Corruption : ce que propose Transparency Maroc

9 juin 2022 - 09h40 - Maroc - Ecrit par : G.A

Lors d’une conférence de presse tenue cette semaine, Transparency Maroc a présenté un mémorandum sur les priorités de la lutte qu’elle mène contrela corruption, dont une copie a été adressée à Aziz Akhannouch.

En transmettant au chef de l’exécutif ce document, Transparency Maroc s’attend à ce que le gouvernement détaille sa politique de lutte contre la corruption. « Quelles en sont vos priorités ? Comment comptez-vous réactiver la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption ? Quelle serait votre politique en matière de conflit d’intérêt et d’enrichissement illicite ? Comment comptez-vous renforcer les ressources de l’instance de probité de prévention et de lutte contre la corruption (INPPLC) afin d’en assurer l’indépendance et l’efficacité ? Comment rendre réellement effective la loi sur l’accès à l’information ? Comment protéger les dénonciateurs de la corruption au vu de la vacuité de la loi 37-10 promulguée en 2011, et quelles sont vos propositions pour rendre la loi actuelle de déclaration du patrimoine efficiente ? ».

À lire : Lutte contre la corruption : la CDT propose l’inéligibilité des élus sanctionnés par la Cour des comptes

Les réponses à ces questions permettront à l’Association et aux Marocains de mesurer la volonté du gouvernement d’agir et de rendre crédible ses déclarations selon lesquelles, la lutte contre la corruption est une priorité nationale, précise le mémorandum. « À peine quelques jours après l’investiture de votre gouvernement, votre premier acte était de retirer le projet d’amendement du Code pénal qui introduit dans le droit marocain l’incrimination de l’enrichissement illicite. Toutes les réactions convergent vers la volonté de votre gouvernement d’écarter cette infraction des futurs aménagements du code ou de la vider de sa substance. Ce retrait a été suivi par le retrait du projet de loi de régulation de l’occupation du domaine public. Cette attitude prémonitoire a été confirmée par la déclaration de votre ministre de la Justice voulant légiférer pour interdire aux organisations de la société civile de dénoncer les présumés corrompus en feignant d’ignorer les stipulations de la constitution, les lois régissant le système judiciaire et les conventions internationales ratifiées par le Maroc en la matière » dénonce Transparency dans son mémorandum.

À lire : Lutte contre la corruption : l’Instance de la probité bientôt une réalité

Pour l’Association, le fait que dans la version 2022 de l’indice de perception de la corruption de Transparency International, le Maroc soit logé à la 87ᵉ place sur 180 pays, avec un recul de 4 points de son score et de 14 places par rapport à celui de 2018, est la preuve que la lutte contre la corruption a encore du chemin. La corruption est encore très présente dans les hôpitaux, les tribunaux, les services publics, à l’université, notant que même l’entrepreneur le rencontre dans son parcours pour l’investissement ou dans celui de l’accès aux marchés publics.

À lire : Combien coûte la corruption au Maroc ?

Pour remédier à cette situation, Transparency Maroc propose la préparation et la promulgation de la loi de régulation des conflits d’intérêts et des lobbys pour éviter l’exploitation des fuites portant atteinte à la concurrence loyale et la bonne gouvernance en application de l’article 36 de la constitution de 2011. L’Association propose aussi la réhabilitation du conseil de la concurrence, la mise en place des structures de l’INPPLC par la désignation de ses membres, la révision de la loi de déclaration du patrimoine en y incluant l’accès à l’information y afférente à toute personne intéressée.

À lire : Maroc : des têtes tombent grâce au numéro anti-corruption

Transparency Maroc demande également au gouvernement la révision de la loi n° 37-10, promulguée en 2011, relative à la protection des dénonciateurs de la corruption par la protection du parcours professionnel des employés des secteurs public et privé pour les inciter à dénoncer les actes suspects auxquels ils sont exposés sans craindre les représailles.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Corruption - Transparency Maroc - Aziz Akhannouch

Aller plus loin

La corruption coûte chaque année des milliards d’euros au Maroc

Au Maroc, la corruption est l’un des principaux freins au développement. Le pays perd annuellement près de 50 milliards de dirhams à cause de ce fléau, malheureusement toujours...

Lutte contre la corruption : la CDT propose l’inéligibilité des élus sanctionnés par la Cour des comptes

Déclarer inéligible toute personne qui a déjà fait l’objet de sanction par la Cour des comptes. C’est l’amendement que propose le groupe parlementaire de la CDT pour renforcer...

Corruption au Maroc : l’instance de lutte fait son bilan

À fin 2020, la ligne téléphonique directe dédiée à la dénonciation d’actes de corruption, lancée il y a trois ans, a reçu un total de 15 881 appels, soit une moyenne de 100...

Lutte contre la corruption : l’Instance de la probité bientôt une réalité

Le projet de loi relatif à l’Instance de la probité, adopté mardi par la commission de la justice à la première Chambre après plusieurs mois de blocage, sera probablement...

Ces articles devraient vous intéresser :

Remaniement ministériel au Maroc : les noms qui circulent

Un remaniement ministériel s’annonce imminent. Qui sont ceux qui ne feront plus partie de l’équipe d’Aziz Akhannouch ou garderont leurs portefeuilles ?

Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la...

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

Maroc : les chiffres alarmants sur la corruption des députés

Sur les 30 députés à la Chambre des représentants poursuivis ou condamnés pour des faits de corruption, de détournement de fonds publics ou d’abus de pouvoir, 16 proviennent de la majorité (RNI, PAM et l’Istiqlal). C’est le constat fait par Jeune Afrique.

Une nouvelle démarche pour éradiquer les bidonvilles au Maroc

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch est déterminé à endiguer la prolifération des bidonvilles au Maroc à l’horizon 2028 – donc, avant la Coupe du monde 2030-, en misant sur le relogement, la création d’un registre national et le contrôle de la...

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Maroc : Hausses salariales pour les agents du ministère de l’Économie

Les fonctionnaires du ministère de l’Économie et des Finances verront leurs conditions de vie s’améliorer avec l’adoption par le conseil du gouvernement présidé par Aziz Akhannouch d’un décret.

Écoles privées au Maroc : hausse des frais et colère des parents

Des écoles privées ont décidé d’augmenter les frais de scolarité à la prochaine rentrée au grand dam des parents d’élèves. Préoccupée, une députée du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) appelle le gouvernement d’Aziz Akhannouch à agir pour empêcher...

Pour la Coupe du monde 2030, le Maroc booste les villes hôtes

Le Projet de loi de finances (PLF) 2025 prévoit une enveloppe de 10 milliards de dirhams pour développer les infrastructures dans les villes qui accueilleront les matchs de la Coupe du monde 2030, indique la note de cadrage présentée par Aziz...

Maroc : la liste des députés poursuivis pour corruption s’allonge

Trois députés marocains viennent d’être déférés devant la justice pour corruption. Déjà une vingtaine de parlementaires sont poursuivis en justice pour des faits de corruption et dilapidation des deniers publics.