Microcrédits, les femmes s’en sortent mieux !

12 juin 2008 - 21h09 - Economie - Ecrit par : L.A

Deux photos de femmes. Deux profils différents, voire « opposés ». Le premier est celui d’une dame en djellaba et n’gab. Le second est celui d’une épouse qui se balade avec son mari. Un seul point commun : elles ont toutes les deux des enfants. Sauf que dans le premier cas, la maman porte son bébé sur son dos. Tandis que dans le second, c’est plutôt le père qui pousse le landau ! Conclusion : « Si les rôles biologiques de l’homme et de la femme sont immuables, leurs rôles sociaux ne le sont pas ». Et justement, la microfinance produit à sa manière ce genre de révolution tranquille.

Comment ? C’est justement à ce type de questions qu’un atelier sur « la microfinance et genre » a été organisé dernièrement à Casablanca, par PlaNet Finance Maroc et la GTZ-Genre.

L’idée n’est pas de déclencher une guerre des sexes, mais d’évaluer la pertinence sociale et financière d’un microcrédit, dont une femme est bénéficiaire.

L’une des conclusions frappantes d’une récente enquête de PlaNet Finance Maroc démontre que « ce sont plutôt les femmes célibataires, veuves ou divorcées, qui enregistrent le taux de réussite le plus élevé dans le micro entreprenariat ! », commente Mohammed Mâarouf, directeur exécutif de PlaNet Finance Maroc.

Plus surprenant encore, ce résultat a été relevé même en Inde. Le mariage serait-il un frein à l’émancipation économique ?

Les femmes mariées développent un « plafond de verre ». « Elles réduisent le temps accordé à leur microprojet pour se consacrer aux tâches domestiques », d’après des recherches menées en Inde.

Les observations d’Isabelle Guérin, chercheuse française ayant passé deux ans à travailler sur le sujet, sont assez révélatrices. « En jouant aux équilibristes », les femmes font face à une pression morale : elles doivent gérer les dépenses quotidiennes sans maîtriser pour autant les sources de revenus du foyer ». Ces femmes assurent des revenus à leurs ménages. Pourtant, elles ne parviennent pas à reconfigurer leur rôle : l’égalité des charges n’équivaut pas à une égalité de statut. Dans des pays à forte tradition patriarcale, l’homme est souvent considéré comme pourvoyeur de fonds.

Au-delà de son impact social, le microcrédit peut se révéler parfois inadapté à l’environnement qu’il cible. Le témoignage d’une mère de famille vivant à Aït Bouhmed, dans la région de Marrakech, est plein d’enseignements. « Je m’occupe de l’engraissement des ovins et mon mari de la vente », témoigne Rzika Hind. Agée de 46 ans et ayant six enfants à sa charge, elle en est depuis 2003 à son cinquième microcrédit (de 1000 à 5000 DH). Parmi ses remarques les plus pertinentes, « l’existence d’un décalage entre le délais de remboursement de l’emprunt et le cycle de production ».

Source : L’Economiste - F. F.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Prêt - Emploi - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Médecins maghrébins en France : l’exil comme solution ?

Après une percée au premier tour des législatives françaises, la perspective de voir le Rassemblement national (RN) présidé par Jordan Bardella, qui place l’immigration au cœur de la campagne électorale, remporter la majorité absolue le 7 juillet,...

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Bonne nouvelle pour les salariés marocains

Les salariés marocains peuvent se frotter les mains. Des mesures fiscales qui leur sont favorables sont consignées dans le projet de loi de finances (PLF-2025).

Auto-entrepreneur au Maroc : voici le guide fiscal 2024 (pdf)

La Direction générale des impôts (DGI) vient de publier un guide sur le régime fiscal de l’autoentrepreneur. Un document qui reprécise les conditions d’obtention de ce statut ainsi que les avantages fiscaux y afférents.

Le Maroc à la recherche de ses cerveaux parmi les MRE

Conscient de l’importance de sa diaspora, le Maroc accentue ses efforts pour attirer les compétences marocaines résidant à l’étranger.

Le burkini banni dans plusieurs piscines au Maroc

Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...

Les Marocaines pénalisées en cas de divorce ?

Des associations féminines sont vent debout contre la réforme d’Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, imposant aux femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint de verser une pension alimentaire à leurs ex-maris après le divorce.

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.