La transgenre lynchée à Tanger raconte son calvaire

16 novembre 2022 - 10h20 - Maroc - Ecrit par : S.A

La femme transgenre violemment agressée par un groupe de jeunes dans une rue de Tanger dans la nuit de 11 au 12 novembre raconte son agression.

Cette nuit-là, “Haïfa” descendait d’un taxi en compagnie de deux amis lorsqu’elle s’est fait agresser. « Un jeune a arraché la casquette de l’un de mes amis et l’a jetée à ses copains. Ils ont commencé à s’envoyer la casquette en se moquant de mon ami. Je suis alors intervenue pour leur demander de lui rendre sa casquette. Et c’est là qu’ils ont commencé à me rouer de coups et à m’insulter. Les deux garçons qui m’accompagnaient ont pris la fuite, et je suis restée seule au milieu de cette foule qui me tabassait », raconte-t-elle à la rédaction des Observateurs de France 24.

À lire : Un transgenre lynché à Tanger

La victime dit s’être défendue comme elle pouvait, mais les coups de poing et les coups de pied ne se sont pas arrêtés. « Quelqu’un m’a jeté du diluant au visage, je ne pouvais plus voir. Un autre m’a frappée à plusieurs reprises au niveau de la tête avec un objet dur, je pense que c’était le manche d’un couteau ». Elle trouve finalement refuge dans une discothèque non loin. « Les videurs m’ont protégée, ils ont empêché les agresseurs d’entrer. La police est alors arrivée et m’a demandé si je souhaitais porter plainte. Mais je ne voulais pas me rendre au commissariat, habillée comme je l’étais, je ne me sentais pas rassurée ».

À lire : Malaga : des homosexuels marocains agressés parce qu’ils faisaient « honte »

Le lendemain, « Haïfa » dit avoir découvert que l’agression avait été filmée et que la vidéo était partout sur les réseaux sociaux. « J’ai eu un choc, car on voit mon visage sur la vidéo et j’ai peur de la réaction de mes parents. » Depuis l’agression, elle est mal en point. « J’ai des bosses partout sur la tête et mon dos est recouvert de bleus. Je me suis rendue à l’hôpital pour me faire soigner, et le médecin m’a donné 25 jours d’arrêt maladie. »

À lire : Un homosexuel sauvagement agressé à Casablanca (vidéo)

Contacté par la police qui lui a annoncé lundi 14 novembre avoir arrêté plusieurs suspects, la victime se rend au commissariat central de Tanger pour les identifier et porter plainte contre eux. Dans la foulée, elle a reçu le soutien des militants LGBT. « Une amie a contacté des militants LGBT et des ONG pour alerter sur mon agression. Ces ONG m’ont fourni notamment une aide juridique, je suis désormais soutenue par cinq avocats. Je n’ai pas dormi pendant deux jours. Je suis toujours sous le choc, j’ai encore du mal à en parler », ajoute « Haïfa ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Tanger - Homosexualité Maroc - Violences et agressions

Aller plus loin

L’émouvant témoignage d’un Marocain homosexuel qui a vécu « l’enfer » depuis l’âge de 10 ans

Nabil (nom d’emprunt) est un Marocain de 42 ans qui dit avoir été violé par un oncle à l’âge de 10 ans, renié par sa famille, persécuté et emprisonné plus tard au Maroc pour son...

Lilia, Marocaine et transgenre : Combat pour la reconnaissance

Lilia (nom d’emprunt) est un homme « épanoui » en tant que femme. Âgée de 36 ans, la Parisienne d’origine marocaine, référente en milieu hospitalier, est une personne...

Un transgenre lynché à Tanger

Réagissant à une vidéo d’une rare violence diffusée sur les réseaux sociaux, montrant un échange de coups et blessures sur la voie publique, les éléments du service préfectoral...

Un homosexuel sauvagement agressé à Casablanca (vidéo)

Un homme décrit comme travesti et homosexuel a encore été sauvagement agressé par des individus. La scène se serait passée dans les rues de Casablanca la semaine dernière si...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

Gard : double meurtre, la perpétuité pour Mohammed Ouhaddou

La Cour d’Assises du Gard a reconnu Mohammed Ouhaddou, un maçon marocain de 38 ans coupable des meurtres de sa femme (26 ans) et de sa belle-sœur (39 ans) le 5 mai 2023 à Salles-du-Gardon près d’Alès dans le Gard.

Plusieurs miliciens du Polisario tués par une attaque de drone marocain ?

Plusieurs miliciens du Polisario auraient été tués par une frappe des Forces armées royales (FAR) lors du déplacement d’un véhicule dans la région de Lamhiriz, à l’est du mur de sécurité, au Sahara.

Vols de MRE en Espagne : attention sur la route !

À l’approche de la période estivale, il est rappelé aux Marocains résidant à l’étranger (MRE) se rendant au Maroc par la route la persistance des risques de vols sur les aires de service en Espagne. Des réseaux organisés ciblent de manière récurrente...

Maroc : une série télévisée accusée de faire l’apologie de l’homosexualité

La série « 2 wjoh » (deux visages) aborde-t-elle l’homosexualité ? C’est en tout cas ce que semblent dénoncer de nombreux internautes sur les réseaux sociaux après la diffusion d’un extrait du teaser de la série qui sera diffusée tous les jours à 19h45...

Un enfant né d’un viol ouvre une brèche dans le droit marocain

Saisie par une jeune maman qui cherche à obtenir une indemnisation pour son fils issu d’un viol, la cour de cassation marocaine a rendu une décision qui va faire date.

Homosexualité, adultère… au Maroc : la mis en garde d’Abdelilah Benkirane

Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué, jeudi, lors du 18ᵉ forum national de la jeunesse de son parti, les récentes déclarations du ministre de la Justice appelant à une...