Les musulmans de France ne savent plus où enterrer leurs morts

17 avril 2020 - 07h30 - France - Ecrit par : G.A

Avec la saturation des carrés musulmans due aux nombreux cas de décès du coronavirus, plusieurs familles musulmanes en France sont dans la tourmente. Et le fait que certains pays maghrébins refusent le rapatriement des défunts, pour limiter le risque de propagation du virus, n’arrange pas la situation.

Les familles musulmanes endeuillées du fait du covid-19, vivent un véritable casse-tête. Elles sont confrontées au manque de place dédiée à leur culte dans les cimetières en France, et l’impossibilité pour leur pays de recevoir les défunts pour des obsèques selon le rite islamique. C’est le cas de Mohamed, qui de son vivant, avait cotisé dans "la caisse familiale pour garantir le rapatriement de sa dépouille et ses obsèques au pays". Mais ses dernières volontés ne pourront être respectées, rapporte France24.

Les autorités algériennes ont catégoriquement refusé le rapatriement, car la famille n’a pas pu présenter "le certificat de non contagion" du vieillard. Finalement, c’est loin de chez lui et d’un cimetière musulman, qu’il sera inhumé en petit comité à Seine-Saint-Denis, là où il a vécu pendant plus de 50 ans.

La situation est devenue préoccupante pour toutes les familles musulmanes, même les pompes funèbres. Le responsable des pompes funèbres musulmanes, Al Janaza a expliqué au micro de France24 que "le Maroc et la Tunisie ont suspendu les rapatriements des corps ; l’Algérie fait des exceptions, sauf pour les morts du covid-19. Pour les pays de l’Afrique subsaharienne, il n’y a pas plus de trafic aérien". "Seuls des vols cargo sont maintenus vers la Turquie", affirme-t-il, ajoutant qu’il est "débordé" depuis un mois par les appels et le nombre de décès qui ne fait qu’augmenter. "On doit gérer les émotions des familles, les rassurer et surtout, essayer d’enterrer rapidement", comme le prescrit le rite funéraire musulman.

Il explique comment il a dû batailler pour trouver une place dans un cimetière musulman à son père, décédé le 4 avril du covid-19, à 87 ans, dans une commune du Val-de-Marne dépourvue de carré musulman. "Il se sera écoulé presque 15 jours entre le décès et l’inhumation, alors que dans la tradition, c’est trois jours ! C’est inhumain", déplore-t-il, rappelant que le souhait initial de son père était de se faire enterrer au Maroc.

Avec la suspension presque totale de ces rapatriements, "la crise vient révéler le manque de carrés musulmans" en France, estime Mohammed Moussaoui, qui évalue ces espaces dédiés à "environ 600", sur 35 000 cimetières. Mais pour l’Association des maires de France, avoir un carré confessionnel "n’est pas une obligation pour une commune", même s’il existe une circulaire datant de 2008 qui encourage les maires à le faire.

Dans plusieurs villes, les cimetières communaux affichent complet. Certaines familles se tournent vers les cimetières intercommunautaires ou vont négocier avec d’autres mairies, loin de leur ville de résidence. Mais la décision d’accepter une inhumation dans son cimetière étant une prérogative du maire, certains sont "contraints" de refuser les demandes des familles qui ne sont pas de leur commune.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Islam

Aller plus loin

Rhône-Alpes : pas de places pour enterrer les musulmans morts du covid-19

Les familles musulmanes résidan à Lyon ont du mal à trouver de places dans les cimetières disposant d’un carré musulman pour leurs proches décédés des suites du covid-19.

France : carrés musulmans, un véritable casse-tête

En France, les musulmans ont du mal à enterrer leurs morts. Entre saturation et vide juridique, le problème persiste, s’aggravant avec une volonté politique qui n’est toujours...

Le CFCM expose les difficultés des musulmans en ces temps de Covid-19

Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) affirme que les familles musulmanes sont toujours confrontées au manque d’emplacements spécifiques...

En France, les musulmans peinent à enterrer leurs morts

En France, trouver une place dans un carré musulman pour enterrer des morts en ces temps de Covid-19 relève d’un parcours de combattant.

Ces articles devraient vous intéresser :

La Youtubeuse marocaine "Mi Naima" au cœur d’un nouveau scandale

“Mi Naïma” fait à nouveau parler d’elle. La Youtubeuse marocaine, connue pour ses controverses, a récemment publié une vidéo dans laquelle on la voit lire certains versets du Coran de manière désinvolte. La vidéo a suscité la colère des internautes.

Maroc : la date de l’Aïd al-Adha 2024 connue

L’Aïd El Adha 2024 est l’une des célébrations les plus importantes pour les musulmans. Quand aura-t-il lieu au Maroc ?

Voici le montant de la Zakat al fitr cette année au Maroc

Le Conseil Supérieur des Oulémas a fixé le montant de la Zakat Al-Fitr pour l’année 1446 de l’Hégire (2025) à 23 dirhams par personne. Ce montant représente une augmentation par rapport aux 20 dirhams des années précédentes.

Les Marocains fêteront-ils l’Aid Al-Adha cette année ?

Abderrahmane Mejdoubi, président de l’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC), dément les rumeurs selon lesquelles le cheptel national en ovins et caprins serait « très en deçà » de la demande pour l’Aïd Al-Adha 2025.

Aïd al-Adha : ruée de Marocains vers l’Espagne

Alors que de nombreux Marocains résidant à l’étranger (MRE) rentrent au Maroc pour y passer les congés de l’Aïd al-Adha, certaines familles marocaines font le chemin inverse.

Le voile dans le sport fait vaciller le gouvernement français

Des divergences de vues sur la question du port du voile dans les compétitions sportives ont éclaté au sein du gouvernement. Le Premier ministre, François Bayrou, est intervenu pour rappeler à l’ordre ses ministres et fixer une ligne directrice claire.

Une prière musulmane à l’aéroport de Roissy fait polémique

Augustin de Romanet, PDG d’ADP a réagi à une prière collective réunissant une trentaine de musulmans dimanche 5 novembre dans une salle d’embarquement de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, et qui a soulevé de vives polémiques.

Aïd al Adha au Maroc : l’appel à l’annulation monte sur les réseaux sociaux

Alors que certains Marocains appellent à l’annulation de la célébration de l’Aïd al-Adha sur les réseaux sociaux, d’autres tiennent au respect de cette tradition religieuse.

« Salut islamiste » : le joueur du Real Madrid Antonio Rüdiger porte plainte

Le défenseur du Real Madrid, Antonio Rüdiger, a décidé de porter plainte pour diffamation contre Julian Reichelt, ancien rédacteur en chef du journal Bild. Ce dernier avait accusé Rüdiger de faire un « salut islamiste » après un match de football, une...

Voici la date de l’Aïd El Fitr au Maroc

Débuté le 12 mars au Maroc, le ramadan, l’un des cinq piliers de l’islam, se profile pour de millions de Marocains. Quand aura lieu l’Aïd El Fitr cette année ?