Maroc : une fille se suicide pour échapper à un mariage forcé
Une jeune fille, qui refusait de céder à la volonté de ses parents de la marier, a mis fin à sa vie le dimanche 6 octobre à Dar belamri, dans la province de Sidi slimane.
Malgré les nombreuses sensibilisations, le mariage des mineures reste une réalité, selon le ministère de la Justice qui a révélé qu’entre 2009 et 2018, 319 177 demandes de mariages des mineures ont été accordées. Le phénomène est en plein essor, puisqu’il représente 13 % des unions en milieu rural, contre 6,56 % en milieu urbain.
Dans certaines régions, le mariage des mineures représente un taux très important, parfois égal à celui du mariage authentifié, surtout dans la région de Draa-Tafilalet. C’est d’ailleurs le taux élevé de ce type de mariage qui a poussé l’association Droits et Justice à lancer une étude en avril 2019, dont les résultats ont été livrés le 07 mars dernier.
Cette enquête a été menée auprès de 627 femmes dont 408 vivant dans les villes et 207 en milieu rural. Parmi les femmes sondées, âgées de 30 à 78 ans, beaucoup ont été mariées de force dès l’âge de 14 ans, en milieu rural dans la région de Draa-Tafilalet, à 46 ans, âge maximal, en milieu rural dans la région de Casablanca-Settat. Chose curieuse, l’échantillon a aussi concerné 12 hommes mariés alors qu’ils étaient mineurs. Comme raison pouvant expliquer ces unions forcées, il y a la vulnérabilité, la pauvreté, la non-scolarisation et la pression sociale. Mais aussi les dispositions législatives autorisant le mariage des mineures.
Pourtant, selon l’article 19 du code de la famille, "la majorité matrimoniale s’acquiert, pour le garçon et la fille, à 18 ans grégoriens révolus". C’est cet article qui a permis d’uniformiser l’âge de la majorité, car pendant des années, les capacités, civile, pénale et matrimoniale, étaient atteintes à des âges différents : 21 ans pour la majorité civile, 16 ans pour la majorité pénale, 18 ans pour les hommes et 15 ans pour les femmes en ce qui concerne la majorité matrimoniale.
Cependant, la Moudouwana, dans son article 20, autorise la famille à demander une dispense d’âge à 15 ans révolus. Et c’est, selon l’association Droits et Justice, cette dérogation apportée au Code de la famille qui fait l’objet d’une large utilisation par les tribunaux.
Toutefois, l’enquête a montré qu’en milieu rural, il existe des mariages par "contrats" entre des pères et des maris résidant à l’étranger. Dans ces cas, le mariage est promis contre d’importantes sommes d’argent. L’enquête révèle que dans 40 % des cas, l’épouse mineure et le marié sont souvent liés par des liens de famille. Il peut être le cousin, le voisin ou encore une connaissance du père ou du tuteur de la mariée.
De même, le mariage consanguin représente 18 % des mariages contractés durant la période de l’enquête. En zone rurale, il est de 20,41 % contre 13,51 % dans les villes.
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