Maroc : Peugeot et Renault ont de quoi s’inquiéter

Depuis deux ans, le Maroc attire de plus en plus les constructeurs automobiles chinois. En moins de deux ans, une bonne dizaine s’est implantée dans le royaume et se développe rapidement grâce à des stratégies commerciales offensives et des partenariats solides avec des réseaux de distribution locaux.

Les constructeurs chinois ont jeté leur dévolu sur le Maroc depuis 2023. En à peine deux ans, BYD, Geely, Changan, Jaecoo et Omoda ont révolutionné le paysage automobile marocain. Après une arrivée en force mais discrète, ces marques chinoises ont rapidement mis en place des stratégies commerciales offensives pour conquérir le marché marocain, à coups de campagnes publicitaires, de participation à des salons spécialisés, d’offres de lancement attractives, d’essais grand public et d’inaugurations médiatisées. BYD est la première marque chinoise à s’implanter au Maroc en 2023, ouvrant la voie à Geely, Changan, Great Wall Motor et MG. En 2024, Chery a ouvert ses filiales Omoda et Jaecoo dans le royaume. D’autres constructeurs chinois comme Zeekr, BAIC, DFSK et Soueast sont également entrés sur le marché marocain en 2025.

Pour renforcer leur présence dans le royaume, les constructeurs chinois ont noué des partenariats solides avec des réseaux de distribution locaux structurés et expérimentés, font savoir Les Inspirations Eco, précisant que Zeekr et Great Wall Motor sont commercialisés par Tractafric Motors, BYD par Auto Nejma, Geely par Bamotors, Changan par Global Sian Motors, et BAIC par Comicom. Quant à Omoda et Jaecoo, ils sont distribués par CFAO Mobility, tandis que Chery, Seres et DFSK par le groupe Auto Hall. Cette stratégie de développement bien pensée permet aux marques chinoises d’avoir un service après-vente performant, des équipes formées, ainsi qu’une qualité de distribution conforme aux exigences du marché, détaille le quotidien.

Cette percée rapide des marques chinoises dans le marché automobile marocain s’est ressentie dans les ventes. Au cours des quatre premiers mois de cette année 2025, elles ont progressé de 35 %, atteignant 32 % à fin avril. En juin, BYD a vendu 412 véhicules, Changan 187, Geely 151, Chery 45 et Great Wall 96, soit un total de plus de 890 unités vendues, renseigne la publication. Avec un bon rapport qualité-prix, les constructeurs chinois ont damé le pion aux marques historiques comme Renault, Dacia ou Peugeot. Par exemple, Geely propose un SUV urbain à partir de 149 900 dirhams, et Chery des SUV familiaux à partir de 174 000 dirhams.

Par ailleurs, les constructeurs chinois renforcent l’industrie automobile au Maroc. La gigafactory COBCO en construction à Jorf Lasfar, fruit d’un partenariat entre le groupe CNGR et le fonds Al Mada, va produire des matériaux pour un million de batteries de véhicules électriques par an. Le projet nécessite un investissement de plus de 20 milliards de dirhams. Sur le même site, Tinci Materials développe une usine d’électrolytes pour batteries lithium-ion, pour un investissement d’environ 280 millions de dollars. BTR, Gotion ou Shinzoom ont également annoncé des investissements de plus de 10 milliards d’euros depuis 2024. De bonnes perspectives pour le Maroc qui ambitionne de produire des véhicules électriques « made in Morocco ».