Maroc : la communauté homosexuelle monte au créneau

29 mai 2020 - 16h00 - Maroc - Ecrit par : G.A

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes de défense des droits de la communauté LGBTQ+ au Maroc ont témoigné leur soutien à Adam Muhammed, qui aurait été violé par le journaliste Soulaiman Raïssouni.

Dans ce communiqué, publié simultanément sur plusieurs pages Facebook et signé par huit groupes dont "Dynamique Trans", "Association Akaliyat", "SAQFE", "Nassawiyat" ou encore "Groupe d’action féministe Maroc", les défenseurs de la cause LBGTQ+ au Maroc ont déclaré leur soutien à Adam Muhammed qui accuse de viol le rédacteur en chef du journal Akhbar Al Youm, Soulaiman Raïssouni. La présumée victime a également porté plainte contre l’avocat de ce dernier, Abd El Moulay El Mourouri, pour "incitation à la haine, suite à un post dans lequel celui-ci s’interroge sur la légitimité d’une plainte pour viol, déposée par une personne homosexuelle".

Contacté par le360, "Nassawiyat", qui se présente comme un "groupe féministe et LBTQ", "autogéré et non enregistré parce qu’il est impossible de le faire actuellement au Maroc", explique avoir l’habitude de ces genres d’actions communes pour la lutte contre les discriminations et les violences dont sont victimes les membres de leur communauté. C’est normal "quand il s’agit de questions qui nous touchent comme dans l’affaire récente d’outing", a déclaré ce groupe féministe.

Au Maroc, les médias sociaux ont souvent été inondés par des appels à la discrimination et des incitations à la haine et à la violence contre les membres de la communauté LGBT. Les huit groupes signataires du communiqué, insistent sur plusieurs points en déclarant "apporter leur soutien inconditionnel et leur solidarité à la présumée victime et militant des droits de l’Homme, Adam Muhammed. À les en croire, l’acte incriminé est une "violation flagrante du droit à la protection des données et de la vie privée, consacré au chapitre 24 de la Constitution marocaine et à l’article 12 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, puis à l’article 17 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques".

Ils ont également condamné les déclarations de certains militants des droits de l’Homme qui voient dans cette affaire "des règlements de comptes politiques et s’efforcent de faire taire la victime en la privant de son droit à la justice". Pour les huit groupes signataires, cette affaire "n’est pas une question politique qui affecte la liberté de la presse". Si les charges qui pèsent contre l’agresseur sont prouvées, il devra en répondre devant la justice", ont-ils déclaré. Ils désapprouvent et dénoncent "les comportements tendant à blâmer la victime, à l’accuser, à la diffamer et à le couvrir de honte", y voyant "la normalisation de la culture du viol et des agressions sexuelles".

Dans ce communiqué, les huit groupes signataires demandent également à ce que soit décriminalisée "l’homosexualité au Maroc et supprimés tous les articles criminalisant la communauté LGBT, en premier lieu le chapitre 489 du Code pénal marocain". Il est aussi demandé de revoir "l’article 1 du chapitre 431 du Code pénal marocain afin d’y inclure un alinéa sur la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, les identités et les expressions de genre". Ils appellent également à la "promulgation des lois qui garantissent, préservent et protègent le droit et la dignité de la communauté LGBT".

Conscients que la tâche ne sera pas facile pour essayer d’arracher une certaine légitimité, ils se disent "plus forts que jamais, avec la mise en place de plusieurs collectifs qui luttent pour les droits des personnes LGBTQ+, et mettent en place des campagnes de soutien, d’information et de lutte pour l’abolition de l’article 489". C’est pour toutes ces raisons que "le présumé viol de Adam Muhammed est devenu pour ce collectif, non seulement une raison pour afficher un soutien déterminé au plaignant, mais aussi une occasion de faire avancer sa lutte et de faire valoir les droits de la communauté LGBTQ+".

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