Hannan Serroukh, une Marocaine vivant à Barcelone, a réussi à échapper à un mariage forcé en 1987 alors qu’elle n’avait que 14 ans. Depuis lors, elle lutte contre ce fléau qui gangrène la société espagnole.
La Marocaine Hannan Serroukh lutte contre le mariage forcé en Espagne
Forcée à se marier à 14 ans, Hannan Serroukh se bat contre « ce fléau qui gangrène la société espagnole »
Serroukh a été la première femme à dénoncer un mariage arrangé en Espagne. Depuis sa fugue, elle se consacre à la lutte contre ce fléau qui prend de l’ampleur en raison, selon elle, de la « permissivité » de l’État avec les communautés islamiques. Selon les données du ministère de l’Intérieur, au moins 27 mariages forcés ont été enregistrés en Espagne depuis 2015, année au cours de laquelle cette pratique est devenue pénalement punissable (article 172 bis du Code pénal).
Mais il n’existe pas de données exactes pour ce crime pour lequel les victimes ne portent généralement pas plainte, fait savoir El Español. « Dans les années 80 où j’ai fugué, nous vivions dans une société où les immigrés étaient plus considérés et protégés. Aujourd’hui, les choses sont beaucoup plus difficiles pour ceux qui vivent la même situation. Les communautés sont devenues de véritables ghettos… Les mariages forcés ont lieu sous le couvert d’un multiculturalisme incompris », déplore Serroukh.
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Serroukh est née à Barcelone en 1974, de parents marocains. Après la mort de son père alors qu’elle n’avait que six ans, sa mère s’est remariée à un autre Marocain, un extrémiste religieux ayant des liens avec le groupe des Frères musulmans. Quand elle a eu 14 ans, ce dernier a voulu la marier de force à un homme d’origine pakistanaise pour lui permettre d’entrer légalement en Espagne. C’est alors que Serroukh s’est enfuie de Figueres (Gérone) où elle vivait avec sa mère et son beau-père pour venir à Barcelone où elle a été prise en charge par les autorités.
Malheureusement, les choses ont changé dans le mauvais sens, déplore-t-elle. Lorsqu’une femme refuse un mariage arrangé, la communauté religieuse ou de son pays d’origine exerce une forte pression sur la famille qui, pour laver son honneur, persécute et harcèle la femme pour lui faire changer d’avis. Dans le pire des cas, la femme finit par être tuée, explique Serroukh, dénonçant une pratique qui se répand en Catalogne. Selon les statistiques de l’Intérieur, 14 des 27 mariages forcés enregistrés en Espagne ont été recensés dans cette communauté autonome.