Maroc : le mariage des petites filles est aussi condamnable que la pédophilie

21 octobre 2020 - 12h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

Les réseaux sociaux et autres canaux d’information ont été inondés de réactions désapprouvant la recrudescence de la pédophilie, des viols et meurtres d’enfants. Mais Jaouad Mabrouki, psychiatre, chercheur et expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe, invite les Marocains à se pencher sur un drame qui se joue avec la complicité de la société : le mariage des mineurs.

Quelle est cette société qui semble encourager par son silence, le mariage des enfants mais qui s’indigne devant les cas de viol, de pédophilie et abus sexuels.« Il est vrai que ces crimes étaient imprévisibles et insoupçonnables et nous les avons appris brutalement, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Mais qu’en est-il des crimes prévisibles, préparés, autorisés légalement « le mariage des filles mineures » ? » se demande le psychanalyste.

Jouad Mabrouki dans sa réflexion expose l’univers de ses filles, sorties à peine de l’enfance et qui sont brisées dans leur innocence par un mariage précoce et forcé. Elles se retrouvent piégées, forcées à vivre une vie qui n’est pas la leur. Généralement forcées à épouser des hommes plus âgés qu’elles, elles doivent apprendre à être des femmes alors qu’elles ne sont encore que des enfants. Le psychanalyste donne l’exemple d’une « fille de 17 ans, sans aucune expérience de la sexualité, de la grossesse, de la maternité, et qui pourtant doit subir toutes ces épreuves éprouvantes. Elle se retrouve malgré elle dans le lit d’un brut plus âgé qu’elle, à subir un viol, un traumatisme déchirant qui l’accompagnera toute sa vie. Un viol avec l’assistance et la bénédiction des parents, de la famille, de la société et de la justice », rapporte Hespress.

Voilà le drame qui se joue dans chaque famille. Tout ceci se passe sous le signe du « HALAL  » et du respect des droits de l’enfant à la façon marocaine, se désole le médecin. Pour lui, la peine de mort réclamée comme juste sanction pour les pédophiles est indiquée pour tous les Marocains qui permettent et encouragent le mariage des enfants.

Le psychanalyste appelle au respect des droits des enfants, surtout ceux de la petite fille qui a le droit de grandir selon son rythme et ne doit pas être propulsée sans aucune recommandation dans un univers qui lui est étranger, où elle doit apprendre à avancer dans la douleur et les larmes, précise la même source.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Santé - Mariage forcé - Pédophilie - Violences et agressions

Aller plus loin

Maroc : une fille se suicide pour échapper à un mariage forcé

Une jeune fille, qui refusait de céder à la volonté de ses parents de la marier, a mis fin à sa vie le dimanche 6 octobre à Dar belamri, dans la province de Sidi slimane.

Maroc : 34.000 demandes de mariage de mineurs déposées

La demande croissante des mariages de mineurs au Maroc interroge sur le devenir des jeunes générations et sur son impact sur la société civile marocaine. C’est le constat que...

Maroc : les chiffres scandaleux des mariages des mineures

L’année dernière a connu un nombre impressionnant de demandes en mariage des mineurs au Maroc. Évoquant le sujet face à la Chambre des représentants, le ministre de la Justice a...

Maroc : la mineure doit être « physiquement apte et mûre » avant le mariage

Alors que certaines associations marocaines et des organisations de défense des droits de l’homme veulent voir abolir la pratique du mariage des mineures, une note adressée par...

Ces articles devraient vous intéresser :

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Un député marocain poursuivi pour débauche

Le député Yassine Radi, membre du parti de l’Union constitutionnelle (UC), son ami homme d’affaires, deux jeunes femmes et un gardien comparaissent devant la Chambre criminelle du tribunal de Rabat.

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...

Un Marocain tabassé par des videurs dans le nord de l’Espagne

Un jeune homme de 23 ans, médiateur culturel d’origine marocaine résidant à la Corogne, dans le nord-ouest de l’Espagne, a porté plainte, affirmant avoir été victime d’une agression racistede la part de deux videurs.

Maroc : révocation en vue des députés poursuivis par la justice

Les députés poursuivis par la justice pour détournement ou dilapidation de fonds au Maroc pourraient être déchus de leurs mandats. La Chambre des représentants s’apprête à voter des amendements dans ce sens.

Maroc : les taxes sur les cigarettes électroniques passent à 40%

Les droits d’importation des cigarettes électroniques devraient passer de 2,5 à 40 % dès l’année prochaine. La mesure est très mal accueillie par les commerçants.

Maroc : vers un congé menstruel pour les femmes ?

Le Maroc s’apprête-t-il à emboîter le pas à d’autres pays en octroyant aux femmes un congé menstruel ? Le sujet intéresse un groupe parlementaire qui a déjà déposé un projet de loi dans ce sens.

Diabète : les précautions pour passer un mois de Ramadan en toute sérénité

Le mois de Ramadan est un mois sacré pour les musulmans. Néanmoins, quelques précautions sont à suivre scrupuleusement par certaines personnes à risque souffrant de maladies chroniques, telles que le diabète.

"Lbouffa" : La cocaïne des pauvres qui inquiète le Maroc

Une nouvelle drogue appelée « Lbouffa » ou « cocaïne des pauvres », détruit les jeunes marocains en silence. Inquiétés par sa propagation rapide, les parents et acteurs de la société civile alertent sur les effets néfastes de cette drogue sur la santé...

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...