Des Marocains piégés, ils sont devenus soldats russes

De jeunes Marocains et Égyptiens figurent parmi les nombreux combattants étrangers intégrés, par la ruse, à l’armée russe, pour aller combattre sur le front ukrainien.

« De nombreux étudiants arabes ont été attirés par les offres alléchantes de l’armée russe », a déclaré à Equal Times un étudiant égyptien en médecine de l’université de Kazan, en Russie. À l’en croire, il s’agit d’un système de recrutement où les autorités russes alternent incitations financières et menaces pour enrôler de jeunes ressortissants étrangers. « Je connais des étudiants marocains, syriens et africains qui ont également rejoint l’armée russe parce qu’ils ont cru en cette offre », ajoute-t-il. Des informations corroborées par les autorités d’autres pays, comme le Togo, qui ont mis en garde contre ces réseaux entre l’Afrique et la Russie.

Les étrangers sont recrutés par la Russie, plus précisément certains de ses soutiens via les réseaux sociaux comme Telegram ou TikTok. Des ressortissants chinois avaient rejoint l’armée russe après avoir été approchés sur TikTok, ont révélé plusieurs médias en avril dernier. Sur Telegram, la chaîne Sadiq Rossia (« Ami de la Russie ») se lance dans la course au recrutement de ses abonnés arabophones pour le compte des forces russes, avec les mêmes promesses financières alléchantes. Cette chaîne de plus de 3 700 abonnés diffuse des offres visant à attirer les recrues potentielles avec « une prime à la signature comprise entre 8 000 et 30 000 dollars américains, un congé payé après six mois de service, un passeport russe dans les six mois et l’intégration au sein de brigades d’élite ».

Afin de mieux convaincre les potentielles recrues, la chaîne publie régulièrement des vidéos et des photos montrant des individus originaires du Maroc, d’Égypte et d’autres pays arabes, présentés comme ayant signé des contrats avec l’armée russe pour « combattre, selon elle, le nazisme ». Certaines vidéos montrent des mercenaires qui s’adressent à leurs compatriotes, les encouragent à suivre leur exemple. « L’idée d’attirer des troupes étrangères est devenue un phénomène répandu. La Russie n’est pas la seule. Des étrangers se battent également pour l’Ukraine, venus de Pologne, des États-Unis et d’autres pays », explique à Equal Times Norhane al-Sheikh, professeur de relations internationales à l’Université du Caire.