Les réalisateurs du documentaire ont mis les pieds dans une grosse fourmilière en prenant la décision de braquer leur caméra sur des policiers, qu’ils soient toujours en fonction ou non. Le documentaire démarre d’ailleurs par des conversations téléphoniques avec des agents, qui par peur des représailles, ont préféré témoigner de façon anonyme.
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Même s’ils n’osent pas parler à visage découvert, ils sont conscients de l’existence de la culture du silence dans la police. « Celui qui parle s’en va », explique Jan Struijs, président du syndicat de la police. La plupart des policiers aperçus dans le documentaire ne sont d’ailleurs plus en fonction. Ils sont partis de la profession, dégoûtés par la façon dont ils sont traités ou intimidés.
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Bilal Addou est toujours actif au sein de la police. Détective et motard depuis 11 ans, il soutient que l’exclusion commence déjà à l’académie de police. Victime à de nombreuses reprises d’actes islamophobes, il affirme avoir été souvent qualifié de terroriste. Il estime que les fréquents discours officiels sur la diversité et l’intégration des autres nationalités dans la police, ne sont que du vent. « Ils oublient de dire que si vous ne vous comportez pas comme eux, votre vie sera amère ou vous serez victime d’intimidation ».
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Bilal Addou a été accusé par certains de ses collègues d’avoir tenu des propos extrêmes et un rapport sur sa prétendue radicalisation a été rédigé à son insu. « L’institution n’est pas prête à accepter la diversité. Assurez-vous d’abord de conserver la diversité que vous avez maintenant », déclare Addou dans Metronieuws. Cependant, il ne veut pas démissionner, car il aime beaucoup son métier. Il se dit avant tout policier dans l’âme. « Mon nom et ma carrière sont souillés, mais je ne vais pas me laisser faire », dit-il.
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Le policier n’est pas optimiste quant à un changement de comportement, estimant que c’est un cercle vicieux. « Ils sont très fort pour s’adresser aux citoyens, mais dès qu’ils doivent s’adresser les uns aux autres, c’est un tout autre monde. Si vous êtes assez courageux pour vous adresser aux gens dans la rue, vous devez également savoir vous parler en tant que collègue ».
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En plus de Bilal Addou, d’autres cas ont été cités dans le documentaire. En tout cas suffisant pour faire naître une série de réactions chez les téléspectateurs. Ils ont affiché sur les réseaux sociaux leur indignation. "La Blue Family" a été réalisée avec l’aide de Control Alt Delete, une fondation engagée pour une application juste et efficace de la loi et contre le profilage ethnique et la violence excessive. Avec les avis reçus, l’organisation entend lancer une pétition pour, entre autres, la mise en place d’un comité de discipline indépendant de la police.