L’Espagne dit être le « principal allié » du Maroc en Europe

26 mai 2021 - 07h40 - Espagne - Ecrit par : A.T

La crise de confiance entre Rabat et Madrid a été évoquée lundi, au sommet extraordinaire du conseil européen à Bruxelles. Cherchant à européaniser cette crise strictement bilatérale, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a déclaré que l’arrivée massive d’immigrants irréguliers à Sebta la semaine dernière « représente une crise entre l’Union européenne, l’Espagne et le Maroc  », soulignant que le Maroc n’a pas de meilleur allié que l’Espagne au sein de la communauté européenne.

Pedro Sanchez poursuit sa manœuvre diplomatique pour rallier l’Europe à sa cause dans la crise qui l’oppose à son voisin. L’Espagne entend être au centre des décisions européennes pour juguler la crise migratoire. À cet effet, la délégation espagnole est arrivée à la réunion que les chefs d’État et de gouvernement de l’UE tiennent à Bruxelles avec un message. « Il n’y a pas de meilleur ou de plus grand allié du Maroc au sein de l’UE que l’Espagne. Notre relation est stratégique, nous la voulons la plus constructive possible, mais basée sur deux axes : la confiance et le respect ».

Pour Sanchez, l’UE a fait sa part de travail afin que Rabat puisse reprendre le contrôle des flux migratoires. Son gouvernement « souhaite que l’Espagne continue à être le médiateur privilégié entre le Maroc et Bruxelles ». Lors de ce sommet extraordinaire des chefs d’État, et de gouvernement des Vingt-sept, hier lundi, il a également souligné, « Nous devons toujours rappeler au Maroc qu’il n’y a ni meilleur ni plus grand allié au sein de l’Union européenne que l’Espagne pour défendre des intérêts stratégiques si importants pour le Maroc et si nécessaires pour l’Union européenne également ».

Après une semaine de crise, et après avoir reçu le soutien immédiat de toutes les institutions de premier plan, soulignant à maintes reprises que « les frontières de Ceuta ce sont les frontières de l’Union », Sánchez a remercié ses pairs pour le soutien, mais il a surtout tenu à signaler à Rabat qu’il n’y a personne de mieux que son pays pour « défendre les intérêts stratégiques du Maroc auprès de l’Union européenne ».

Le triangle Madrid, Rabat et Bruxelles a expérimenté ces derniers jours toutes les combinaisons possibles. Le gouvernement espagnol a demandé et dirigé le soutien de la Commission européenne, du Conseil européen et du Parlement européen, avec des tweets, des déclarations et des messages qui ne laissent aucune place à l’ambiguïté. Mais en même temps, il n’a pas voulu que l’UE assume un rôle de premier plan. « Je tiens à remercier la solidarité et la réponse ferme des institutions. Les trois ont exprimé leur solidarité avec l’Espagne lorsqu’ils ont vu les images de l’arrivée à Ceuta. Deuxièmement, je tiens à dire que pour nous, la migration est un défi important auquel toutes les relations de voisinage de l’UE et de l’Espagne avec le Maroc doivent reposer sur deux piliers : la confiance et le respect », a assuré le président à son arrivée.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Bruxelles - Union européenne - Ceuta (Sebta)

Aller plus loin

Sahara : la position de l’Union européenne (toujours) attendue

Après avoir affiché pendant longtemps la neutralité dans le dossier du Sahara, l’Europe ne semble pas prête à soutenir le plan d’autonomie proposé par le Maroc. La...

Le Maroc a coupé tout contact avec l’Espagne

Le Maroc « n’a pas eu de contact avec l’Espagne » depuis la crise migratoire à Ceuta, consécutive à l’entrée de Brahim Ghali sur le sol espagnol, a assuré dimanche, Nasser...

L’Espagne lance une manœuvre diplomatique contre le Maroc

En réaction à la crise migratoire à Ceuta et à l’affaire Brahim Ghali, le ministère espagnol des affaires étrangères vient d’instruire ses ambassadeurs dans les 27 pays de...

L’Espagne demande au Maroc de durcir les contrôles aux frontières

L’Espagne demande au Maroc de durcir les contrôles aux frontières pour limiter l’arrivée massive de migrants à Ceuta.

Ces articles devraient vous intéresser :

Éric Ciotti met en avant les liens « très puissants » entre le Maroc et la France

Le président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, a plaidé pour la réparation des erreurs passées et critiqué le manque de considération envers le Maroc. Dans une déclaration à la presse, M. Ciotti a souligné l’importance des liens « très puissants...

En réponse au Qatargate, le Maroc ne respecte plus les accords de renvoi des déboutés d’asile

Depuis l’éclatement du scandale de corruption connu sous le nom de « Qatargate », les difficultés pour renvoyer les Marocains déboutés de leur demande d’asile vers leur pays d’origine se sont accrues.

L’Europe veut bloquer les transferts des MRE

L’Union européenne veut mettre fin au transfert de fonds des Marocains résidant en Europe vers leur pays d’origine via les banques marocaines présentes sur le continent.

Le Maroc se met à la taxe carbone

Des experts livrent leurs réflexions sur l’impact que la mise en place de la taxe carbone pourrait avoir sur l’économie marocaine ainsi que l’industrie marocaine.

La justice européenne confirme la fin de l’accord de pêche avec le Maroc

La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a mis un point final, ce vendredi, à une longue saga juridique en annulant définitivement les accords commerciaux, notamment ceux relatifs à la pêche, conclus entre l’Union européenne et le Maroc. Cette...

Tanger Med menace les ports européens

Malte craint l’avantage fiscal du port Tanger Med à cause de l’introduction d’une taxe environnementale dans les pays de l’Union européenne(UE) à partir de 2024. Les grandes compagnies maritimes peuvent se détourner vers le port marocain.

Royal Air Maroc se plaint de la concurrence

Abdelhamid Addou, le PDG de Royal Air Maroc, appelle à une révision des accords de l’Open Sky (ciel ouvert) entre le Maroc et l’Union européenne, en vigueur depuis 2005. Ceci, en vue d’atténuer ses effets pervers sur la compagnie marocaine et garantir...

Blanchiment d’argent : le Maroc sort de la liste grise de l’Europe

La Commission européenne vient d’annoncer le retrait du Maroc de la liste grise de l’Union européenne des pays sous surveillance en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Cette décision fait suite à l’évaluation effectuée...

Annulation des accords UE-Maroc : le Polisario jubile

Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».

Transferts des MRE : les assurances d’Abdellatif Jouahri concernant une directive européenne

Les autorités marocaines vont engager des négociations avec la Commission européenne au sujet d’une directive européenne visant à restreindre les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE), a récemment annoncé Abdellatif Jouahri, le...