Le groupe Renault procédait à une époque à des campagnes de recrutement « en trois langues » dont « la langue musulmane, islamiste », a affirmé lundi l’économiste Jean-Marc Sylvestre à l’antenne de BFMTV. Suffisant pour susciter de l’indignation de la part du recteur de la Grande mosquée de Paris. Dans un communiqué, il dit condamner « avec la plus grande fermeté les propos tenus hier (lundi, NDLR) sur BFM, où la langue arabe a été qualifiée de « langue musulmane » et même « islamiste ». Chems-Eddine Hafiz dénonce des paroles d’une « gravité extrême » qui « réduisent, devant des millions de téléspectateurs, tout un univers culturel et linguistique à une menace supposée ».
À lire : Retailleau "humilie" la Grande Mosquée de Paris
Pour le responsable religieux, ce type d’amalgame installe dans l’opinion l’idée fausse et dangereuse que ce qui touche à l’islam relèverait d’un problème sécuritaire. « C’est ainsi que la musulmanophobie se banalise, et qu’elle finit par frapper indistinctement les Français de confession musulmane, y compris les non-pratiquants. […] dans un contexte de forte hausse des actes antimusulmans, entendre de tels propos sur une chaîne nationale en prime time est un signal catastrophique » et « les médias, au lieu d’éclairer, deviennent alors vecteurs de haine et de stigmatisation », a-t-il ajouté, pointant « une faute professionnelle et morale ».
À lire : « Les musulmans, ils s’en foutent de la République », Jean-Claude Dassier condamné
Pour ces faits, la Grande Mosquée de Paris saisit l’Arcom pour « que cette dérive ne reste pas sans conséquence ». L’institution religieuse rappelle fermement que « la liberté d’expression protège le droit de critiquer une religion, mais jamais celui de cibler, d’humilier ou de discriminer des personnes pour leur foi ». Et de conclure : « La lutte contre la musulmanophobie n’est ni une revendication communautaire, ni un débat partisan : elle est un devoir républicain. Et la République a le devoir de protéger tous ses enfants, Français de confession musulmane, y compris les non-pratiquants, contre la stigmatisation médiatique et politique qui les vise ».