Choisir sa nationalité sportive : un choix déchirant pour les binationaux

18 novembre 2021 - 09h00 - Belgique - Ecrit par : G.A

Le changement de nationalité sportive est un déchirement pour tous les sportifs. À l’instar de nombreux joueurs marocains ayant la double nationalité, qui se sont retrouvés devant l’obligation de choisir un pays au détriment de l’autre, de nombreux joueurs belges ont porté une fois le maillot de l’équipe nationale, mais aujourd’hui jouent pour un autre pays, avec toutes les conséquences que cela implique pour leur carrière ainsi que pour d’autres aspects de leur vie.

Samuel Bastien, Paul-José Mpoku, Ibrahima Cissé, Ahmed El Messaoudi, Cyril Dessers, Igor Vetokele, Dolly Menga, Omar El Kaddouri, Ahmed Touba ainsi que les frères Samy et Ryan Mmaee. Tous ces joueurs ont porté le maillot belge des sélections de jeunes au cours de ces dix dernières années. Mais aujourd’hui ils ont fait le choix de défendre les couleurs des pays dont ils sont originaires, rapporte dhnet.be.

À lire : Football : Samy Mmaee dans le viseur du Maroc

La République démocratique du Congo, le Maroc, l’Angola, le Nigeria ou l’Algérie leur ont offert l’opportunité de vivre le rêve d’évoluer pour l’équipe nationale de leurs origines. Un choix souvent difficile, comme s’il leur est demandé d’aimer un pays plus qu’un autre. « Rien ne m’enlèvera un de mes deux pays. Il était difficile de choisir, car je les aime énormément tous les deux », assure Paul-José Mpoku lorsqu’il a opté pour la RDC en 2015, six ans avant que son petit frère Albert Sambi Lokonga ne choisisse la Belgique.

« La réflexion est un mélange de choix de la raison et de choix du cœur », analyse un agent de joueurs. « Je n’ai jamais été confronté à un joueur qui ne se posait pas la double question. Les deux identités coexistent et sont généralement fortes. Il ne faut pas prendre cela à la légère car ça dépasse le cadre du football. On parle de famille, on parle d’identité, on parle d’attentes aux pays concernés. »

À lire : Mazraoui évoque la difficulté pour choisir une nationalité sportive

Mais parfois les choix s’opèrent selon les aspirations et en prenant en compte ce qu’attendent les joueurs. « Les joueurs doivent analyser la situation en fonction de leur âge et des possibilités de recevoir une chance vis-à-vis de la concurrence. Je pense qu’un ailier percutant aura par exemple plus de chances d’être appelé avec la Belgique. Mais si cela semble bouché, comme dans le milieu de terrain, où les jeunes talents belges sont très nombreux, c’est plus difficile », explique un agent de joueurs.

Par contre, certains joueurs ont eu à faire des choix précipités qui n’ont pu donner les effets escomptés. C’est le cas de Clinton Mata qui a porté huit fois le maillot de l’Angola entre 2014 et 2016. Mais ensuite, plus rien du tout. Mais pour certains, le choix est instinctif, immédiat, comme un appel du cœur. C’est le cas des frères Mmaee qui ont opté pour le Maroc. « C’était clair depuis le départ. J’ai joué en jeune avec la Belgique, mais pour moi ça n’a rien à voir. Représenter sa vraie nation, son pays de sang, c’est différent, ce n’est pas les mêmes émotions », justifiait à Maroc Football Talk l’ancien Rouche Samy Mmaee, qui évolue désormais à Ferencvaros (Hongrie).

À lire : L’hésitation des binationaux, l’autre casse-tête de Vahid Halilhodzic

Au nombre de ces joueurs belges qui ont opté pour le Maroc, il y a Selim Amallah, Ilias Chair, les frères Mmaee qui ont montré durant ces éliminatoires à la coupe du monde qu’ils ont eu raison de choisir les Lions de l’atlas. Mais choisir n’est jamais sans conséquence. « On ne délaisse pas sa carrière, mais il est clair que cela ferme des portes de choisir une sélection africaine. C’est bien de jouer pour son pays. Je l’ai d’ailleurs fait avec Madagascar. Là-bas, on est vraiment valorisé et c’est une expérience extraordinaire. Mais il faut aussi penser à sa carrière », pense pour sa part, Younous Oumouri.

Pour l’agent de Manuel Benson, la Coupe d’Afrique fait partie des nombreuses raisons pour lesquelles certains pays européens font pression pour que les binationaux ne choisissent pas leurs pays d’origine. « Quand un club doit trancher entre deux joueurs similaires au même poste, cela arrive malheureusement souvent qu’il abandonne le dossier de celui qui évolue pour une sélection africaine. Les clubs sont conscients qu’ils peuvent perdre leur recrue pendant plus d’un mois en pleine saison ».

À lire : Mohamed Ihattaren regrette d’avoir choisi les Pays-Bas

« Moi, je considère qu’une carrière peut aussi être belle lorsqu’elle est faite de rencontres, et pas uniquement par la réussite purement sportive ou financière », tempère de son côté un intermédiaire qui travaille pour une agence anglaise. « On ne peut pas résumer un choix au classement Fifa. Si l’on ne prend en compte que cet aspect, on passe à côté de quelque chose de primordial : le football reste de la matière humaine ».

Le dilemme de changer de nationalité sportive se présente parfois très tôt. Certains joueurs sont contactés dès l’âge de 16 ou 17 ans par des membres de la fédération de leur pays d’origine pour établir un premier lien. C’est le cas du Maroc où la fédération et même l’entraîneur de la sélection nationale n’hésitent pas à entrer en contact avec les joueurs pour les convaincre de ce qu’ils gagneraient à jouer pour le Maroc.

À lire : Adam Masina officiellement Lion de l’Atlas

Ne souhaitant pas se fermer de portes, certains préfèrent logiquement ne pas encore se positionner. Même si « le rêve, c’est de jouer la Coupe du monde au Qatar avec la Belgique, comme chaque Diablotin », sourit Amadou Onana. Chaque jeune doit d’abord analyser la situation en fonction des opportunités et de son attache envers son pays d’origine, précise-t-il.

À lire : La Belgique s’accapare les joueurs belgo-marocains

Choisir un pays au détriment de l’autre n’a jamais été facile pour les joueurs. Malheureusement pour certains, le faire, revient à choisir entre son père et sa mère, entre ses origines et entre une terre qui les a portés et éduqués. Choisir c’est parfois fermer une porte de façon définitive.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Belgique - Football

Aller plus loin

Bilal El Khannouss préfère le Maroc à la Belgique (vidéo)

Le milieu offensif de KRC Genk Bilal El Khannouss a tourné le dos à la Belgique et a choisi le Maroc. Il explique son choix.

Vahid Halilhodzic critique les binationaux

En conférence de presse jeudi, Vahid Halilhodzic s’est prononcé sur les binationaux, surtout sur le refus de certains de jouer pour les Lions d’Atlas, préférant parfois opter...

Matchs du Maroc : Halilhodzic pourra compter sur Ryan Mmaee

L’international Ryan Mmaee s’est remis de sa blessure plus vite que prévu. Il a repris les entraînements avec son club Ferencvaros (Hongrie).

Ilias Chair buteur face à Middelsbrough (vidéo)

L’international marocain Ilias Chair a marqué lors du match qui a opposé son club Queens Park Rangers face à Middelsbrough (2-2). C’est le 7ᵉ but cette saison en championnat...

Ces articles devraient vous intéresser :

Walid Regragui vise la gloire à la CAN après un Mondial historique

Dans une interview, l’entraîneur de l’équipe du Maroc, Walid Regragui dévoile le rêve qu’il entend accomplir avec les Lions de l’Atlas à la Coupe d’Afrique des nations (CAN) dont le coup d’envoi a été donné samedi au stade olympique d’Ebimpé, en Côte...

Ces joueurs marocains qui font la fierté du Maroc

Les Lions de l’Atlas Amine Adli, Brahim Diaz, Youssef El Arabi, Ayoub El Kaabi, Oussama Idrissi ou encore Sofiane Rahimi brillent tous les six avec leurs clubs qui ont atteint la finale des compétitions continentales, faisant ainsi la fierté du Maroc.

CAN 2025 au Maroc : la fête gâchée par la FIFA ?

La 35ᵉ Coupe d’Afrique des nations (CAN) que le Maroc devrait organiser en 2025 pourrait être déplacée en partie en raison de la programmation par la FIFA de la Coupe du monde des clubs. Et ce n’est pas le seul problème !

Achraf Hakimi évoque son amitié avec Kylian Mbappé

Achraf Hakimi revient sur son amitié avec Kylian Mbappé, qui lui a « tendu la main » à son arrivée au Paris Saint-Germain (PSG) et l’a aidé à s’intégrer rapidement. Les deux joueurs sont très proches sur et en dehors du terrain.

À 14 Ans, Bouchra Karboubi a défié la « Hchouma » pour devenir arbitre

L’arbitre marocaine Bouchra Karboubi, 36 ans, est entrée dans l’histoire en tant que première femme arabe et deuxième femme africaine à tenir le sifflet dans une finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).

Maroc : Hervé Renard garde un souvenir amer de son départ

L’entraineur français Hervé Renard est revenu sur son aventure avec les Lions de l’Atlas, indiquant qu’il « n’a pas été récompensé » pour ses réalisations.

Walid Regragui : un changement de stratégie payant

L’équipe nationale marocaine de football a signé une très belle performance en s’imposant 6 à 0 face au Congo, mardi au Stade Adrar d’Agadir. Derrière ce succès se cache la stratégie de Walid Regragui, le sélectionneur national, qui a complètement...

Coup dur pour Noussair Mazraoui ... et le Maroc

Nouveau coup dur pour l’équipe du Maroc qui vient, encore une fois, de perdre le joueur Noussair Mazraoui, sorti sur blessure lors du match du Bayern MUnich contre Bochum.

Les supporters marocains soutiennent Amine Adli

Les supporters marocains ont témoigné leur solidarité envers Amine Adli, le joueur marocain de l’équipe allemande Bayer Leverkusen, lors d’un match de l’équipe nationale du Maroc contre la Tanzanie.

Brahim Diaz a snobé le PSG

L’été dernier, Brahim Diaz a fait le choix de rester au Real Madrid. Pourtant, le Paris Saint-Germain, sous l’impulsion de son entraîneur Luis Enrique, avait manifesté un grand intérêt pour le joueur.