Pour réduire sa dépendance vis-à-vis du Maroc qui a fermé sa douane commerciale depuis 2018, bloquant le trafic de marchandises, Melilla a décidé de se tourner vers l’Europe pour diversifier son économie. Mardi, les autorités de la ville ont conclu un accord avec le ministère des Affaires étrangères pour l’ouverture d’une délégation au sein de la représentation de l’Espagne près de l’UE (REPER), fait savoir El Periódico de Espana. Pour le président de Melilla, l’ouverture de ce bureau vise à donner de la visibilité à la ville autonome et à la rapprocher de l’Europe.
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C’est le couronnement de deux ans d’efforts, de voyages et de réunions à tous les niveaux pour faire en sorte que la voix de Melilla soit entendue et prise en compte dans l’Union européenne, a indiqué Eduardo de Castro. Melilla devient ainsi la septième communauté à ouvrir un bureau au sein du REPER, après l’Andalousie, Madrid, Castille et León, Castille-La Manche, Galice, les Asturies et Cantabrie. Melilla avait adressé une lettre au gouvernement, lui demandant de profiter de la présidence de l’UE pour adhérer au Conseil des régions, un organe consultatif important en matière d’investissement et de projet.
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Rabat et Madrid ont convenu de mettre fin au commerce atypique (contrebande) à la frontière de Melilla, entraînant des dizaines de millions d’euros de pertes aux habitants qui vivaient de ce commerce. Par ailleurs, le trafic de passagers du Maroc vers Sebta et Melilla a aussi considérablement baissé, passant d’environ 30 000 Marocains avant la pandémie du Covid-19, à près de 3 000 actuellement. La cause, les restrictions et de contrôles de passeport qui se sont renforcés aux frontières qui sont devenues plus ordonnées, au grand détriment des habitants de Sebta et Melilla et des villes marocaines voisines de Tétouan et Nador.
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Les deux villes autonomes ont aussi demandé au gouvernement d’engager les démarches pour leur entrée dans l’Union douanière de l’UE, tant que cela n’affecte pas leur régime économique et fiscal spécial. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement de Pedro Sanchez n’oserait pas s’engager dans une telle démarche pour éviter d’irriter le Maroc. « Rabat est toujours réticent à faire de Ceuta et Melilla des villes plus européennes, car si nous sommes plus Europe, nous sommes aussi plus Espagne, et cela complique leurs revendications », avait déclaré Eduardo de Castro.