Maroc : un café demande à un client de partir, il porte plainte

8 septembre 2025 - 11h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Un client a intenté une action auprès du président du tribunal de première instance de la ville de Mohammédia contre le propriétaire d’un café à cause de l’obligation faite au client de consommer une deuxième boisson après une heure, ou un peu moins, ou de quitter l’établissement.

Youssef El Assouli a vécu une expérience malencontreuse dans un café à Mohammédia. Dans une déclaration à Hespress, il raconte qu’il se trouvait dans un café avec des amis, et qu’après environ quarante-cinq minutes, le serveur l’a publiquement surpris en lui demandant de quitter les lieux ou de consommer une boisson supplémentaire, au motif que la durée autorisée pour rester assis était de seulement 45 minutes. Le client tombe des nues : « La condition d’une deuxième consommation ne m’a pas été notifiée au préalable, et elle n’était pas affichée dans le café ni dans la liste des prix ; ce qui rend son application soudaine à mon encontre un comportement arbitraire et contraire au principe de bonne foi dans l’exécution des obligations stipulé par le Code des obligations et des contrats ».

À lire : Maroc : interdit de rester plus de 15 minutes dans un café !

Youssef fustige la manière dont il a été interpellé publiquement devant ses amis, car cela a, selon lui, causé un grand embarras, porté atteinte à sa dignité et à sa position sociale, et lui a infligé un préjudice moral manifeste. Il décide de porter plainte contre le propriétaire du café. Dans ce sens, il a contacté un avocat et a intenté une action en justice auprès du président du tribunal de première instance de la ville de Mohammedia, afin de « réclamer une indemnisation pour le préjudice moral résultant de l’humiliation publique ».

À lire : Maroc : une tasse de café à ... 90 dirhams (9 euros)

« La décision d’imposer la consommation d’une deuxième boisson après une heure ou de quitter les lieux trouve ses justifications dans la nature de l’activité commerciale du café. […] le café est un espace limité, et si un client reste assis avec une seule boisson pendant de longues heures, il prive d’autres personnes de l’opportunité de s’asseoir et de consommer », explique un propriétaire de café dans la ville de Mohammédia. Il assure que la mesure ne vise aucune catégorie en particulier ; mais elle a pour but de préserver l’équilibre économique du café. « Les dépenses quotidiennes, entre loyer, électricité et salaires des employés, ne peuvent être couvertes si les clients se contentent d’une seule boisson pendant une longue durée », a-t-il souligné.

À lire : Casablanca : ras-le-bol face aux prix des cafés de plage

Il poursuit : « cette décision devient plus urgente aux heures de pointe, lorsque l’affluence vers le café augmente ». Il a en outre insisté sur le fait que « rester assis pendant de longues heures en échange d’une seule boisson perturbe le travail de l’équipe et crée un sentiment d’injustice chez les clients qui attendent une place ».

À lire : Maroc : jusqu’à 10 000 dirhams d’amende pour fumer en public, les cafés en colère

« L’autorisation que reçoit le propriétaire du café lui accorde le droit de fournir un service déterminé en contrepartie d’une rémunération fixée », a déclaré un membre de la Fédération marocaine des droits du consommateur. Selon ses explications, l’autorisation vise essentiellement à servir le client en contrepartie d’une rémunération convenue au préalable, tout en respectant l’aspect légal de la relation entre les deux parties. S’agissant de la durée passée dans le café – qu’elle soit d’une heure ou moins ou davantage –, il estime qu’il peut avoir un impact sur l’aspect économique du propriétaire du café, notamment si celui-ci compte sur la rotation des clients pour garantir un revenu stable.

« Certains cafés fixent une durée maximale de séjour afin d’équilibrer le revenu avec les dépenses ; mais ils ne l’annoncent pas à l’avance en vitrine ni dans la carte des boissons et plats proposés », a-t-il souligné. « D’un point de vue légal, le propriétaire du café a le droit d’organiser le service conformément à l’autorisation ; mais il n’a pas le droit d’imposer aux clients des conditions inappropriées, comme les obliger à consommer une autre boisson d’une manière qui les offense, surtout si le prix d’une seule boisson lui procure déjà un bon bénéfice », a-t-il poursuivi.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Plainte - Alimentation - Droits et Justice - Mohammedia

Aller plus loin

Casablanca : les propriétaires des cafés et restaurants en colère

Les autorités de Casablanca prévoient de mener une vaste opération de libération du domaine public, anarchiquement occupé par les propriétaires de cafés et de restaurants. Une...

Marrakech : le cri de détresse des propriétaires des cafés à chicha

La poursuite des campagnes visant les cafés à chicha, restaurants et boîtes de nuit de Marrakech, nuit à ces établissements ainsi qu’à l’économie locale, ont déclaré les...

Casablanca : ras-le-bol face aux prix des cafés de plage

De nombreux internautes ont dénoncé sur les réseaux sociaux la hausse injustifiée des prix des plats et des boissons dans les cafés et restaurants situés sur les plages de...

Maroc : jusqu’à 10 000 dirhams d’amende pour fumer en public, les cafés en colère

Les amendes pour les fumeurs consignées dans une proposition de loi initiée par le groupe du Parti de la Justice et du Développement (PJD) à la Chambre des représentants passent...

Ces articles devraient vous intéresser :

Ramadan au Maroc : qui en profite le plus ?

Pendant le mois de Ramadan, les dépenses moyennes des ménages marocains connaissent une hausse de 18,2 % par rapport aux autres mois de l’année, selon une étude du Haut-commissariat au plan (HCP). Les secteurs de l’alimentation, de la vente des tenues...

Naïma Samih : son fils en colère

Chems-Eddine Belkaid fils de la chanteuse marocaine défunte Naïma Samih, menace d’engager des poursuites judiciaires contre les organisateurs de concerts – hommage à sa mère sans son accord préalable.

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...

Le Maroc contraint d’importer du blé

Le Maroc se tourne une fois de plus vers le marché international pour augmenter ses importations de blé afin de compenser la baisse considérable de sa production durement touchée par la sécheresse cette année.

Maroc : le pain, dangereux pour la santé ?

L’Association marocaine de défense des droits du consommateur pointe du doigt la qualité des pains produits dans les boulangeries clandestines dans plusieurs quartiers et ruelles du royaume.

Des Marocains célèbrent la fin des accords de pêche avec l’Europe

Sur Facebook, de nombreux internautes marocains et des spécialistes des relations maroco-européennes affichent leur satisfaction après la décision de la Cour de justice annulant les accords de pêche entre l’Union européenne (UE) et le Maroc.

Alerte au miel « aphrodisiaque » en vente au Maroc

Du « miel aphrodisiaque » ou du « miel de virilité » inonde le marché marocain et inquiète le Syndicat des professionnels de l’apiculture au Maroc.

Maroc : la fin du pain à 1,20 dirham ?

Alors que le prix du pain de base est maintenu à 1,20 dirhams grâce à une subvention de la Caisse de compensation, les boulangers marocains s’apprêtent à négocier l’avenir du pain avec le ministre de l’Agriculture, du Développement rural, des Eaux et...

Maroc : des ventes clandestines de moutons malgré l’appel du roi Mohammed VI

À quelques jours de la célébration de l’Aïd al adha, la prolifération anarchique de points de vente saisonniers de moutons dans les faubourgs de Salé pousse les autorités locales à déployer des commissions de contrôle dédiées aux marchés, permanents ou...

Maroc : la hausse des cas d’intoxications alimentaires inquiète

Au Maroc, la recrudescence des cas d’intoxication alimentaire dans les plusieurs villes inquiète les associations de défense des droits des consommateurs qui appellent à renforcer les contrôles dans les restaurants et établissements de restauration...