« Asservissement par la dette » : des Marocains victimes d’exploitation à Meaux

5 février 2025 - 09h00 - France - Ecrit par : S.A

Soupçonné d’avoir exploité des salariés, originaires du Maroc, au château d’Automne à Chambry, deux femmes et un homme, comparaissent devant le tribunal correctionnel de Meaux (Seine-et-Marne). Ils risquent jusqu’à sept ans de prison et 200 000 euros d’amende.

Abderrahim, un Marocain de 63 ans, son épouse de 51 ans, et leur fille de 28 ans, sont jugés pendant deux jours à partir de ce mardi au tribunal de Meaux (Seine-et-Marne) pour traite d’humains et conditions de travail et d’hébergement indignes. Douze employés sans titre de séjour – originaires du Maroc – les accusent de les avoir embauchés pour la construction d’un hôtel, de les avoir exploités, maltraités au château d’Automne à Chambry, à côté de Meaux, entre 2019 et 2022, rapporte Le Parisien. Les conditions de travail étaient « absolument insoutenables », affirme leur avocat Maxime Cessieux. Il enchaîne : « Les travailleurs montaient sur le toit sans baudrier et sans protections. Les travaux menés étaient dangereux. Les amplitudes horaires étaient incroyables. »

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Les ouvriers, qui devaient percevoir de 1 000 à 1 200 euros mensuels, « étaient payés selon l’humeur des gérants. » Pire, parfois, les employés ne recevaient pas la totalité, voire rien du tout, des émoluments prévus. « C’est ce qu’on appelle un asservissement par la dette : c’est quand un employeur vous doit de l’argent et que vous restez même si les conditions sont indignes dans l’espoir d’être payé », poursuit la défense. Et ceux qui osaient se plaindre « étaient menacés d’être renvoyés dans leur pays », complète l’avocat. À en croire Cessieux, les conditions d’hébergement étaient à l’avenant de celles du travail. « Le site n’était pas encore adapté au logement. Les locaux n’étaient pas fermés, pas chauffés, ils étaient dépourvus de sanitaires. Quand vous travaillez toute la journée, vous ne pouvez pas vous laver. »

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Pour l’avocat, il est clair que toutes les conditions sont réunies pour parler de traite d’humains et de conditions de travail et d’hébergement indignes. « Mais il appartiendra au tribunal de décider. » Les trois accusés risquent jusqu’à sept ans de prison et 200 000 euros d’amende.

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