Entre 2021 et 2024, le nombre de faillites est passé de 10 500 à plus de 33 000, avec une projection dépassant les 40 000 d’ici la fin de l’année, révèle une enquête menée par l’Instance marocaine des très petites entreprises (IMPE) auprès d’un échantillon représentatif de 670 entreprises réparties sur l’ensemble du territoire national, et dont les résultats ont été présentés, lors d’une conférence de presse tenue vendredi dernier à Rabat. La preuve, près de 48 % des entreprises interrogées ont moins de trois ans d’existence, tandis que 30 % seulement ont survécu au-delà de cinq ans.
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Cette forte mortalité des petites entreprises s’explique par plusieurs facteurs. Selon 76 % des patrons, les charges sociales sont inadaptées à la réalité de la petite entreprise, notamment en ce qui concerne la CNSS et l’impôt sur le revenu. Pour 74 % des interrogés, le système fiscal actuel est peu incitatif. Ils pointent la complexité des démarches, l’ampleur des prélèvements par rapport au chiffre d’affaires, et l’absence de mécanismes d’encouragement sur mesure. Près de 90 % des répondants dénoncent la difficulté d’accès aux financements, principalement à cause des garanties exigées par les établissements bancaires. Selon l’enquête, la moitié des entreprises ne connaît même pas les programmes de soutien existants. 70 % n’ont jamais bénéficié d’un marché public, en dépit des quotas prévus par la réglementation.
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Quant à l’insertion dans le commerce international, elle reste marginale : 97 % des TPME n’ont jamais participé à un salon international soutenu par une institution publique. Côté formation, le tableau est aussi sombre. 52 % n’ont jamais bénéficié de programmes de renforcement des capacités, ce qui limite leur montée en compétences et leur compétitivité. Autre difficulté majeure : les retards de paiement. En tout, 70 % des entreprises souffrent de retards de paiement, principalement de la part d’institutions publiques ou de grandes entreprises, ce qui affecte gravement leur trésorerie, est-il précisé. À cette difficulté s’ajoute la concurrence du secteur informel. Plus de 80 % dénoncent la concurrence du secteur informel, qui fausse les règles du jeu et menace leur pérennité.
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Cette étude a été complétée par les recommandations du premier Forum national des organisations professionnelles, fait savoir Le Matin. Les propositions s’articulent autour de trois axes principaux : la législation et l’administration, la formation et l’accompagnement, ainsi que le financement et l’accès à l’information. Évoquant le premier axe, Rachid Ouardighi, président de l’Instance marocaine des très petites entreprises, a fait savoir que les propositions se résument en cinq points : simplification des procédures, paiement rapide des créances, création d’un interlocuteur unique pour les TPME et adoption d’un cadre juridique clair pour les très petites entreprises.
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S’agissant du volet relatif à la formation et à l’accompagnement, les recommandations sont axées sur la mise en place de centres régionaux dédiés à la formation et à l’accompagnement de proximité, ainsi que le développement du programme « Pass-TPE » intégrant financement, appui et mise en réseau. L’incitation des banques à adapter leur offre, l’affectation de 30 % des marchés publics aux TPME, la protection du produit national, ainsi que la création de plateformes numériques d’information ciblée sont les recommandations consignées dans le troisième et dernier axe.