Câble sous-marin avec le Maroc : de grosses inquiétudes au Royaume-Uni

13 septembre 2024 - 23h00 - Monde - Ecrit par : S.A

Le projet de construction du câble sous-marin de 3 800 km devant relier le Maroc au Royaume-Uni et fournir aux Britanniques 8 % de leurs besoins en énergie électrique ne rassure guère les habitants d’Abbotsham, dans le nord du Devon.

D’un coût global de 16 milliards de livres sterling (21,9 milliards de dollars américains), le projet de construction du câble électrique sous-marin de 3 800 km reliera le Maroc et le Royaume-Uni. Xlinks construira une centrale électrique de 10,5 GW (7 GW pour le solaire, et 3,5 GW pour l’éolien) au Maroc. Le projet apporterait de l’énergie éolienne et solaire au Royaume-Uni en utilisant des câbles sous-marins qui arrivent par voie terrestre près d’Abbotsham, dans le nord du Devon. Sur une période pouvant aller jusqu’à deux ans, quatre câbles devront relier le nord du Devon, le long d’un parcours d’environ neuf milles (14,5 km) et une nouvelle sous-station électrique devrait être également construite à côté de la sous-station existante à Alverdiscott, ainsi que deux nouvelles stations de conversion, sur un site d’environ 32 hectares (79 acres), rapporte BBC. De quoi inquiéter les Habitants résidant dans la zone d’intervention du projet. « Je me sens dévasté. […] La région sera en proie au chaos pendant des années », s’inquiète Tony Sloan, un homme de 76 ans. Son épouse Ann Sloan et lui ont construit une maison pour leur retraite sur une petite vallée en pente douce sur la côte nord du Devon.

À lire :Le projet de câble sous-marin Maroc - Royaume-Uni moins rentable que prévu ?

« C’est calme, on entend les oiseaux, mais avec cette proposition, nous allons avoir du bruit, des lumières, des camions et des forages. […] Quels touristes voudront venir ici lorsque la zone sera complètement perturbée ? », questionne la septuagénaire. L’agriculteur David Lomas, propriétaire du terrain où les câbles arriveraient par voie terrestre, se trouve, lui, face à un manque de compréhension. « J’aime l’idée de l’énergie verte, mais l’importer du Maroc, je pense que c’est une idée folle », a-t-il fustigé. À l’en croire, il risque de perdre l’usage de « 20 % de ses terres agricoles productives » pendant la construction du projet. « Cela va perturber la communauté locale ainsi que les propriétaires fonciers, pendant au moins cinq ans, voire plus », a ajouté l’homme de 69 ans. « C’est stressant », a déclaré Adam Bridge, 59 ans, qui vit à proximité d’une route de transport concernée par le projet. Et d’ajouter : « Cela va complètement changer la vie ici, c’est calme et paisible. Ce sera essentiellement un chantier qui se déroulera juste à côté de la maison ».

À lire :Le projet du câble sous-marin Maroc/Royaume-Uni franchit une nouvelle étape

Répondant à ces inquiétudes, Xlinks assure qu’elle travaille à « trouver des solutions ». « Je comprends les inquiétudes des résidents et nous voulons y travailler. […] Nous travaillons dur pour minimiser les perturbations lors de la construction du projet », a affirmé son directeur général James Humfrey, ajoutant que le projet était un projet d’infrastructure d’importance nationale qui pourrait aider à réduire les émissions de CO₂ du Royaume-Uni. Il évoque les actions à entreprendre, notamment la construction d’une route temporaire pour retirer la majorité des travaux de construction des routes locales, la mise en place de restrictions sur les heures et les méthodes de travail de construction, et l’installation de nos câbles souterrains par sections de 1 km pour réduire le temps pendant lequel la société travaille dans une zone donnée. « Nos plans sont le fruit de trois cycles de consultation sur deux ans. Nous avons apporté des modifications majeures à nos plans en réponse aux commentaires, notamment en déplaçant la station de conversion à son emplacement actuel, à l’Old Webbery Showground. […] Nous continuerons à collaborer avec la communauté à mesure que nous développerons nos plans », a ajouté Humfrey.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Grande-Bretagne - Energie - Développement - Energie solaire

Aller plus loin

Le projet du câble sous-marin Maroc/Royaume-Uni franchit une nouvelle étape

Le projet de construction du câble sous-marin de 3 800 km devant relier le Maroc au Royaume-Uni et fournir au pays du roi Charles III 8 % de ses besoins en énergie franchit une...

Du nouveau pour le projet de câble sous-marin Maroc - Royaume-Uni

Le projet de construction du câble sous-marin de 3 800 km devant relier le Maroc au Royaume-Uni et fournir au pays du roi Charles III 8 % de ses besoins en énergie électrique a...

Un soutien de poids pour le câble sous-marin Maroc-Royaume-Uni

Claire Coutinho, ministre britannique de l’Énergie a affirmé que la construction du câble sous-marin de 3 800 km devant relier le Maroc au Royaume-Uni est un projet d’«...

Xlinks annonce 10 000 emplois pour le câble Maroc/Royaume-Uni

Le projet de construction du plus long câble sous-marin au monde (3 800 km) devant relier le Maroc et le Royaume-Uni devrait générer des milliers d’emplois dans les deux pays.

Ces articles devraient vous intéresser :

Tourisme : le Maroc affiche ses ambitions

Lentement mais sûrement, le Maroc fait un grand pas vers la concrétisation de son ambition d’accueillir 26 millions de visiteurs d’ici 2030, avec un objectif intermédiaire de 17,5 millions de touristes et la création de 200 000 emplois d’ici 2026.

L’OCP décroche un gros financement pour ses projets solaires

Le plan ambitieux de l’OCP visant à alimenter l’ensemble de ses installations industrielles en énergie verte d’ici 2027 prend forme. Le géant marocain des engrais a décroché un gros financement.

Aéronautique : le Maroc décolle et concurrence les géants européens

À l’heure où les constructeurs aéronautiques de l’Europe peinent à répondre à la demande, le Maroc travaille à devenir une plaque tournante de l’aérospatiale.

Les Marocains du monde, des compétences « sous-exploitées » par le Maroc

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent faiblement au développement du Maroc. Pourtant, leurs compétences sont nécessaires pour relever les défis économiques et socioculturels du royaume.

Le Maroc, « future centrale » énergétique de l’Europe ?

À l’heure où la résilience face aux défis climatiques doit se renforcer, le Maroc nourrit des ambitions pour les énergies renouvelables, lesquelles font de lui un partenaire de choix de l’Europe. Il ambitionne notamment de produire 52 % de son énergie...

Centrale de Ouarzazate : les dégâts déjà réparés suite au séisme

Le ministère marocain de l’Énergie a assuré que les infrastructures énergétiques n’ont subi aucun dommage lors du séisme d’Al Haouz, à l’exception de la centrale solaire de Ouarzazate où des dégâts « mineurs » ont été constatés et déjà réparés.

Mohammed VI : ses succès et ses défis

Le roi Mohammed VI a fêté en août ses 60 ans et ses 24 ans de règne. Son fils Moulay Hassan, prince héritier, soufflait quelques mois plus tôt, le 8 mai, ses 20 bougies. À un an de ses 21 ans, âge requis pour être roi, les inquiétudes quant à la santé...

GNL : Le Maroc se dote d’un terminal flottant à Nador West Med

Le Maroc s’apprêterait à lancer un appel d’offres pour la construction d’un terminal flottant de gaz naturel liquéfié (GNL) au port de Nador West Med.

Gazoducs, regazéification et hydrogène vert : les paris du Maroc

Le Maroc travaille à développer les énergies renouvelables pour garantir son indépendance énergétique. Les autorités du royaume ont prévu un plan ambitieux de construction d’oléoducs et de gazoducs pour atteindre cet objectif d’ici 2030.

Le Maroc peut-il résoudre la crise énergétique de l’Europe ?

Le Maroc ambitionne de produire 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici à 2030 pour en exporter une grande partie vers l’Europe par le biais de câbles sous-marins. Va-t-il prioriser l’exportation au détriment de la satisfaction de...