Du Maroc à Foix  : comment une mission de 200 € tourne mal

13 juin 2025 - 22h00 - France - Ecrit par : S.A

Un jeune homme de 21 ans est jugé devant le tribunal de Foix pour son implication dans une escroquerie orchestrée depuis le Maroc.

Lucas*, 21 ans, répond de ses actes devant la justice. Les faits qui lui sont reprochés remontent au 25 mai. Membre d’un groupe Telegram obscur, il se voit confier une mission par un certain « Mouns Bis Koko », localisé au Maroc. La mission consiste à récupérer une enveloppe chez un particulier, Jacques*, un habitant de Montaut (Ariège), et la déposer au Mirail pour 200 euros. Il accomplit la mission. Alors qu’il avait reçu comme consigne de ne jamais ouvrir le colis, il ouvre le petit paquet.
« À l’intérieur, un téléphone et trois cartes bleues, dont une American Express et une du Crédit Lyonnais, découpées », fait savoir La Dépêche.

La veille, un soi-disant membre du service de répression des fraudes aurait appelé Jacques, prétendant avoir repéré des mouvements suspects sur son compte bancaire. L’homme soupçonne une extorsion de fonds, mais il finit par lui communiquer, en visioconférence, ses codes de paiement et de son téléphone. Il lui fait croire que son compte aurait été piraté, et qu’un agent passerait le lendemain récupérer ses cartes bancaires, découpées pour éviter toute nouvelle manipulation frauduleuse.

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Les cartes en main, Lucas reçoit une nouvelle mission, celle de débiter du liquide. Il se rend alors au Mirail. Il retire 16 992 euros en onze fois, à Pamiers puis Toulouse. « Mouns Bis Koko » lui ordonne d’effectuer avec la somme 14 900 euros de paris sportifs, puis de déposer le reste dans le quartier toulousain. Le 26 mai, Jacques s’estime victime d’une escroquerie et dépose plainte pour escroquerie et abus de confiance. Une enquête est ouverte.

Jugé pour escroquerie et abus de confiance, Lucas assure qu’il n’est pas l’auteur de l’appel. Mais les gendarmes finiront par identifier un nom grâce à ses bornages téléphoniques le jour fatidique. Le 27 mai, Lucas se pointe au bureau de tabac dans le centre-ville de Toulouse pour récupérer les résultats des paris, 12 352 euros, avec sa propre carte de retrait avant, assure-t-il, de transférer l’argent vers le Maroc. Le jeune homme sera placé en garde à vue. Il reconnaît les faits. Il nie toutefois être l’instigateur de l’opération et le faux agent de la répression des fraudes.

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« Il y avait une mission proposée pour 200 euros. J’habitais à 30 minutes de l’adresse indiquée. Il fallait juste emmener l’enveloppe au Mirail. Je partais de ce principe. […] Je devais de l’argent à mon père », a expliqué à la barre le mis en cause. Un jeune homme déjà condamné pour escroquerie sur des chèques cadeaux en 2022. « À aucun moment, la lumière s’est allumée ?", a questionné, très agacée, une magistrate. « Il avait mon identité, mon adresse… J’étais sous la menace », a seulement avancé Lucas.

« Je ne comprends pas comment il est tombé dans le panneau et s’est dévoué corps et âme à un individu inconnu, au nom imprononçable. […] Comment il a pu faire preuve d’une telle imprudence, et c’est un euphémisme », a insisté le procureur Olivier Mouysset, avant de requérir 6 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis de 18 mois avec obligation d’indemniser la victime. Suivant presque la réquisition du procureur, le tribunal condamne Lucas à 6 mois d’emprisonnement assorti d’un sursis simple, avec l’obligation de rembourser l’ensemble de la somme dérobée, plus 1 000 euros de préjudice moral.

*prénom d’emprunt

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