Rabat : une MRE décède après un repas dans un restaurant, sa mère dénonce

7 août 2024 - 12h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

Une intoxication alimentaire survenue fin juin dans un restaurant à Rabat est à l’origine du décès d’une touriste anglaise. Dévastée, sa mère, une Marocaine résidant en Angleterre, raconte comment le personnel de l’établissement l’a empêchée de partir et a exigé le paiement de la facture alors que sa fille était en train de mourir.

Ce sera les dernières vacances de Lily King. Alors qu’elle est arrivée en vacances au Maroc avec sa mère Aicha, une Marocaine de 56 ans, en juin, pour rendre visite à sa famille et célébrer l’obtention de ses meilleures notes en première année d’économie à l’Université d’Exeter, la jeune femme de 18 ans ne repartira pas en Angleterre vivante. Une tragédie frappe la famille King. Le dernier jour de leurs vacances, le 19 juin, sa mère et elle sont allées dîner au restaurant Maya et Lounge, à Rabat, où ils avaient déjà mangé auparavant. Si les choses se sont bien passées lors de leur précédent passage dans ce restaurant – qui fait également office de bar et de discothèque –, affirme sur son site offrir « un voyage culinaire exclusif mais impeccable », la « meilleure cuisine » et se vante d’une « longue histoire d’hospitalité de luxe », ce ne fut pas le cas le 19 juin dernier. S’exprimant en arabe, la mère de Lily a été « explicite » avec le personnel du restaurant au sujet des allergies de sa fille, qui comprenaient des produits laitiers, du poisson, des crustacés, du sésame et des noix, et sur « ce qu’elle pouvait et ne pouvait pas manger », a déclaré à MailOnline Michael, 73 ans, le mari de la MRE. « Je lui ai expliqué [au serveur] en arabe trois fois : ’Faites attention, elle est très, très allergique’ », raconte Aïcha. « Ouais, ne t’inquiète pas, on est prudents », lui a répondu le serveur. Elle a commandé un repas simple composé de poulet grillé et de frites non mélangées à de l’huile pour sa fille, mais le serveur lui aurait apporté un repas composé de poulet, de légumes avec des frites et une sauce à côté.

À lire :Une touriste anglaise meurt d’une intoxication alimentaire à Marrakech

La mère de la jeune femme dit avoir remarqué dans l’obscurité du restaurant que les légumes ressemblaient à des crevettes, et a alors immédiatement demandé au serveur de retirer le repas. Mais il l’a assurée qu’il s’agissait en fait de carottes cuites uniquement dans de l’huile d’olive, et qu’il n’y avait rien de dangereux dans l’assiette de Lily. Alors qu’elle poursuivait la conversation avec le serveur en arabe, sa fille a pris une bouchée des carottes. Et, en quelques minutes, elle a commencé à avoir une réaction grave. « Lily a dit : ’ça démange, je lui ai donné un Piriton et elle est allée aux toilettes. Après son retour, elle a dit : Je ne peux pas respirer’. J’ai commencé à appeler l’ambulance et nous sommes sorties pour qu’elle puisse essayer de respirer », a raconté Aïcha. « Elle a eu des démangeaisons à la gorge, qui se sont transformées en nausées, en crampes d’estomac et en problèmes respiratoires », a précisé le père de Lily. La mère de la jeune femme complète : « Nous avons utilisé l’Epi Pen. Mais j’ai laissé mon sac à l’intérieur du restaurant, il contenait mon passeport et tout le reste, je ne peux pas le laisser, et je suis allé le récupérer. J’ai dit au restaurant : ’Ma fille est en train de mourir dehors’. Il m’a dit de payer l’addition avant de partir. » Le personnel du restaurant a dit à Mme King qu’elle « ne pouvait pas partir sans payer la facture », a ajouté le mari d’Aïcha.

À lire :Marrakech : une intoxication alimentaire envoie une famille britannique à l’hôpital

Dans la foulée, la MRE dit avoir appelé à l’aide, mais personne n’a volé à son secours. « Je crie, il y a des gardes de sécurité devant la porte, mais personne ne m’aide, rien », a-t-elle dit en larmes. Elle a désespérément essayé d’appeler une ambulance. Alors que les minutes vitales s’écoulaient, elle a été obligée de prendre sa voiture et d’emmener Lily à l’hôpital. À en croire Aïcha, il avait fallu 30 minutes à Lily pour arriver à l’hôpital, alors qu’à ce moment-là, elle avait déjà eu une crise cardiaque. Informés, M. King et sa fille aînée issue de son premier mariage se rendent précipitamment au Maroc. Sa femme et lui se sont vus contraints de prendre la décision déchirante de laisser partir Lily. « Ils l’ont gardée en vie pendant trois jours et lui ont fait subir un autre test, mais aucune fonction cérébrale n’a été détectée, et nous avons dû la laisser partir. » Mon unique enfant, « est morte sur mon épaule. Elle m’a dit : Je t’aime, au revoir » et puis elle est décédée », a confié Aïcha en larmes. Selon son époux, les médecins de l’hôpital « n’ont pas dit grand-chose » sur la maladie de Lily, à part qu’il n’y avait aucune activité cérébrale, mais ils lui ont demandé, ainsi qu’à sa femme, ce qui aurait pu la provoquer. « Nous leur avons raconté exactement ce qui s’est passé dans le restaurant. Mais sur le certificat de décès qui a été délivré par la suite, il est indiqué que la cause du décès était une crise cardiaque », a déploré M. King.

À lire :Nouvelle intoxication alimentaire au Maroc : 27 personnes à l’hôpital

Lily est décédée le 23 juin et a subi deux autopsies, une au Maroc et une autre en Angleterre. Après, son corps a été remis à ses parents et a été enterré à Beaconsfield le 10 juillet. Ses amis ont assisté aux funérailles. « Lily était aimée par de très nombreux amis », assure son père. Sa fille n’avait pas eu de réactions graves pendant toutes les années où elle avait vécu dans la maison familiale à Beaconsfield, dans le Buckinghamshire. C’est seulement quand elle est allée à l’université que « les choses ont empiré ». Elle a fait un choc anaphylactique après avoir mangé un hamburger lors d’un festival de musique – malgré les vérifications effectuées pour s’assurer qu’il était sans danger pour elle – et a été transportée d’urgence à l’hôpital. Elle a développé des infections aux reins et ailleurs, mais elle s’était rétablie avant le voyage au Maroc. Le couple King attend les conclusions de l’enquête sur le restaurant que mène la police marocaine. La justice marocaine promet de les tenir informés de l’évolution de l’enquête. « On nous a dit que nous serions informés des prochaines étapes. Nous voulons savoir ce qui se passe, nous voulons savoir si cela va être balayé sous le tapis ou s’ils vont faire quelque chose à ce sujet », a ajouté l’époux d’Aïcha.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Tourisme - Enquête - Alimentation - Police marocaine - Restauration - MRE

Aller plus loin

Marrakech : un Marocain résidant en Suisse fauche plusieurs piétons

Les éléments de la Sureté nationale de Marrakech ont arrêté un Marocain résidant probablement en Suisse dans une zone industrielle après qu’il a renversé plusieurs personnes sur...

Intoxication alimentaire mortelle à Marrakech : la justice a rendu son verdict

Le tribunal de première instance de Marrakech a infligé, lundi 1er juillet 2024, une peine de prison ferme au propriétaire du snack-bar du quartier Mhamid où 26 personnes...

Une touriste anglaise meurt d’une intoxication alimentaire à Marrakech

Une touriste anglaise est décédée lundi matin dans une clinique privée à Marrakech, des suites d’une intoxication aiguë.

« Sans elle, ma vie n’est rien » : une MRE inconsolable après le décès de sa fille

La mère de Lily King, touriste anglaise de 18 ans décédée lors des vacances au Maroc en 2024 suite à une intoxication alimentaire survenue dans un restaurant à Rabat, a du mal à...

Ces articles devraient vous intéresser :

Une aide méconnue pour les MRE qui veulent créer une entreprise au Maroc

Créer son entreprise au Maroc en tant que Marocain résidant à l’étranger (MRE) peut s’avérer complexe, notamment sur le plan financier. Pour encourager les investissements de la diaspora, l’État marocain a mis en place un mécanisme spécifique : MDM...

Pourquoi le Maroc ne sait pas profiter des MRE

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) boostent l’économie marocaine grâce à leurs transferts de fonds. Cependant, ils sont des leviers essentiels insuffisamment utilisés par le Maroc en raison de certains obstacles.

Les Marocains de France battent des records de transfert

Les Marocains du monde ont transféré au Maroc près de 115,15 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2023, soit une hausse de 4 % par rapport à la même période de 2022 (110,72 MMDH), révèle l’Office des changes.

Le Maroc pilote un grand projet mondial

L’UNESCO s’associe au Maroc pour son projet mondial visant à publier pour la toute première fois un Atlas international du patrimoine alimentaire, ainsi qu’une plateforme numérique pour la sauvegarde, la promotion et la transmission du patrimoine...

Maroc : les duty free font leur révolution

Du changement en vue pour les magasins de vente sous douane, communément appelés « Duty free shops ». L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) et l’Office des changes ont fixé de nouvelles règles relatives à leur gestion et fonctionnement.

2024, l’année de tous les succès pour le tourisme marocain

Le Maroc a enregistré un record d’arrivées de touristes étrangers au cours des sept premiers mois de l’année 2024, se positionnant comme « une destination leader du tourisme mondial ».

Douane marocaine : les nouveautés du guide MRE 2025

Chaque été, les Marocains résidant à l’étranger (MRE) consultent le guide officiel des douanes avant de rentrer au pays, afin d’éviter mauvaises surprises, amendes ou confiscations à la frontière. L’édition 2025, publiée récemment, introduit plusieurs...

MRE et fiscalité : que change l’usage du bien immobilier ?

L’imposition d’un bien immobilier situé au Maroc dépend directement de son usage. Pour un Marocain résidant à l’étranger, les conséquences fiscales varient selon que le bien est occupé à titre d’habitation principale, loué, transmis à un proche, ou...

Maroc : des instructions fermes pour mieux accueillir les MRE

Le ministère de l’Intérieur a instruit les walis et gouverneurs, les présidents des conseils communaux à l’effet de pallier les retards importants dans le traitement des demandes des citoyens, en particulier celles des Marocains résidant à l’étranger...

MRE : du changement pour les voitures à la douane

En vue de fluidifier le retour des Marocains résidant à l’étranger (MRE) durant l’opération Marhaba 2024, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) a mis en place de nouvelles mesures de facilitation. Ces dispositions visent à simplifier...