Karim A. (36 ans), son neveu Youssef Z. (22 ans) et Abdelouahed B. (29 ans) sont les trois prévenus qui ont été condamnés pour l’agression sexuelle sur la mineure âgée de 11 ans au moment des faits. Pourtant, selon le Code pénal marocain, le crime de viol est puni d’une peine de cinq à dix ans de prison, de 10 à 20 ans de prison si la victime est mineure et jusqu’à 30 ans si elle perd sa virginité. Sanae se retrouve dans le dernier cas et ses agresseurs devraient écoper de 30 ans de prison, mais le tribunal de Rabat a trouvé trois circonstances atténuantes et réduit la peine des accusés, rapporte EFE.
La mineure, qui a donné naissance à un garçon il y a un an, vit avec ses parents et sa grand-mère dans une région à l’est de Rabat. La famille cultive des hectares de pommes de terre, de citrouilles et de céréales. « Quarante jours après la mort de mon père, je suis allé au marché et un homme m’a raconté l’histoire. J’ai eu le vertige, je ne savais pas quoi dire », confie Mohamed, le père de la fillette. Karim et Youssef, oncle et neveu, habitent à 30 mètres de la maison de la mineure et l’ont vu grandir, poursuit Mohamed. Le troisième agresseur, lui, habite à 400 mètres de là.
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Depuis deux ans, la mineure n’est plus la même. « Elle ne sait pas si elle est une fille ou une adulte. Elle ne veut pas jouer avec ses frères. Et ça s’est aggravé depuis la condamnation, qui va être réexaminée par la cour d’appel à Rabat », souligné Mohamed qui compte aller jusqu’au bout pour obtenir justice pour le viol de sa fille. Le ministre de la Justice, Abdelatif Ouahbi, a promis des peines plus sévères concernant le cas de la fillette. Mais le problème est plus profond, souligne Loubna Rais, membre du groupe féministe Masakatch (Je ne me tais pas en français).
La militante dénonce une « culture du viol », une « banalisation » des violences subies par les femmes et les filles et une « minimisation » de leurs souffrances. « Si les sanctions étaient appliquées comme le prévoit la loi, ce serait déjà un exploit », plaide-t-elle. Selon une étude réalisée en 2020 par ce mouvement, sur 1 169 affaires devant 21 tribunaux de première instance du Maroc, 80 % des personnes reconnues coupables de viol écopent d’une peine de moins de cinq ans, de trois ans et un mois en moyenne.