En quittant le Maroc pour la Syrie, Zoubair Al Hasnaoui, 37 ans, était à mille lieues d’imaginer que sa vie allait basculer dans le malheur. « Après le printemps, il y avait un grand discours incitatif de la part des cheikhs salafistes au Maroc, pour rejoindre la Syrie et l’Irak. Je suis parti avec enthousiasme, même si je n’étais pas religieux, mais un musulman ordinaire comme le reste des Marocains », confie-t-il à Al3omk. Un choix qui bouleversera sa vie. En Syrie, il dit avoir rejoint un groupe de combattants avant d’y renoncer, parce cela pesait sur sa conscience. « J’ai refusé de verser le sang des gens ou de m’impliquer dans tout conflit ou jugement religieux, et je suis resté isolé, ce qui m’a valu un regard suspect de la part des membres du groupe ».
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C’est le début de son calvaire. « J’ai été harcelé à cause de mon désaccord avec leurs idées et actions, j’ai tenté environ 10 fois de fuir la Syrie de manière secrète et de prétendre être un citoyen syrien, mais j’ai échoué, avant d’être arrêté par le Front al Nosra pour être prétendument un agent des services de renseignement marocains ». Al Hasnaoui poursuit : « J’ai été emprisonné pour la première fois et j’ai réussi à m’échapper, puis emprisonné une deuxième fois et j’ai également réussi à m’échapper, puis j’ai finalement décidé de quitter la Syrie vers la Turquie de manière très dangereuse pour moi et ma famille, car j’étais menacé, interdit de voyager et harcelé, j’ai donc choisi une manière de sortir qu’ils ne connaissaient pas ». Il réussit à quitter la Syrie, mais il n’était pas au bout de ses peines.
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Sa famille qui est entrée illégalement en Turquie vit dans une situation terrible. Les trois enfants – filles – qu’il a eus avec son épouse également d’origine marocaine et qui sont nés en Syrie, n’ont aucun document prouvant leur nationalité marocaine. Sans documents officiels, ses trois filles ne peuvent ni fréquenter une institution officielle, ni se rendre à l’hôpital en cas de maladie, ou même acheter des médicaments. « J’enseigne à mes filles dans des jardins d’enfants et des écoles illégales tenues par certains membres de la communauté arabe dans leurs maisons, nous traitons également avec des médecins et des infirmiers réfugiés arabes dans des cliniques illégales dans leurs maisons, et nous achetons des médicaments à des prix élevés malgré le risque pour leur santé ».
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Aujourd’hui, Al Hasnaoui redoute l’expulsion de sa famille vers la Syrie. « Notre situation en Turquie est illégale et nous sommes menacés d’expulsion à tout moment, nous craignons d’être expulsés vers la Syrie en raison d’erreurs commises par la Turquie dans ce domaine, surtout après que des Marocains ont été expulsés par erreur vers la Syrie précédemment ». Le souhait de cette famille marocaine, c’est de rentrer au Maroc. Un souhait qui tarde à se concrétiser. Seuls lui et son épouse peuvent retourner au Maroc. Après les démarches infructueuses menées envers le consulat marocain à Istanbul, le trentenaire dit avoir personnellement contacté la commission parlementaire créée par la Chambre des représentants marocaine concernant les Marocains détenus et emprisonnés en Irak et en Syrie. « Mais la situation reste en suspens à ce jour », dit-il. Il appelle alors le roi Mohammed VI au secours.
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Après plusieurs tentatives, contacts et démarches, Al Hasnaoui a été optimiste quant à la résolution prochaine de son dossier après avoir contacté personnellement la commission parlementaire créée par la Chambre des représentants marocaine concernant les Marocains détenus et emprisonnés en Irak et en Syrie, indiquant que des membres de la commission lui ont promis de résoudre son dossier, mais la situation reste en suspens à ce jour, dit-il.