Le cerveau présumé des kidnappings cryptos serait caché au Maroc

31 mai 2025 - 21h00 - France - Ecrit par : P. A

Arrêtés en début de semaine à Paris, 25 individus ont été présentés à la justice vendredi. Ils sont accusés de tentatives d’enlèvements dans le milieu de la cryptomonnaie.

Les agents de la Brigade de répression du banditisme (BRB) de Paris ont ouvert une information judiciaire pour « tentative d’enlèvement en bande organisée » et « associations de malfaiteurs » après deux tentatives d’enlèvement de la fille de Pierre Noizat, PDG d’une société d’échanges de cryptomonnaie, les 12 et 13 mai dans le XIᵉ arrondissement de Paris, et un projet de kidnapping de l’un des fondateurs d’une société de minage dans le Bitcoin et son épouse, le 26 mai à Couëron (Loire-Atlantique). Les enquêteurs tentent d’établir des liens entre ces affaires et deux autres enlèvements violents survenus ces six derniers mois, dont celui de David Balland, génie de la cryptomonnaie, dans le Cher. Le commanditaire commun de tous enlèvements serait caché au Maroc, fait savoir Le Parisien.

À lire : Rapt « crypto » : les exécutants devant les juges, le cerveau présumé toujours au Maroc

Dans un rapport de synthèse, les enquêteurs découvrent un vaste réseau criminel, « une organisation mafieuse à plusieurs niveaux », composée de « jeunes exécutants prêts à toutes les exactions afin d’assouvir leur désir d’argent facile » et « agissant sur instructions ». Le gang avait planifié d’enlever la fille de Pierre Noizat à Paris le 12 mai. La cible, âgée de 34 ans, devait être embarquée de force dans une camionnette en pleine rue, puis transférée dans une seconde camionnette avant d’être séquestrée dans une location Airbnb secrète. Elle sera libérée quand son père aura versé une rançon. Mais pour diverses raisons, ce plan ne s’est pas déroulé comme prévu. Le 13 mai, les membres du réseau tentent à nouveau de kidnapper la fille du PDG de la société de crypto Paymium. A bord d’une camionnette garée rue Pache (Paris XIe), non loin d’une école, ils guettent la victime, enceinte et qui venait chercher son fils de deux ans.

L’intervention du compagnon de la cible et d’un riverain ont contraint les criminels à abandonner leur projet funeste. Grâce aux caméras de surveillance, trois d’entre eux ont été identifiés comme étant des mineurs d’à peine 16 et 17 ans. Les enquêteurs parviennent aussi à identifier les camionnettes utilisées par ce réseau pour commettre ses forfaits. L’une d’elles, une Renault Trafic, a été retrouvée stationnée à Nanterre (Hauts-de-Seine). Les agents de la BRB constatent qu’elle a été replaquée et portait des logos de l’enseigne « Rent and drop ». Un autre fourgon de même modèle siglé « Aux Bons déménageurs », a été identifié à deux pas du premier, dans cette zone isolée dans une zone industrielle. Les enquêteurs soupçonnent la préparation d’un nouveau projet d’enlèvement.

À lire : Enlèvement de David Balland : une rançon en cryptomonnaie envoyée vers le Maroc

Les enquêteurs ont découvert que les membres du réseau criminel prévoyaient de kidnapper simultanément le lundi 26 mai, à 10h10 précisément, un riche entrepreneur dans la cryptomonnaie et sa compagne. Là encore, rien ne se passe comme prévu. Les policiers de la BRB, assistés de la brigade de recherches et d’intervention (BRI) de Paris, parviennent à déjouer leurs plans. Huit individus, âgés entre 17 et 23 ans, ont été interpelés dans les deux camionnettes, alors qu’ils s’apprêtaient à passer à l’action. Le conducteur de l’un des fourgons est un jeune d’à peine 17 ans qui n’a pas de permis. Les prévenus sont nés à Paris et au Sénégal pour l’un d’entre eux et résident tous en région parisienne (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Essonne).

Les enquêteurs ont retrouvé dans les camionnettes des gants, des cagoules, des bombes lacrymogènes, ainsi que des fusils type M15 et des pistolets type Glock, un iPhone 8 connecté à l’application de guidage Waze, sur laquelle a été inscrite l’adresse des cibles. Parallèlement, la PJ de Paris a procédé à des interpellations en région parisienne, dont des logisticiens et des lieutenants. Pour les enquêteurs, tous ces suspects constituent « une main-d’œuvre facile à recruter, interchangeable à l’infini, mais ayant toujours pour fil rouge un sentiment d’impunité et une violence gratuite ». « On assiste à une taylorisation du crime organisé : chaque jeune exécute une micro-tâche, souvent pour presque rien, parfois sous pression. C’est désolant. Pour si peu, ils risquent de lourdes peines et gâchent leur avenir », ont déploré les avocats de l’un des suspects.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Paris - Enquête - Arrestation - Droits et Justice - Enlèvement

Aller plus loin

Birmanie : rançon en crypto-monnaie pour libérer les otages marocains

Un des Marocains détenus au Myanmar, à la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, a été libéré après que sa famille a payé une rançon de 8 000 dollars en crypto-monnaie....

Affaire Badiss Bajjou : son ex-compagne dans le collimateur de la justice

L’ex-compagne de Badiss Bajjou, le commanditaire présumé des récents enlèvements dans le milieu de la cryptomonnaie en France et arrêté le 3 juin à Tanger, a été mise en examen...

Rapt « crypto » : les exécutants devant les juges, le cerveau présumé toujours au Maroc

Alors que le commanditaire présumé de la vague d’enlèvements visant le milieu des cryptomonnaies, un Franco-Marocain de 40 ans, se trouverait au Maroc, l’enquête a connu une...

Enlèvement de David Balland : une rançon en cryptomonnaie envoyée vers le Maroc

L’importante rançon en cryptomonnaie exigée après l’enlèvement de David Balland, cofondateur et ex-employé de Ledger, une entreprise française de cryptomonnaie, ainsi que sa...

Ces articles devraient vous intéresser :

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Maroc : WhatsApp banni pour la Gendarmerie royale

Suite à la décision de justice annulant un procès-verbal dressé via WhatsApp, la Gendarmerie royale a invité les commandements régionaux, casernes, centres et patrouilles au respect strict des textes en vigueur et à éviter d’envoyer tout document via...

Annulation des accords UE-Maroc : le Polisario jubile

Le Front Polisario a salué la décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) annulant les accords de pêche entre l’UE et le Maroc, la considérant comme un « triomphe de la résistance ».

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

Poupette Kenza : compte Instagram désactivé après des propos « antisémites »

L’influenceuse aux plus d’un million d’abonnés sur Instagram, Poupette Kenza, se retrouve au cœur d’une vive controverse après avoir tenu des propos jugés antisémites. Dans une story publiée le 15 mai 2024, elle affirmait sans équivoque son soutien à...

Achraf Hakimi sort du silence et se défend

Achraf Hakimi s’est exprimé sur l’affaire de viol présumé dont il est accusé. Le latéral droit marocain du Paris Saint-Germain (PSG) continue de nier les faits survenus en février 2023.

Autoroutes du Maroc sous le feu des critiques

La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) a été condamnée à plusieurs reprises pour négligences dans l’entretien des routes et la protection des usagers. Des décisions de justice qui font suite à des accidents causés par des animaux errants,...

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Gard : double meurtre, la perpétuité pour Mohammed Ouhaddou

La Cour d’Assises du Gard a reconnu Mohammed Ouhaddou, un maçon marocain de 38 ans coupable des meurtres de sa femme (26 ans) et de sa belle-sœur (39 ans) le 5 mai 2023 à Salles-du-Gardon près d’Alès dans le Gard.

Immobilier au Maroc : bonne nouvelle pour les nouveaux acquéreurs

Des changements ont été opérés pour impacter positivement le secteur de l’immobilier. Le délai prévu dans l’article 573 relatif à l’introduction d’une action en justice pour défaut de garantie n’est plus limité à 365 jours.