de ce phénomène est le législateur… En effet, le mariage des mineurs est interdit dans la loi marocaine (Code de la famille), mais du fait de l’exception et du pouvoir discrétionnaire, l’exception est devenue une règle ». La loi autorise le mariage des hommes et des femmes à l’âge de 18 ans et exige l’obtention d’une autorisation du juge pour épouser des femmes âgées de 15 à 18 ans, tandis que les hommes ne peuvent se marier avant l’âge de 18 ans. Par conséquent, Khaled Lahsika appelle à annuler cette exception (article 20 du Code de la famille), car « laisser le pouvoir discrétionnaire dans la prise de décision laisse le sort de milliers d’enfants entre les mains d’autres qui peuvent décider en leur nom ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Mariage

Aller plus loin

Maroc : une campagne digitale contre le mariage des enfants

Le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) au Maroc apporte son soutien à une campagne mondiale de lutte contre le mariage des enfants. Le jour de la célébration de...

Un rapport inquiétant de l’ONU sur le mariage des mineurs au Maroc

Au Maroc, le mariage des mineurs des enfants représente près de 14 %. C’est ce qu’indique le dernier rapport du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).

Le mariage des mineurs diminue au Maroc

Après une hausse en 2021, le nombre de mariage de mineurs a diminué l’année dernière. Cela représente certes une note positive, mais il y a encore du chemin à faire pour en...

Des Marocains trouvent des « astuces » pour épouser des mineures

Un réseau criminel a trouvé de nouvelles méthodes frauduleuses pour faciliter le mariage de mineures et la polygamie. Les éléments de la Gendarmerie royale à Benguerir mènent...

Ces articles devraient vous intéresser :

Mariages mixtes : percée inquiétante du chiisme chez des MRE

Un phénomène particulier se manifeste au sein de la communauté marocaine de Belgique : une augmentation des mariages entre des femmes marocaines et des hommes irakiens chiites, célébrés selon le rite de la Fatiha.

La mère d’Achraf Hakimi, gardienne de sa fortune

Le footballeur marocain Achraf Hakimi, qui évolue au Paris Saint-Germain, a révélé que sa mère gérait ses finances depuis ses débuts professionnels, bien avant son mariage.

Une mariée marocaine refuse la tenue amazighe, le mariage se termine en divorce

Un mariage célébré au Maroc a connu un dénouement inattendu et triste. Le marié a prononcé le divorce le soir même des noces, suite au refus de sa jeune épouse de revêtir la traditionnelle tenue amazighe.

Maroc : mariage sur TikTok

Au Maroc, des experts alertent contre les effets néfastes du programme de mariage diffusé sur les réseaux sociaux, notamment Tiktok.

Maroc : les salles de fêtes se plaignent de "l’absence" de mariages

Au Maroc, la fréquentation des salles de mariage a considérablement baissé cet été au point d’inquiéter plusieurs gérants.

Maroc : la mode du mariage virtuel

Le mariage en ligne ou « mariage virtuel » est devenu une pratique en vogue au Maroc. Le phénomène suscite l’inquiétude des spécialistes en psychologie sociale qui s’interrogent sur la nature de ces relations humaines sans communication directe, et...

Au Maroc, le parti au pouvoir dit niet au mariage homosexuel

Le parti Rassemblement national des Indépendants (RNI) présidé par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain, affiche son opposition au mariage homosexuel.

Mariage des mineurs au Maroc : des chiffres qui font froid dans le dos

Au Maroc, le chemin vers l’éradication du mariage des mineurs reste encore long et parsemé d’embûches. De quoi inquiéter le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, qui plaide pour des mesures législatives plus strictes.

Maroc : le mariage fastueux de la fille d’un haut dirigeant soulève des polémiques

Le mariage somptueux organisé par le président de la Chambre des conseillers, Naam Miyara, pour sa fille, soulève de vives polémiques. La quatrième personnalité politique du Maroc après le roi, le chef du gouvernement et le président de la Chambre des...

Ce qui pourrait changer pour le mariage des MRE

Des modifications du Code de la famille marocain (Moudawana) sont envisagées. Sept propositions d’amendements, préalablement approuvées par le Conseil supérieur des oulémas, ont été présentées fin 2024 au Roi Mohammed VI par le ministre des Habous et...