Le conflit russo-ukrainien, une véritable opportunité pour le Maroc

8 août 2022 - 18h00 - Monde - Ecrit par : S.A

La crise russo-ukrainienne profite au Maroc, un des quatre premiers exportateurs d’engrais au monde, avec la Russie, la Chine et le Canada. Le groupe OCP voit son chiffre d’affaires exploser et compte augmenter sa production afin de répondre à la demande mondiale sans cesse croissante.

La crise russo-ukrainienne ne fait pas que des malheureux. Elle permet aussi à des pays comme le Maroc de se refaire une bonne santé économique après les deux années de pandémie de Covid-19. En témoignent les exportations du phosphate marocain. L’Office chérifien des phosphates (OCP) a réalisé 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit une hausse de 77 % par rapport à la même période l’année dernière. « Le conflit russo-ukrainien a intensifié la situation tendue en termes d’équilibre offre/demande sur le marché des phosphates et a entraîné une nouvelle hausse des prix, qui a également été soutenue par l’augmentation des coûts des matières premières, en particulier l’ammoniaque et le soufre », a indiqué en mai l’OCP pour ainsi justifier le record enregistré.

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Le chiffre d’affaires du géant marocain du phosphate pourrait suivre la même tendance jusqu’à la fin du second semestre. Fin avril, les ventes auraient atteint un peu plus de 3,5 milliards d’euros, soit le double du résultat enregistré en 2021 sur la même période, confie une source à Middle East Eye au sein de l’OCP.

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Au début de la crise russo-ukrainienne, la banque mondiale avait alerté sur la difficulté à s’approvisionner en engrais au cours des prochains mois. La Chine, premier producteur d’engrais au monde, a fait le choix de satisfaire son marché local que d’exporter. À l’inverse, le Maroc qui possède plus de 70 % des réserves mondiales de phosphate entend augmenter sa production de 10 %, afin de faire face à la demande sans cesse croissante. « Dans les quatre prochaines années, la capacité de production pourrait augmenter de plus de 50 % », explique une source au sein de l’OCP sous couvert d’anonymat.

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Des pays comme le Brésil ont recours à l’OCP pour augmenter leurs importations d’engrais. « En aidant à contrer la menace russe de militariser le lien alimentation-énergie, Rabat démontre son importance croissante pour l’Europe et les États-Unis en tant que partenaire géopolitique en Afrique subsaharienne », analyse le Middle East Institute, un centre de réflexion basé à Washington. Et de poursuivre : « Alors que l’Europe fait face à une guerre d’usure géoéconomique sur deux fronts avec la Russie, le projet du Maroc d’augmenter sa production d’engrais […] modifie l’équation stratégique en contrant la capacité de Moscou à militariser l’alimentation et l’énergie ».

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