Plus connu sous « Abou Hafs » dans les milieux salafistes, Mohamed Abdelouahab Rafiqui est favorable à la réforme des textes en cours qui accorde plus de libertés individuelles aux Marocains. Il a accepté « sans la moindre hésitation » de travailler avec le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, pour « participer à la mise en œuvre d’un certain projet de société qu’[il] défend depuis plus de dix ans, depuis plus précisément [sa] libération de prison suite à [sa] condamnation dans le cadre des attaques du 16 mai », explique-t-il dans un entretien à Maroc Hebdo.
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« J’essaie à mon modeste niveau de promouvoir des valeurs de tolérance et du juste milieu qui sont aux antipodes de ce que moi j’ai été, des idées mortifères qui elles-mêmes tranchent avec notre fondement civilisationnel marocain », ajoute-t-il, précisant être sur la même longueur d’ondes que le ministre Ouahbi sur les grandes lignes de la réforme. Concernant la dépénalisation des relations sexuelles hors mariage, Mohamed Abdelouahab Rafiqui estime que « l’État n’a tout simplement pas à se mêler de la vie privée des gens tant qu’ils ne font pas de mal à autrui. Et en l’espèce, il ne devrait normalement pas avoir le droit de s’introduire dans les chambres à coucher des citoyens ».
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Quant à la question de l’héritage dans la réforme du Code de la famille, le conseiller du ministre de la Justice dénonce « une interprétation humaine du Coran », soulignant que même si le Coran a établi une inégalité entre l’homme et la femme en matière d’héritage, des adaptations peuvent être faites « selon le temps et l’espace ». Revenant sur les propos d’Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du parti islamiste, le Parti de la justice et du développement (PJD) qui, est farouchement contre cette réforme et craint un post-modernisme, l’ancien salafiste a rassuré que le ministre Ouahbi et lui restent conformes à la directive du roi Mohammed VI qui, dans son discours du trône, avait expliqué qu’on ne peut « autoriser ce que Dieu a prohibé et interdire ce qu’il a autorisé ».
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« Notre objectif premier, c’est d’adapter les textes en vigueur à la réalité de notre société, voilà tout, et de le faire dans ce que les constantes de notre pays permettent. Les jeunes d’aujourd’hui, qui ont des mœurs différentes de leurs aînés d’il y a 60-70 ans, au moment de l’indépendance, n’ont pas à subir ce qu’ils n’ont pas choisi. Ils ont au moins le droit de discuter de ce qu’ils veulent, et mon impression personnelle, et elle est là la raison de mon engagement, est qu’ils veulent autre chose. Écoutons-les donc », a-t-il conclu.