Quatre pédiatres et pédopsychiatres approchés par Medias24, ont souligné avoir constaté l’émergence de troubles anxieux chez les enfants et adolescents. « On observe des troubles psychologiques chez certains enfants liés à l’instabilité de cet enseignement », indique Rachida Chami, pédiatre. Elle cite des maux de tête, des oreilles qui bourdonnent à cause du port du casque ou des oreillettes lorsque les enfants suivent les cours, des yeux larmoyants en raison du temps passé devant les écrans sans protection, des enfants très agités à l’issue de la journée faute de pouvoir dépenser leur énergie comme ils le feraient habituellement en jouant, en se promenant.
La pédiatre cite également le mauvais rendement et la mauvaise interaction entre enseignants et élèves. « Les enfants somatisent beaucoup. Certains présentent des troubles physiques, comme des toux ou des gênes respiratoires, sans cause organique pour autant. On fait tous les bilans, mais on ne trouve rien ; on donne tous les traitements possibles mais aucun ne fonctionne, parce qu’en réalité, la cause de ces maux est psychologique ». Le stress accumulé devant les écrans, la mauvaise gestion d’une situation à laquelle ils n’étaient pas préparés, expliquent ces troubles constatés chez les enfants âgés entre 8 et 12 ans.
Le même constat a été fait chez les lycéens, qui, selon la pédopsychiatre Soraya Dorhmi, ont tellement redouté le baccalauréat qu’ils en avaient une angoisse terrible. La majorité des adolescents reçus ont expliqué ne pas être prêts à affronter les épreuves. « On constate une émergence de troubles anxieux chez des adolescents particulièrement sensibles ou prédisposés aux troubles anxieux ». Elle souligne avoir constaté des fatigues visuelles, des maux de tête et une sédentarité qui a occasionné une prise de poids, indique Medias24
Quant à la pédiatre Badia Benhamou, elle indique que l’enseignement à distance favorise les tensions intrafamiliales. « Les parents, souvent dépassés, deviennent brutaux avec leurs enfants lorsqu’ils ne suivent pas les cours correctement ou ne font pas les devoirs. De plus, la rupture, ou du moins la diminution drastique de leur vie sociale, a conduit les enfants et adolescents « à créer des liens virtuels ou à chercheur leur place dans la famille sans toutefois la trouver », souligne Amina Oumlil.
Pour limiter les dégâts et sauver les enfants des conséquences à long terme, Amina Oumlil recommande aux parents de s’impliquer davantage et de prendre connaissance des heures de cours, « afin de limiter le temps passé sur les écrans : une fois que les cours sont terminés, il faut retirer aux enfants l’accès aux écrans et ne pas les laisser passer la fin de journée ou la soirée, rivés sur ces écrans ». Mais la véritable solution, selon elle, est le retour vers le présentiel pour que « certaines addictions naissantes ne se renforcent pas et que les enfants puissent, à terme, renouer avec les espaces de socialisation et d’interaction sociale que sont les établissements scolaires ».