Retours forcés des mineurs : le cas du jeune Achraf devant la justice

29 mai 2021 - 08h40 - Espagne - Ecrit par : J.K

Le procureur de Sebta a ouvert une enquête sur le cas du jeune Achraf renvoyé au Maroc après avoir rejoint l’Espagne à la nage. Il a demandé la vidéo non éditée de Reuters qui retrace la scène de l’accueil puis du retour de l’adolescent et dans laquelle il tente d’échapper aux militaires.

C’est suite à la plainte déposée par l’ONG « Coordinadore de Barrios » que le procureur a ouvert cette procédure qui vise à savoir si les autorités de l’enclave espagnole ont opéré des expulsions express de mineurs marocains ayant réussi à franchir la frontière à la nage, informe El Faro de Ceuta. Cette enquête concerne particulièrement le cas d’Achraf, 16 ans, ayant déclaré dans un reportage du journal El Pais, avoir été renvoyé au Maroc, au moins deux fois la semaine dernière. Sur une vidéo capturée par le journaliste Jon Nazca pour Reuters, on voit l’adolescent muni d’un flotteur à bouteilles en plastique, en plein effort pour regagner le rivage de la plage d’El Tarajal, lançant aux gardes déployés : « Vous devez nous comprendre ; je ne veux pas rentrer ! ».

Vaine complainte, puisque la vidéo le montre, lui et un autre mineur, ensuite raccompagnés par les soldats jusqu’à la barrière marocaine, où ils sont remis aux forces frontalières du royaume. Il s’agit là d’une violation des droits de l’enfant, dénonce l’ONG, soulignant que ce « rejet à la frontière » a été effectué sans considération de l’éventuelle situation de vulnérabilité du mineur. Le commandement général de Sebta est également instruit pour identifier les soldats qui apparaissent sur la vidéo, ainsi que les différentes instructions reçues par ces derniers le mercredi 19 mai.

À en croire la déclaration d’Achraf à El Pais, une première fois, mardi matin, il a été directement rejeté à la barrière. Plus tard, la nuit, il a réussi à regagner à la nage l’Espagne pour se voir expulser le jour d’après, à chaud, en violation des conventions internationales sur la protection de l’enfance et de la loi sur l’immigration en Espagne qui n’autorise les « retours à chaud » que pour les personnes de plus de 18 ans.

Des faits qui contredisent les propos du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, rejetant toute atteinte aux droits des enfants et balayant toute accusation de recours à des expulsions des mineurs à chaud. Pour les cas constatés, les autorités espagnoles auraient plutôt empêché les migrants n’ayant pas encore atteint la ville, de passer la frontière, a allégué Fernando Grande-Marlaska.

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