« Au Maroc, il n’y a pratiquement pas de travail. Six millions de jeunes, âgés de 15 à 24 ans, n’ont pas d’emploi et ne sont pas scolarisés. Ils traînent dans les rues et vivent chez leurs parents ou chez des proches. Ils attendent une chance d’aller en Europe », explique l’économiste Rachid Touhtouh, dans un entretien à Dagblad van het Noorden.
Et d’ajouter : « Le Maroc attire peu d’investisseurs internationaux susceptibles de fournir des emplois. Le gouvernement est désormais le plus gros employeur et cela pose problème. Il y a beaucoup de corruption au Maroc. Quiconque a des relations, “wasta”, comme on dit, peut obtenir un bon poste au gouvernement. Si vous n’avez pas ça, vous devenez un vendeur de rue, de vêtements d’occasion au marché ou de fruits et légumes sur un vélo cargo. Ces gens gagnent environ 5 euro par jour. Louer une chambre à Rabat coûte plus de 300 euros par mois ».
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La plupart de ces jeunes vivent dans l’extrême pauvreté. « Ils vivent dans des bidonvilles ou des quartiers avec des logements sociaux bon marché. Comme ils n’ont pas de "wasta", ils n’ont pas accès à une formation ou un travail convenable. Ils consomment des drogues et passent parfois des jours sans manger », souligne l’expert, précisant que ces jeunes, désespérés, ne rêvent que d’une chose : partir en Europe pour se construire un meilleur avenir. Mais sans papiers et sans argent, ce n’est pas évident. Ils deviennent alors des problèmes pour les pays où ils immigrent, comme les Pays-Bas.
« Qu’attendez-vous d’un garçon issu d’un bidonville ? […] Ces garçons ont subi des agressions depuis leur enfance. Ce ne sont pas des anges. Ce sont des gens qui ont toujours dû se battre pour survivre. Ils font un voyage en bateau où ils mangent à peine pendant trois ou quatre jours… Ne vous méprenez pas, c’est une expérience traumatisante », détaille Touhtouh, ajoutant que des médecins, ingénieurs et étudiants rejoignent également l’Europe chaque année.