France : une famille marocaine humiliée et expulsée avant le confinement
L’expulsion d’une famille marocaine résidant à Évreux vers l’Espagne à la veille de l’entrée en vigueur du confinement en France le 16 mars 2020, a suscité un tollé général.
Helena Maleno, militante espagnole des droits des migrants, également fondatrice de l’ONG espagnole Caminando Fronteras, connue pour son travail de soutien aux communautés migrantes subsahariennes durant le processus migratoire dit avoir été victime d’une expulsion violente au Maroc. Elle demande aux autorités marocaines « de stopper » de la persécuter.
« J’ai été violemment expulsée […] La police m’attendait à l’aéroport de Tanger, je ne savais pas ce qui se passait », a-t-elle raconté lors d’une conférence de presse, lundi à Madrid, faisant savoir que les faits ont lieu le 23 janvier. Ce jour-là, elle s’apprêtait à rentrer au Maroc où elle vit depuis près de 20 ans. À sa grande surprise, les autorités marocaines l’avaient fait monter dans un avion pour Barcelone. La militante espagnole dit avoir été empêchée de boire de l’eau ou de prendre ses médicaments. Ses papiers lui avaient été confisqués. Elle évoque un traitement « humiliant ». Helena Maleno confie par ailleurs avoir été séparée de sa fille de 14 ans pendant plus d’un mois.
À l’en croire le ministère espagnol de l’Intérieur était informé de son expulsion. Mais ce ministère a assuré à l’AFP qu’il « n’avait pas eu connaissance de ces faits et n’y avait participé d’aucune manière ». La cinquantenaire est visée par des enquêtes judiciaires au Maroc ainsi que dans son pays ces dernières années. Une enquête pour trafic d’êtres humains en lien avec sa lutte contre les naufrages de migrants en Méditerranée avait été d’ailleurs classée sans suite par la justice marocaine en 2019. En avril 2017, la justice espagnole avait classé une procédure sans suite. Une procédure enclenchée suite à la transmission d’un rapport faisant état des possibles liens de la militante avec une « organisation criminelle ».
Bien qu’elle soit tirée d’affaire plus d’une fois, elle affirme avoir toujours été victime de harcèlement. « Depuis avril 2020, moi et ma famille avons été victimes de 37 attaques et je tiens les gouvernements espagnol et marocain responsables », a-t-elle poursuivi. Elle leur demande « de stopper cette persécution ». Elle confie avoir été suivie plusieurs fois et que la porte de son domicile au Maroc avait été forcée à trois reprises.
« Le cas de Helena est malheureusement l’exemple typique de ce qui peut arriver à toute personne défendant les droits (des migrants) aux frontières de l’Union européenne », a déclaré Maria San Martin, de l’ONG basée en Irlande, Front Line Defenders.
Aller plus loin
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