Automobile : le Maroc s’impose, l’Algérie décroche

13 mai 2025 - 21h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Alors que le Maroc progresse dans l’industrie automobile et continue d’attirer les constructeurs français, l’Algérie a une industrie quasi inexistante.

Plusieurs constructeurs français se sont installés au Maroc ces dernières années. Depuis 2012, Renault dispose d’une grande usine à Tanger où il produit plusieurs véhicules. En tout, 312 000 véhicules ont été montés l’an dernier. C’est la plus grosse usine du groupe tricolore dans le monde (7 000 employés), entièrement vouée à sa marque à bas coûts Dacia. Le constructeur français compte y fabriquer le break familial Jogger à partir de juin prochain. Il y fabrique aussi désormais les quadricycles électriques Bento et Duo pour la marque Mobilize. Sa Dacia Sandero, la moins chère du marché (12 990 euros), est d’ailleurs la voiture la plus vendue en Europe.

Outre Tanger, Renault s’est également implanté à Casablanca. Avec un site plus petit, il y produit 100 000 unités. Le constructeur français envisage par ailleurs de créer un centre d’ingénierie, qui démarre actuellement avec une centaine de personnes à Tétouan, destiné à monter en puissance. « 80 % de notre production au Maroc est exportée vers l’Europe, essentiellement la France, l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne », explique Christophe Dridi, directeur industriel de Dacia.

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Stellantis se plaît lui aussi au Maroc. En 2019, le constructeur automobile a inauguré son usine à Kénitra. L’année dernière, 175 000 véhicules, notamment des Peugeot 208 pour le Vieux Continent, mais aussi des voiturettes électriques comme les Citroën Ami, y sont produits. Et le groupe franco-italo-américain veut aller loin : il compte investir 300 millions d’euros pour porter ses capacités à 400 000 véhicules par an. « Le Maroc, c’est tout un écosystème avec des fournisseurs installés sur place », insiste Christophe Dridi.

Pourquoi le Maroc est-il la destination de ces constructeurs ? « La valeur des pièces produites au Maroc entre constructeurs et équipementiers représente environ 65 % du coût de fabrication pour Renault comme pour Stellantis », fait savoir Challenge. Les constructeurs français sont également attirés par les coûts salariaux horaires qui sont de 5 à 6 euros alors qu’en France, ces mêmes coûts dépassent les 45 euros.

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Ces constructeurs français n’ont pas eu les mêmes chances en Algérie. Le projet d’implantation par Renault d’une petite usine s’est soldé par un échec. L’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune a douché les espoirs du constructeur français. Le successeur du président déchu a accusé les constructeurs de se borner à « gonfler les pneus » dans leurs usines sur place. Après avoir repris une production sporadique, Renault a dû fermer ses portes en 2023 devant les entraves du gouvernement. L’entreprise française a « déposé un dossier pour pouvoir redémarrer, mais nous n’avons pas de nouvelles », lâche Christophe Dridi.

En Algérie, Stellantis s’en sort mieux en mettant en place une stratégie payante. « Le groupe a mis en avant sa marque Fiat, politiquement plus acceptable que Peugeot et Citroën, dont des modèles sont produits dans le Maroc voisin, honni », fait savoir la même source. En février dernier, la marque italienne a réussi à lancer le ludospace Fiat Doblo Panorama, assemblé à Tafraoui, près d’Oran. En moins de 48 heures, Fiat Algérie s’est retrouvé avec des dizaines de milliers de demandes pour l’acquisition de ce modèle, rapporte le site d’informations francophone TSA.

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Cependant, le groupe franco-italo-américain n’arrive pas à satisfaire la demande, l’Algérie ayant une industrie quasi inexistante. Il n’a pu assembler que 18 000 Fiat l’an dernier sur ce site ouvert fin 2023, qui emploie 1 650 personnes. « Avec un très faible taux d’intégration locale – les achats locaux représentent 10 % du coût – faute d’équipementiers, contrairement au Maroc », remarque la publication, concluant que « dans l’automobile, le fossé entre Rabat et Alger reste abyssal. »

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