« Le chef de chantier nous hurlait dessus en permanence, on ne pouvait même pas faire de pause pour aller aux toilettes, il nous disait d’uriner dans des bouteilles d’eau. Il nous envoyait aussi voler du câble électrique sur les autres bateaux. Et puis il y avait des insultes racistes, on se faisait traiter de sales arabes ou de négro, je suis révolté, on n’est pas des chiens ! », raconte à France Bleu Abdel*, résident espagnol originaire du Maroc, chez Pine depuis sept ans.
À lire : Le patron de Venum qualifié de « raciste » et « manager brutal »
« Il fallait toujours travailler vite, plus vite, renchérit Babacar*. On a subi tout ça parce qu’on a besoin de travailler et de nourrir nos familles… Il n’y a plus de travail en Espagne ». De son côté, le chef d’équipe mis en cause se dit très surpris par ces accusations et nie tout en bloc. Pour se faire entendre, les ouvriers ont envoyé leurs plaintes à la direction de l’entreprise en Espagne ainsi qu’à l’Inspection du travail. Ils sont soutenus par la CGT.
À lire : « Tête d’arabe », Sonia Mabrouk essuie des insultes racistes
Au dire de ces salariés, ils avaient une promesse d’embauche jusqu’en 2026 mais ont été licenciés pour avoir osé contester ces traitements. « C’est faux. (…) Il n’y a jamais eu aucun problème, ce sont des ouvriers qui ne digèrent pas leur licenciement. (…) Leur contrat, dit un délégué, était tout simplement arrivé à terme », rétorque l’autre syndicat présent chez Pine à Saint-Nazaire, Force Ouvrière, qui défend la direction.
À lire : Un médecin maghrébin en France : "On me traite de sale bougnoule et il ne se passe rien"
En Espagne, la ministre du Travail a déjà reçu le dossier. Une délégation de Pine est actuellement à Saint-Nazaire pour mener une enquête interne. De leur côté, les Chantiers de l’Atlantique mènent des auditions.
* Prénoms modifiés