Automobile électrique : le Maroc peut-il rester dans la course ?

16 mai 2024 - 12h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Le Maroc continue de consolider sa position en tant que plus grand centre de production automobile d’Afrique. Mais pourra-t-il relever le pari de l’électrique compétitif face aux États-Unis, à la Chine et la France, en avance sur ce chantier ?

En l’espace de deux décennies, les incitations commerciales et les investissements dans les infrastructures comme la ligne ferroviaire de fret ont permis au Maroc de faire croître son industrie automobile autrefois presque inexistante à la plus grande d’Afrique. Le royaume compte aujourd’hui plus de 250 équipementiers automobiles, dont beaucoup sont des filiales d’entreprises étrangères, qui emploient quelque 220 000 personnes. Il fournit plus de voitures à l’Europe que la Chine, l’Inde ou le Japon, et a la capacité de produire 700 000 véhicules par an. « Il y a 15 ans, nous n’exportions pas une seule voiture. Aujourd’hui, c’est le premier secteur exportateur du pays », a déclaré Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce dans une interview à Associated Press. Selon ses explications, le Maroc s’est distingué des autres destinations d’externalisation en développant ses ports, ses zones de libre-échange et ses autoroutes. De plus, le gouvernement a offert des subventions allant jusqu’à 35 % aux constructeurs pour qu’ils installent des usines dans l’arrière-pays rural en dehors de Tanger, où Renault produit désormais des Clio ainsi que des Dacia Sandero, le véhicule de tourisme le plus populaire d’Europe, et prévoit bientôt de commencer à fabriquer des Dacia Jogger hybride.

À lire :Maroc : un hub pour l’industrie automobile chinoise en Europe

Aujourd’hui, le Maroc se prépare à l’ère des véhicules électriques s’inscrivant ainsi dans la même dynamique que l’Europe qui s’efforce d’éliminer progressivement les moteurs à combustion au cours de la prochaine décennie. Mais pourra-t-il relever le défi de l’électrique compétitif ? Les succès enregistrés par Renault au Maroc en font une destination attractive pour d’autres investisseurs, notamment dans les véhicules électriques, a déclaré Mohamed Bachiri, directeur des opérations du groupe français. Selon lui, l’industrie marocaine va probablement continuer à croître, car le « taux d’intégration » du Maroc – le pourcentage de pièces détachées que les constructeurs automobiles peuvent s’approvisionner au niveau national – a régulièrement augmenté pour atteindre plus de 65 %. Le pays dispose également d’un avantage concurrentiel en disposant d’employés de l’automobile expérimentés et qualifiés qui manquent à d’autres destinations d’externalisation, a ajouté Bachiri. Et de poursuivre : « Nous sommes prédisposés à fabriquer des voitures pour les clients de notre secteur. Et le jour où ils décideront qu’ils ont besoin de véhicules électriques, nous le ferons ».

À lire :Renault va produire plus de véhicules électriques au Maroc

Alors que « les États-Unis et les pays européens encouragent leurs constructeurs automobiles à « localiser » la production de véhicules électriques, le Maroc s’enorgueillit depuis longtemps d’être un marché libre qui évite les droits de douane et les barrières commerciales », note la publication. En conséquence, le royaume se retrouve coincé alors que les pays en lice pour les avantages de la production de véhicules électriques adoptent des politiques pour protéger leurs industries automobiles nationales. Les gouvernements occidentaux qui poussent depuis longtemps les pays en développement à adopter le libre-échange adoptent désormais des politiques visant à stimuler leur propre production de véhicules électriques, fait savoir l’auteur de l’article. En 2023, la France et les États-Unis ont tous deux adopté des crédits d’impôt et des incitations pour les consommateurs qui achètent des véhicules électriques fabriqués respectivement en Europe ou en Amérique du Nord. Les incitations américaines peuvent s’étendre au Maroc, les deux pays partageant un accord de libre-échange. Pas de quoi rassurer Ryad Mezzour. Selon lui, ces incitations compliquent la chaîne d’approvisionnement mondiale et rendent parfois son travail plus compliqué. « Nous vivons dans une sorte de nouvelle ère de protectionnisme », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Nous vivons dans une instabilité en termes de règles commerciales, ce qui rend la tâche plus difficile pour des pays comme le Maroc qui ont investi massivement dans un commerce ouvert, libre et équitable. »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - États-Unis - Automobile - Chine

Aller plus loin

Maroc : la "hausse des prix" des voitures reportée

L’appel des professionnels de l’automobile pour un report de la décision conjointe de Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la Logistique et de Leila Benali,...

Industrie automobile : Le Maroc se positionne parmi les grands constructeurs mondiaux

L’industrie marocaine, en particulier le secteur automobile, a connu ces dernières années une croissance fulgurante, propulsant le Royaume au rang des concurrents sérieux sur la...

Industrie marocaine : l’automobile tire les exportations vers le haut

Les exportations du secteur automobile ont augmenté de 37,4 % à fin juillet 2023 par rapport à la même période de 2022, atteignant près de 82,02 milliards de dirhams (MMDH),...

Le Maroc, future plaque tournante de la fabrication de véhicules électriques

Le Maroc va devenir une plaque tournante de la fabrication de véhicules électriques qui s’engage dans une révolution des transports durables. C’est ce qu’affirme une nouvelle...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le marché marocain des voitures neuves s’envole

Le marché des voitures neuves au Maroc affiche une progression notable à fin octobre, selon les dernières données de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM).

Voiture de location ou empruntée : les règles douanières pour les MRE

L’entrée au Maroc d’un véhicule immatriculé à l’étranger et conduit par une personne qui n’en est pas le propriétaire est une situation administrative très encadrée.

Achat de véhicules de luxe : le fisc marocain traque les fraudeurs

La Direction générale des impôts (DGI) traque les fraudeurs opérant dans des garages spécialisés dans la vente de voitures de luxe dans les régions de Casablanca-Settat et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma.

Le gouvernement marocain s’attaque à l’usage privé des véhicules de l’État

La ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah, a annoncé l’intention du gouvernement de prendre des mesures contre l’utilisation anarchique des véhicules de l’État.

Voitures électriques : le Maroc, future puissance industrielle ?

Lentement mais sûrement, le Maroc s’impose comme un pays émergent en matière de production, d’exportation et d’écoulement de batteries et de véhicules électriques.

Gardiens de parking : l’arnaque continue à Casablanca

Au Maroc, la fin du diktat des gardiens de parking illégaux communément appelés « gilets jaunes » n’est pas pour demain. Les automobilistes continuent de payer des tarifs illégaux. Un énorme manque à gagner pour les conseils communaux.

Maroc : la "hausse des prix" des voitures reportée

L’appel des professionnels de l’automobile pour un report de la décision conjointe de Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la Logistique et de Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable sur l’obligation...

Maroc : comment la location de voitures se transforme

Le secteur de la location de voitures reprend des couleurs au Maroc. Secoué ces dernières années par des crises successives, le marché a été marqué par une reprise significative en 2024, avec une acquisition de plus de 52 000 véhicules, soit une...

Automobile : l’inquiétante baisse des exportations au Maroc

Les exportations automobiles marocaines ont enregistré à fin mai 2025 une baisse de 4 % par rapport à la même période de l’année dernière. Une régression qui pèse sur les exportations marocaines.

Maroc : le diesel a de beaux jours devant lui

Alors que les importateurs et concessionnaires de voitures neuves se félicitaient de la mise en application de la norme environnementale européenne Euro 6, pour l’homologation des véhicules neufs commercialisés sur le marché marocain, le gouvernement...