Un rapport choc alerte l’Espagne sur la menace marocaine

Selon une étude réalisée par le commandant de l’armée de terre espagnole, Emilio José Arias Otero, et publiée par le Centre supérieur d’études de la défense nationale (Ceseden), l’Espagne n’est pas prête à répondre efficacement à la pression croissante exercée par le Maroc pour récupérer les enclaves de Sebta et Melilla.

Dans cette étude, Airas Otero analyse à la fois la modernisation constante de l’armée marocaine et les stratégies hybrides développées par le royaume depuis quelques années, soulignant la nécessité pour l’Espagne de se préparer pour faire face à toute éventuelle attaque du Maroc qui ne cesse de revendiquer les villes autonomes de Sebta et Melilla. « Les dépenses incessantes du Maroc en matière de défense devraient inciter à renforcer et à augmenter les forces armées espagnoles », conseille Arias Otero.

Le haut gradé de l’armée espagnole explique comment le Maroc a déroulé cette stratégie sur différents fronts : de l’économie à la diplomatie, en passant par l’immigration, sans oublier l’espionnage présumé avec le logiciel israélien Pegasus. Pendant ce temps, l’Espagne continue d’adopter une attitude attentiste, regrette le commandant. « Ce manque d’initiative amène l’Espagne à ne pas contrôler le rythme de la confrontation ». Depuis 2000, les différentes stratégies de sécurité espagnoles ont évité de mentionner directement les revendications du Maroc sur Ceuta et Melilla, rappelle El Independiente.

Pour Arias Otero, cette omission volontaire des intentions annexionnistes du Maroc dans ces documents de stratégie militaire espagnols, traduit un manque de détermination des autorités à défendre ces territoires et « ne renforce pas l’exercice de la dissuasion ». De son côté, le Maroc poursuit la modernisation de son armée, avec l’acquisition de drones de combat, de frégates et de systèmes antiaériens de pointe auprès de ses partenaires tels que les États-Unis, la France et Israël.

« La meilleure position géographique du Maroc, l’augmentation de ses dépenses de défense et l’accroissement de ses capacités militaires pourraient poser un dilemme s’il parvenait à surpasser les capacités militaires de l’Espagne », prévient Otero qui dénonce par ailleurs l’incohérence diplomatique de l’Espagne vis-à-vis du Maroc, avec des changements de position, notamment sur le Sahara, qui selon lui sont une preuve de faiblesse. « Céder sans rien exiger en retour est dangereux ».

Le commandant espagnol soutient dans l’étude que « le manque de garanties explicites et l’expérience historique suggèrent que la capacité de l’Espagne à dissuader le Maroc est limitée ». Pour changer la donne, il appelle à la mise en place d’une politique étrangère et de défense efficace. « Faire percevoir à nos adversaires notre ferme volonté de défendre nos intérêts à tout prix est l’une des pierres angulaires de la dissuasion », souligne-t-il. En attendant, le Maroc continuera, selon le haut gradé, à exercer des pressions sur l’Espagne, en utilisant tous les moyens à sa disposition, sans aller à une confrontation directe.