Près de 600 migrants subsahariens se retrouvent entassés dans des salles de l’aéroport. Les syndicats de police et les employés de l’aéroport Adolfo Suárez-Madrid Barajas expliquent que ces migrants subsahariens, d’origine sénégalaise pour la plupart, embarquent à Casablanca sur des vols de Royal Air Maroc à destination du Salvador, de la Bolivie ou du Brésil, avec une escale à Madrid. « Les Sénégalais, par exemple, n’ont pas besoin de visa pour se rendre au Salvador ou au Nicaragua. Ils n’ont pas non plus besoin de visa de transit pour passer par l’Espagne », confie à El Espanol un employé d’Iberia à l’aéroport Adolfo Suárez-Madrid Barajas.
« Ce qu’ils font quand ils arrivent ici, c’est déchirer leur passeport et demander l’asile. Ils font ce que les mafias leur disent de faire », fait savoir une source du syndicat de police Jupol. L’employé d’Iberia ajoute que ces migrants « sont souvent bloqués à Madrid parce que les billets [pour traverser l’Atlantique] sont falsifiés par la mafia ». Se retrouvant ainsi dans l’impossibilité de poursuivre leur voyage et ou de quitter l’aéroport, ils n’ont d’autre choix que de demander l’asile. Les autorités espagnoles sont informées du problème. Mi-janvier, le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, s’est rendu à Rabat pour échanger avec son homologue marocain afin d’y trouver une solution durable.
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Pour le moment, l’une des options envisagées est la mise en place d’un visa de transit empêchant les escales à Madrid. Mais en attendant, les migrants continuent d’arriver en masse à l’aéroport Adolfo Suárez-Madrid Barajas où ils vivent dans des conditions déplorables. Un affrontement entre deux groupes de migrants a failli virer au drame samedi, n’eut été l’intervention rapide de la police. Douze policiers anti-émeutes ont été déployés dans la zone pour assurer une permanence. Le syndicat de police Jupol dénonce pour sa part un manque de personnel pour gérer toutes les demandes d’asile, dont les plus nombreuses sont liées à l’orientation sexuelle, à la traite des êtres humains et aux mutilations génitales.
« La situation est intenable. Les gens sont privés des conditions minimales d’hygiène. Il n’y a pas assez de toilettes, il n’y a pas d’endroit où dormir, les quelques lits qui existent sont dans des conditions déplorables, il y a des punaises de lit, il n’y a pas de contrôle des maladies possibles… C’est une situation qui viole tous les droits fondamentaux de base, non seulement de la constitution, mais aussi du droit international », critique une avocate spécialisée dans les demandes d’asile, dénonçant la lenteur dans le traitement des demandes du fait de la difficulté de trouver un traducteur interprète qui comprend la darija ou le wolof. Un demandeur d’asile peut facilement passer « 10 ou 15 jours » à attendre d’être interrogé, relève l’avocate.