Aujourd’hui mère de quatre enfants, Fatiha explique les raisons qui l’ont poussée à rejoindre la Syrie en 2015 et à se marier avec deux combattants. Ses trois premières filles sont nées dans ce pays en guerre, sous le joug des groupes terroristes. Mais elle assure n’avoir pas vécu dans une zone de conflit. « Nous vivions dans une région tranquille à chaque fois. J’ai pu entendre des bombardements au loin », explique-t-elle lors de sa comparution devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. Fatiha est poursuivie du chef de participation aux activités d’un groupe terroriste, rapporte Sud Info.
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La jeune femme raconte qu’elle s’est rendue en Syrie pour y retrouver un jeune Bruxellois, Faris, qui a rejoint les rangs de Jabat Al-Nosra, un groupe affilié à Al-Qaïda, en Syrie depuis 2012. Les deux jeunes se connaissent depuis leur jeune âge et semblaient avoir un début de relation amoureuse avant le départ de Faris en Syrie. Le jeune homme tentait depuis 2013 de convaincre Fatiha de le rejoindre, mais la jeune femme n’approuvait pas son affiliation à l’État islamique et estimait qu’il « a pris le mauvais chemin », a-t-elle expliqué jeudi devant le tribunal.
Mais après deux ans, elle se résout à rejoindre Faris. « Il m’avait promis que je pourrais rentrer à tout moment. Je me suis sentie trahie par ses promesses. J’ai rapidement compris que j’avais commis une erreur », développe-t-elle. Un an plus tard, Faris meurt au front à Idlib, une ville du nord-ouest syrien, alors que Fatiha était déjà enceinte de sept mois. La jeune femme se retrouve seule dans ce pays en proie à la guerre. Elle dit avoir été recueillie par des amis syriens grâce à qui elle fait la connaissance de son second mari. Avec ce dernier, elle a eu deux enfants avant de se décider en novembre 2020 à quitter la Syrie pour la Turquie.
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Deux ans plus tard, Fatiha est de nouveau enceinte et décide de rentrer en Belgique et d’assumer ses responsabilités. La jeune femme était avait été par défaut en mai 2018 à cinq ans de prison. « De toutes les femmes condamnées par défaut, elle est la seule à avoir bénéficié d’une libération conditionnelle à son arrivée en Belgique », indique la magistrate debout, soulignant que la prévenue s’est rendue d’elle-même aux autorités, ne montre aucun signe de radicalisation ou risque de récidive selon les experts psychiatres. Pour ces raisons, elle ne devrait pas être renvoyée en prison, espèrent la défense et le parquet fédéral qui souhaitent une suspension probatoire du prononcé ou une condamnation à quatre ans de prison avec sursis. Fatiha sera fixée sur son sort le mois prochain.