Les imams de France dénoncent l’ingérence des politiques dans le religieux

26 mars 2021 - 21h20 - France - Ecrit par : J.K

Dans une déclaration, la ministre déléguée à la citoyenneté avait indiqué que les imams allaient « reconnaître », avec la charte de l’islam de France, le droit pour les couples homosexuels de se marier. La réaction des imams, n’a pas tardé.

Répondant à une question sur la charte des principes pour l’islam de France, partiellement votée au sein du culte musulman, la ministre déléguée à la citoyenneté avait déclaré sur LCI que « cette charte est engageante. […]. L’idée, c’est de dire comment on s’engage dans la lutte contre l’homophobie ? Est-ce que ça veut dire que dans les prêches, on considérera que deux hommes ont le droit de s’aimer, de se marier, comme deux femmes ont le droit de s’aimer et de se marier, comme le disent les lois de la République française ? C’est cela que dit cette charte ».

Dans un communiqué, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz qualifie ces déclarations d’ « incompréhensibles et inacceptables », fait savoir l’AFP. Dans cette charte signée par cinq des neuf fédérations du Conseil français du culte musulman (CFCM), dont la Grande Mosquée de Paris, « nous avons rappelé le principe d’égalité entre tous les êtres humains […] et nous avons clairement dit que cela impliquait le refus de toute discrimination liée à l’homosexualité », a poursuivi Hafiz. « Cette charte est notre affaire et je dénie à un ministre la capacité de dicter les prêches des imams. Que resterait-il de la liberté de religion ? Que resterait-il de la laïcité ? », s’est-il emporté.

D’ailleurs, « il y a une grande différence entre refuser toute discrimination notamment pour un motif d’orientation sexuelle et adhérer au mariage homosexuel. Comme les autres religions monothéistes, l’islam ne reconnaît le mariage qu’entre les personnes de sexes différents. Aucune autorité publique ou politique ne peut dicter une doctrine religieuse », a-t-il martelé. Même son de cloche de la part de la Confédération islamique Milli Gorus (CIMG) qui considère également cette déclaration comme « déplorable » dénonçant « une fois de plus l’ingérence des politiques dans le religieux ».

Pour rappel, la CIMG est l’association qui porte le projet de mosquée à Strasbourg. Un projet qui met à couteaux tirés le gouvernement et la maire Europe Ecologie-Les Verts de cette ville, Jeanne Barseghian, depuis mardi.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Religion - Mariage - Islam

Aller plus loin

L’imam de Gennevilliers limogé pour « propos sexistes »

La mosquée de Gennevilliers va devoir se trouver un autre imam. Le 8 juillet dernier, Mohamed Benali, président de l’association Ennour a été convoqué à la préfecture pour...

Voici ce que dit la "charte des principes pour l’Islam de France"

Cinq des huit fédérations composant le Conseil français du culte musulman (CFCM) ont adopté, dimanche 17 janvier, la « charte des principes » de l’islam de France. Composée de...

France : une nouvelle école pour former les imams

L’école nationale des cadres religieux et des aumôniers musulmans (Encram) d’Ostwald, en partenariat avec l’université de Strasbourg, a ouvert ses portes en vue de former des...

Les recteurs lyonnais s’opposent à la charte des principes de l’islam

Après les trois fédérations du Conseil français du Culte musulman (CFCM) qui refusent de signer la charte des principes de l’islam présentée au président français Emmanuel...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les discours radicaux dans les mosquées inquiètent

La députée du parti Fédération de la Gauche démocratique, Fatima Tamni, a interpelé le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq, au sujet de l’exploitation des tribunes des mosquées pour diffuser des discours radicaux contre les...

Maroc : les appels au Jihad dans les mosquées interdits

Ahmed Toufiq, ministre des Habous et des Affaires islamiques, a rappelé aux imams marocains les limites de leur rôle concernant la question palestinienne.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Divorces au Maroc : Une tendance inquiétante à la hausse

Au Maroc, le nombre de mariages a considérablement baissé, tandis que les cas de divorce ont enregistré une forte hausse au cours des quinze dernières années. C’est ce qu’indique le Haut-commissariat au plan (HCP) dans un récent rapport.

Aïd Al-Adha au Maroc : alerte sur les viandes vertes

Redoutant le verdissement des viandes à cause des fortes températures au Maroc et les maladies qui pourraient en découler, des experts appellent les consommateurs à la vigilance lors de la célébration de l’Aïd al-Adha.

Michel Houellebecq s’excuse auprès des musulmans

L’écrivain Michel Houellebecq revient sur les propos dangereux qu’il avait tenus envers les musulmans lors d’une discussion entre l’essayiste Michel Onfray et lui, et présente ses « excuses à tous ceux » qui se sont sentis offensés.

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Zakat Al Fitr : voici le montant à payer en France

Le Conseil Français du culte Musulman (CFCM) vient d’annoncer la date du début du ramadan en France, qui commence le 10 mars 2024. Il vient également de donner le montant de la Zakat Al Fitr que devront payer les musulmans en France.

Cheikh Mohammed Al Fizazi critique vivement la série de Mohamed Bassou

Le président de l’Association marocaine de la Paix et de la Transmission, Cheikh Mohammed Al Fizazi, a critiqué le comédien Mohammed Bassou pour sa série « Si Al Kala » diffusée sur sa page YouTube pendant ce mois de Ramadan, estimant qu’il ne fait que...

Le Conseil d’État annule un arrêté anti-burkini

La ville de Mandelieu-la-Napoule, dans le sud-est de la France, a vu son arrêté interdisant le port du burkini sur ses plages suspendu par le Conseil d’État. Cet arrêté, réitéré chaque année depuis 2012, avait été contesté en justice par la Ligue des...