Maroc : le parlement discute de la fiscalité des auto-entrepreneurs

11 novembre 2023 - 13h30 - Economie - Ecrit par : S.A

Au Parlement marocain, des groupes de l’opposition ont proposé des amendements concernant le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2024 dont l’un vise à encourager l’engagement dans l’économie organisée et à améliorer l’attractivité du système de l’auto-entrepreneur.

L’une des propositions d’amendements des groupes de l’opposition au projet de loi de finances 2024 est un plaidoyer en faveur des auto-entrepreneurs soumis à l’impôt sur le revenu basé sur leur chiffre d’affaires annuel, fixé à 1 %. S’ils réalisent un chiffre d’affaires annuel pour les services fournis au même client dépassant 80 000 dirhams, ils se voient contraints de s’acquitter d’un impôt sur le revenu fixé à 30 %, prélevé à la source. Le groupe Mouvement Populaire (MP) appelle à élargir l’exemption de l’impôt sur le revenu pour ces auto-entrepreneurs. Ils suggèrent un seuil minimum de 100 000 dirhams au lieu de 80 000 dirhams. Cette proposition vise à « encourager davantage les auto-entrepreneurs en élargissant le champ d’exemption de l’impôt sur le revenu, en proposant que le montant dépassant 100 000 dirhams soit soumis à l’impôt sur le revenu, prélevé à la source, au lieu de 80 000 dirhams ».

À lire :Maroc : L’envers du décor du statut d’auto-entrepreneur

Le groupe socialiste regarde dans la même direction. Selon lui, cet amendement vise à « encourager l’engagement dans le secteur de l’économie organisée et à limiter le phénomène de l’économie informelle, en plus d’améliorer l’attractivité du régime de l’auto-entrepreneur pour contribuer à la création d’emplois et à la réduction du chômage, qui a considérablement augmenté ces dernières années ». Quant au groupe parlementaire du Parti de la Justice et du Développement (PJD), il appelle à « supprimer la disposition qui stipule un plafonnement du chiffre d’affaires pour l’auto-entrepreneur ». Il justifie sa proposition par « une baisse du rythme d’engagement dans ce régime, notamment parce que les dépenses qu’il génère sont très faibles par rapport au nombre limité d’emplois qu’il crée ».

À lire : Maroc : statut auto-entrepreneur ou fraude fiscale ?

Les autoentrepreneurs sont les grands perdants de la loi n° 114-13 du 19 février 2015. Ils se font embaucher par des chefs d’entreprise qui exigent d’eux leur inscription au registre national d’auto-entrepreneur (RNA). Cela implique qu’ils doivent s’acquitter de 1 % de TVA par an pour un chiffre d’affaires plafonné à 200 000 dirhams, en échange de la rémunération qu’ils perçoivent de leurs employeurs. En plus de cette mesure fiscale, le Code général des impôts (CGI) 2023 dans son article 43 bis instaure un taux d’imposition libératoire de 30 % prélevé à la source par le client. Est concerné par cette disposition tout auto-entrepreneur ayant réalisé un chiffre d’affaires dépassant 80 000 dirhams. Ce taux d’imposition s’applique toutefois au surplus. Alors que l’entreprise paie ses impôts sur la base de son résultat net, après avoir déduit toutes ses charges, l’auto-entrepreneur régularise lui sa situation fiscale en calculant le taux d’imposition sur son chiffre d’affaires.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Impôts - Loi de finances (PLF 2024 Maroc) - Parlement marocain - Auto-entrepreneur

Aller plus loin

Maroc : le statut d’auto-entrepreneur a le vent en poupe

Le nombre d’auto-entrepreneurs continue d’augmenter au royaume. Fin 2021, ils étaient 300 457, soit une hausse de 10,2% par rapport à un an auparavant, d’après les chiffres de...

Maroc : statut auto-entrepreneur ou fraude fiscale ?

Les auto-entrepreneurs, statut lancé en 2015, sont peu nombreux à déclarer leurs chiffres d’affaires à la Direction des impôts. Une situation qui préoccupe les patrons marocains...

Maroc : L’envers du décor du statut d’auto-entrepreneur

Quelques années après son adoption, la loi n° 114-13 du 19 février 2015 relative au statut de l’autoentrepreneur a montré ses limites. Seuls les chefs d’entreprise du royaume en...

Auto-entrepreneur au Maroc : voici le guide fiscal 2024 (pdf)

La Direction générale des impôts (DGI) vient de publier un guide sur le régime fiscal de l’autoentrepreneur. Un document qui reprécise les conditions d’obtention de ce statut...

Ces articles devraient vous intéresser :

Pour la Coupe du monde 2030, le Maroc booste les villes hôtes

Le Projet de loi de finances (PLF) 2025 prévoit une enveloppe de 10 milliards de dirhams pour développer les infrastructures dans les villes qui accueilleront les matchs de la Coupe du monde 2030, indique la note de cadrage présentée par Aziz...

Auto-entrepreneur au Maroc : voici le guide fiscal 2024 (pdf)

La Direction générale des impôts (DGI) vient de publier un guide sur le régime fiscal de l’autoentrepreneur. Un document qui reprécise les conditions d’obtention de ce statut ainsi que les avantages fiscaux y afférents.

Maroc : l’attestation qui plombe le marché de l’immobilier

Les nouvelles mesures concernant l’attestation fiscale, en vigueur depuis le 1ᵉʳ juillet dernier au Maroc, portent un sérieux coup de frein aux transactions immobilières, dénoncent les notaires.

Maroc : la retraite à 65 ans ?

Alors que les députés de l’opposition rejettent le projet du gouvernement d’Aziz Akhannouch de porter l’âge de la retraite à 65 ans, Younes Sekkouri, le ministre de l’Intégration économique, de la Microentreprise, de l’Emploi et des Compétences, dément...

Les MRE bénéficient d’une exonération fiscale pour l’achat de logements sociaux

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) peuvent bénéficier d’une exonération fiscale lorsqu’ils achètent un logement social, à condition de remplir les critères énoncés dans le Code général des impôts, a affirmé Nadia Fettah, ministre de l’Économie...

Impôts : des procédures simplifiées pour les MRE

La simplification des procédures administratives pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE) a permis à ces derniers de se mettre à jour vis-à-vis de l’administration fiscale, a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des finances.

Maroc : le débat sur l’interdiction de TikTok s’invite au parlement

Plusieurs députés marocains appellent à l’interdiction de TikTok au Maroc. Ils s’inquiètent de la qualité des contenus publiés sur ce réseau social chinois qui, selon eux, constitue un danger pour la jeunesse.

Office des changes au Maroc : du nouveau pour l’e-commerce

Les jeunes entreprises innovantes en nouvelles technologies ont désormais une dotation commerce électronique plafonnée à un million de dirhams par année civile, selon la version 2024 de l’Instruction générale des opérations de change (IGOC).

Fisc : Le Maroc ajuste l’IS et l’IR dans la Loi de finances 2024

Au Maroc, des ajustements ont été apportés à l’Impôt sur les sociétés (IS) et l’Impôt sur le revenu (IR) dans le cadre de la Loi de finances 2024.

Immobilier au Maroc : des changements pour la cession des biens

Au Maroc, l’administration fiscale a changé les modalités de cession des biens immeubles, afin d’augmenter les rentrées des taxes locales, parent pauvre des recettes du Trésor.