Maroc : statut auto-entrepreneur ou fraude fiscale ?

24 octobre 2022 - 13h37 - Maroc - Ecrit par : P. A

Les auto-entrepreneurs, statut lancé en 2015, sont peu nombreux à déclarer leurs chiffres d’affaires à la Direction des impôts. Une situation qui préoccupe les patrons marocains et à laquelle pourrait remédier le Projet de loi de finance (PLF) 2023.

Le nombre d’auto-entrepreneurs a sensiblement augmenté cette année, ce qui soulève des questions sur ce profil qui semble évoluer dans l’informel. « L’expérience doit être revue pour, peut-être, revoir l’ensemble des métiers qui entrent dans le statut d’auto-entrepreneur », a suggéré Réda Lahmini, vice-président de la Commission innovation et développement de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).

L’idée, selon le responsable cité par Les Inspirations Éco, est « de pouvoir réaménager les taux et plafonds qui leur sont appliqués dans l’optique d’élargir l’assiette fiscale. À défaut, ce sont toujours les mêmes qui vont payer les impôts et être contrôlés ». Aujourd’hui, seulement 2 % des opérateurs économiques s’acquittent de l’impôt sur les sociétés (IS), précise-t-il.

À lire : Maroc : le statut d’auto-entrepreneur a le vent en poupe

Le président de la Commission sociale de la CGEM, Hicham Zouanat, note pour sa part une utilisation abusive de ce statut pour contourner le fisc, faisant la différence entre les auto-entrepreneurs « mono-client qui, quelque part, sont des salariés déguisés pour échapper au coût fiscal, au coût social et au risque du contentieux social », et les « vrais auto-entrepreneurs » qui sont dans une forme « d’informel déguisé aussi quand on voit la moyenne de 8 800 dirhams de chiffres d’affaires déclarés ».

« Nous allons nous employer, dans les prochaines années, à y voir plus clair et à évaluer l’impact de ce statut sur les caisses de retraite. L’État va étudier l’impact sur l’emploi et la fiscalité », prévient Zouanat qui estime que ce statut devrait largement évoluer et non disparaître. Depuis l’instauration de ce statut en 2015, on compte entre 250 000 et 300 000 auto-entrepreneurs au Maroc. Mais le secteur souffre d’un manque de visibilité en termes d’emplois créés, de rentrées fiscales pour l’État et de cotisations pour les caisses de retraite.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) - Impôts - Chiffre d’affaires

Aller plus loin

Maroc : L’envers du décor du statut d’auto-entrepreneur

Quelques années après son adoption, la loi n° 114-13 du 19 février 2015 relative au statut de l’autoentrepreneur a montré ses limites. Seuls les chefs d’entreprise du royaume en...

Maroc : le statut d’auto-entrepreneur a le vent en poupe

Le nombre d’auto-entrepreneurs continue d’augmenter au royaume. Fin 2021, ils étaient 300 457, soit une hausse de 10,2% par rapport à un an auparavant, d’après les chiffres de...

Maroc : le parlement discute de la fiscalité des auto-entrepreneurs

Au Parlement marocain, des groupes de l’opposition ont proposé des amendements concernant le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2024 dont l’un vise à encourager...

Maroc : fort engouement pour le statut d’auto-entrepreneur

Le nombre d’auto-entrepreneurs continue d’augmenter au royaume. Fin 2021, ils étaient 373 663, soit quatre fois plus qu’il y 4 ans, d’après les chiffres la Direction Générale...

Ces articles devraient vous intéresser :

Douane marocaine : cinq cas où les MRE ne paient pas de taxes

Les voyageurs, y compris les Marocains résidant à l’étranger (MRE), bénéficient de certaines exonérations fiscales prévues par le Code général des impôts. Voici cinq cas concrets où vous n’avez rien à payer.

Marocains, n’oubliez pas de payer vos impôts

Au Maroc, les entreprises et les contribuables doivent s’acquitter de l’impôt sur le revenu (IR), de l’impôt sur les sociétés (IS), de la TVA et autres avant le 31 mars. Passé ce délai, ils s’exposent aux pénalités et sanctions prévues par la direction...

Immobilier au Maroc : ce délai de 30 jours que les propriétaires ne doivent surtout pas oublier

Pour de nombreux Marocains résidant à l’étranger, l’acquisition d’un bien immobilier au pays est un projet de vie, une manière de garder un pied sur sa terre d’origine. Mais ce rêve peut rapidement tourner au vinaigre à cause d’une formalité...

Maroc : le fisc traque les vendeurs de voitures d’occasion

Des vendeurs de voitures d’occasion exerçant en toute illégalité dans les régions Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma s’en mettent plein les poches, sans rien donner au fisc marocain.

Marocains, le temps presse pour la déclaration des avoirs à l’étranger

La régularisation des contribuables, ainsi que la déclaration des avoirs liquides détenus à l’étranger, touchent à sa fin. Ces deux opérations avaient été lancées par l’Office des changes et de la Direction générale des Impôts (DGI).

Maroc : Le secteur de la franchise en danger de mort

La fermeture en série des franchises dans les grandes villes du Maroc inquiète Mohamed el Fane, le président de la Fédération marocaine de la franchise (FMF). Il appelle l’État à soutenir ce secteur qui se meurt.

Une bonne moisson pour le fisc marocain

Les services de contrôle et de recouvrement relevant de la Direction générale des impôts (DGI) mènent une vaste opération de contrôle ciblant de milliers d’entreprises et leurs gérants ayant opéré des retraits d’argent douteux. L’opération rapporte...

Le Maroc s’attaque aux fraudeurs de la taxe sur les terrains non bâtis

Face aux dysfonctionnements relevés dans le recouvrement de la Taxe sur les terrains non bâtis (TNB) dans plusieurs communes, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a adressé une circulaire aux walis des régions et aux gouverneurs des provinces...