Sur les 28 victimes originaires du Maroc, une vingtaine d’entre eux étaient présents à l’audience. Les accusés leur auraient promis des contrats de travail à plein temps, un hébergement ou un moyen de locomotion. Mais au final, ils auraient eu droit à des contrats partiels et mal rémunérés et ont dû verser plusieurs milliers d’euros à leurs employeurs pour bénéficier de logements insalubres à Aiguillon et Damazan dans le Lot-et-Garonne.
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L’affaire a éclaté en juin 2023, suite à un contrôle inopiné des agents de la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) sur une exploitation agricole du Gers. Sur place, les agents avaient relevé la présence de deux saisonniers marocains sans autorisation de travailler, employés par une société girondine signalée plus tard par plusieurs associations d’aide aux migrants.
Après un an d’enquête menée sous la supervision de la première chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Bordeaux, le procès s’est ouvert mardi. Dans le box des accusés, Amal, une Bordelaise quadragénaire et son mari Chadid, un Marocain de 37 ans, retiennent l’attention. Le couple, promoteur d’une entreprise de prestation de services agricoles qui a démarré ses activités en 2022, a été placé en détention provisoire en fin d’année dernière, relaie Sud Ouest.
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Les quatre autres accusés sont Ismail, 28 ans, le frère d’Amal, et Bilal, Najim et Nazih, les frères de Chadid. Ils sont poursuivis pour complicité de traite d’êtres humains pour avoir menacé des travailleurs saisonniers « avec un couteau ou une batte de baseball ». Ces derniers ont nié les faits. Les six prévenus rejettent les accusations portées contre eux et jurent être victimes d’un complot. « On a commencé en 2022, tout se passait très bien. À partir de l’arrivée d’un saisonnier, tout a dégringolé », raconte Amal à la barre.
Selon cette aide-soignante en psychiatrie, ce saisonnier, ainsi que le président de l’association qui a fait des signalements à la DDETS, dont il serait le beau-frère, seraient à l’origine de cette machination visant à permettre aux plaignants de régulariser leur situation en France. L’audience se poursuit ce mercredi.