La situation des saisonnières marocaines à Huelva préoccupe

13 avril 2022 - 21h40 - Espagne - Ecrit par : P. A

Les mauvaises conditions de travail et la surexploitation des saisonnières marocaines étaient au cœur d’un atelier sur « l’environnement agricole de Huelva » organisé les 6 et 7 avril dernier dans la ville.

Au cours de ces deux jours de réflexion, les participants venus de divers horizons ont échangé sur diverses thématiques liées aux violations des droits de l’homme subies par les saisonnières marocaines et les travailleuses du secteur agricole à Huelva en général. « Les abus se multiplient d’année en année », a dénoncé Najat Bassit, responsable du syndicat des saisonnières. Elle a senti la nécessité de créer ce mouvement pour défendre les droits des saisonnières, après que dix Marocaines ont signalé des abus sexuels et des exploitations au travail à Huelva en 2018, fait savoir Ameco Press.

Les saisonnières marocaines qui arrivent chaque année à Huelva, ne comprennent pas l’espagnol et ne connaissent personne dans le pays, ce qui fait d’elles des proies faciles pour les exploitants espagnols qui, selon Bassit, recherchent « des femmes détruites physiquement et psychologiquement pour les exploiter facilement dans les champs de Huelva ». « Les travailleuses peuvent mourir de soif, mais le fruit ne doit pas mourir », déplore-t-elle.

À lire : Espagne : un rapport s’alarme de la souffrance des saisonnières marocaines

Pour Samira Muheya, de la Fédération des Ligues des droits des femmes (FLDF, Maroc), les contrats de travail des saisonnières marocaines contiennent des dispositions contraires aux droits de l’homme. D’abord, la sélection de ces travailleuses s’effectue selon des « critères discriminatoires » en ce sens qu’il est exigé qu’elles doivent âgées entre 18 et 45 ans, divorcées ou veuves, avec des enfants âgés de 14 ans afin de « garantir » leur retour au Maroc, explique Muheya. Ensuite, ces contrats, rédigés en espagnol, n’ont pas de date de fin, obligeant les saisonnières à travailler jusqu’à la fin de la saison.

Muheya a insisté sur la nécessité de sensibiliser et d’informer les saisonnières depuis le Maroc. « Elles doivent connaître le contenu de leur contrat, les horaires de travail, le salaire et vers qui se tourner en cas de conflit », a-t-elle souligné, ajoutant qu’il est également important qu’elles connaissent les droits des étrangers en Espagne. « Certaines femmes pensent que si elles accouchent en Espagne, leur situation sera régularisée ou que si elles arrivent malades, elles pourront accéder aux services de santé sans aucun problème », a-t-elle indiqué.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Femme marocaine

Aller plus loin

Caixabank a-t-elle « arnaqué » des saisonnières marocaines ?

La banque Caixabank n’ouvrira pas une enquête et n’offrira pas d’explications sur la fraude des polices d’assurance perpétrée entre 2013 et 2019 contre les saisonnières...

L’Espagne va recruter plus de saisonnières marocaines

L’Espagne a convenu avec le Maroc de recruter 5 000 saisonnières supplémentaires pour la prochaine campagne agricole 2022/2023 à Huelva.

Un Marocain fait des saisonnières en Espagne ses esclaves sexuelles

Un Marocain vient d’être interpellé par la Guardia civil à Murcia, pour l’agression d’une vingtaine de saisonnières marocaines dans les champs de fraises. L’homme a comparu...

Un parfum de Maroc à Huelva, dans le sud de l’Espagne

La ville de Huelva devient multiculturelle à chaque campagne annuelle de récolte de fruits rouges en raison de l’arrivée dans des fermes de la région, de saisonnières...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Love is Blind, Habibi : un candidat irakien insulte les Marocaines

L’émission de téléréalité « Love is Blind, Habibi », sur Netflix, fait face à une vague de critiques suite aux propos tenus par un candidat irakien, Khatab, à l’encontre des Marocaines. Lors d’une interview radio, celui-ci a tenu des propos moqueurs...

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des...

« Épouse-moi sans dot » : un hashtag qui fait polémique au Maroc

Le hashtag « Épouse-moi sans dot » qui s’est rapidement répandu sur les réseaux sociaux ces derniers jours, a suscité une avalanche de réactions au Maroc. Alors que certains internautes adhèrent à l’idée, d’autres la réprouvent fortement.

Les Marocaines paieront aussi la pension alimentaire à leurs ex-maris

Au Maroc, les femmes ayant un revenu supérieur à celui de leur conjoint pourraient avoir à verser une pension alimentaire (Nafaqa) à ce dernier en cas de divorce, a récemment affirmé Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice.

Casablanca : du nouveau sur les circonstances du décès de trois femmes enceintes

On en sait un peu plus sur le décès de trois femmes enceintes dans une clinique privée de Casablanca lors de leurs accouchements par césarienne le 8 janvier 2025.

« Tu mourras dans la douleur » : des féministes marocaines menacées de mort

Au Maroc, plusieurs féministes, dont des journalistes et des artistes, font l’objet d’intimidations et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, après avoir appelé à plus d’égalité entre l’homme et la femme dans le cadre de la réforme du Code de la...

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.