L’Europe propose au Maroc  plus de visas, mais moins d’immigration clandestine

27 avril 2021 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

L’Union européenne reconnait le Maroc comme un partenaire stratégique dans la lutte contre l’immigration clandestine et consent à le soutenir davantage en mettant plus de fonds à sa disposition. De son côté, le Maroc demande que son importance soit reconnue au Conseil européen des migrations, comme c’est le cas avec la Libye et la Turquie.

Depuis 2018, « le Maroc a fait des efforts importants dans la gestion des flux migratoires et dans la prévention des départs irréguliers vers l’Espagne », indique un document de l’UE auquel a eu accès le journal El País. Mais avec l’augmentation des arrivées de migrants aux Îles Canaries, l’UE a reconnu la nécessité de renforcer sa relation avec le Maroc et de « se fixer des objectifs à long terme ». En l’occurrence, l’UE souhaite une meilleure collaboration avec Rabat pour le rapatriement rapide de ses ressortissants. En 2019, sur les 35 000 Marocains qui ont été sommés de quitter l’UE, seulement 29 % ont finalement été expulsés. L’UE souhaite également que le Maroc accueille les migrants des pays tiers en échange d’une politique de visa plus favorable pour les Marocains, mais la négociation n’a pas évolué depuis 2015. « Nous exhortons le Maroc à adopter la loi sur l’asile et à promouvoir le rôle de l’Agence européenne pour l’asile (EASO) dans la construction d’un système efficace », détaille par ailleurs le document.

De son côté, le Maroc, en tant que pays d’origine, de transit et de destination de milliers de migrants, a toujours demandé plus de soutien et que son rôle soit reconnu, estimant que ses efforts en moyens matériels et humains déployés aux frontières pour lutter contre l’immigration clandestine nécessitent un investissement de 3,5 milliards d’euros sur la période 2020-2027. Ce qui suppose 435 millions d’euros par an, explique un rapport économique de l’UE.

Dans tous les cas, l’UE prévoit, dans le cadre de son budget pluriannuel, d’augmenter son soutien au Maroc. « Pour maintenir des engagements financiers suffisants en matière de migration, conformément aux attentes du Maroc, des solutions plus audacieuses sont nécessaires, y compris plus avantageuses », prévient le document. Le Maroc est le troisième plus grand partenaire de l’UE en termes de financement pour la gestion des migrations (343 millions d’euros), après la Turquie (6 milliards d’euros depuis 2016) et la Libye (355 millions en 2015).

Lors de l’étude du document jeudi, tous les représentants des États membres de l’UE ont reconnu « un décalage croissant entre les offres européennes et les attentes marocaines » et la « difficulté d’aligner les objectifs » du Maroc et de l’UE. Les représentants de l’Espagne se sont prononcés à l’occasion en faveur du Maroc, souhaitant une meilleure collaboration en matière de politique migratoire avec le royaume afin de mieux réguler les flux migratoires qui ne baissent pas malgré la fermeture des frontières. Dans l’accord avec le Conseil sur le règlement IVDCI, le parlement européen a réussi à plafonner à 10 % les ressources dédiées à la gestion des migrations, limitant du coup la capacité des partenaires de l’UE.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Union européenne

Aller plus loin

Les patrons de Sebta et Melilla disent non au visa pour les Marocains de Nador et Tétouan

La Confédération des entrepreneurs de Melilla (CEME-CEOE) demande d’exempter de visa les Marocains de Nador et Tétouan qui désirent se rendre à Melilla et à Ceuta « jusqu’à ce...

France : une nouvelle loi sur l’immigration en préparation

Le gouvernement français entend réformer profondément l’immigration. Dans ce sens, le ministère de l’Intérieur prépare « un texte important » devant tenir compte des...

L’Europe veut sanctionner le Maroc pour « instrumentalisation » de migrants

Le Conseil de l’Union européenne donnera jeudi un signal fort aux pays tiers comme le Maroc ou la Biélorussie, qui « instrumentalisent » les migrants à des fins politiques et...

« La question migratoire est au cœur d’une nouvelle diplomatie offensive du Maroc »

Emmanuel Dupuy, président de l’Institut prospective et sécurité en Europe affirme que la question migratoire est au cœur d’une nouvelle diplomatie offensive du Maroc qui a...

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc se met à la taxe carbone

Des experts livrent leurs réflexions sur l’impact que la mise en place de la taxe carbone pourrait avoir sur l’économie marocaine ainsi que l’industrie marocaine.

Pastèques marocaines : une dégringolade des exportations vers l’Europe

Les exportations marocaines de pastèque ont enregistré une baisse inquiétante au premier semestre de l’année 2024 en raison de la faible demande des pays européens. Une situation qui affecte les exportateurs, déjà confrontés à la réduction de la...

L’export d’oranges marocaines menacé

La filière des agrumes au Maroc est confrontée à d’énormes difficultés liées à la baisse de production du fait de la rareté des précipitations, ce qui affecte sa présence sur les marchés internationaux.

Données bancaires des MRE : Le Maroc négocie avec l’OCDE

Le Maroc est en pourparlers avec l’UE en vue d’une application harmonieuse du traité OCDE/G20 sur l’échange automatique des données bancaires à des fins fiscales.

Nouvelles tensions en perspective entre le Maroc et l’Europe

De nouvelles tensions risquent d’émerger entre le Maroc et l’Union européenne à cause de l’espace aérien du Sahara.

Le Maroc sort l’artillerie lourde pour défendre ses fruits et légumes

Le Maroc a décidé de muscler son jeu pour défendre ses agriculteurs sur la scène européenne. L’ambassade du Maroc à Madrid vient de faire appel à un cabinet de conseil espagnol, Acento Public Affairs, pour faire entendre sa voix auprès des institutions...

L’Europe cherche à bloquer les transferts des MRE

Face à la hausse continue des transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) vers le Maroc, l’Union européenne s’apprête à prendre une directive pour réduire ces transferts via les banques marocaines implantées en Europe.

Pastèques : le Maroc écrase la concurrence en Europe

Malgré les événements climatiques récurrents, le secteur de la pastèque au Maroc connaît une nette amélioration en termes de qualité et de volume cette saison au point d’écraser la concurrence européenne.