Contrôles au faciès : des lycéens font condamner l’Etat français

12 juin 2021 - 08h00 - France - Ecrit par : J.D

La cour d’appel de Paris a reconnu, à l’issue d’un procès en appel, le caractère discriminatoire du contrôle au faciès de trois lycéens d’un établissement en Seine-Saint-Denis, contredisant la décision en première instance et ordonne l’État à dédommager les victimes.

1500 euros de dommages et intérêts à verser par l’État français à chacune des victimes ainsi que 2000 euros pour couvrir leur frais d’avocat. C’est le verdict rendu par les juges de la cour d’appel de Paris, soutenant que le contrôle d’identité opéré en 2017 sur les jeunes lycéens, est jugé «  discriminatoire et constitue une faute lourde  » de l’État, qui n’a pu démontrer l’absence de différence de traitement de la part de la police.

Selon l’arrêt, «  les caractéristiques physiques des personnes contrôlées, notamment leur origine, leur âge et leur sexe, ont été la cause réelle du contrôle et mettent en évidence une différence de traitement laissant présumer l’existence d’une discrimination  ».

L’affaire remonte en mars 2017 où Ylias, Mamadou et Zakaria, inscrits dans un établissement d’Epinay-Sur-Seine, ont été contrôlés à la Gare du Nord, au retour d’un voyage scolaire à Bruxelles, devant leur classe et les passagers. Ils se sont sentis humiliés par l’acte des policiers qu’ils estiment discriminatoire. Ils engagent alors une procédure judiciaire. Ils sont très vite déboutés par le tribunal judiciaire de Paris. Les juges de la première instance avaient soutenu que la classe, composée d’élèves tous issus de « minorités visibles », ne permettait pas de démontrer le caractère discriminatoire du contrôle policier effectué en ces lieux.

La cour d’appel réfute cet argument et fait remarquer que l’échantillon de personnes ayant subi le contrôle devrait être comparé non pas à l’effectif de la classe, mais plus largement par rapport à l’ensemble des personnes se trouvant en ce moment sur les lieux, notamment les personnes descendant du train ou celles présentes sur le quai, et qui n’ont pas été contrôlées à l’instar des trois lycéens.

À l’instar des observations du défenseur des droits, les juges ont relevé que ce seul indice suffit pour évoquer une sélection fondée sur les seules caractéristiques physiques d’Ylias, Mamadou et Zakaria.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Droits et Justice - Plainte

Aller plus loin

Rachida Dati : "le racisme existe en France"

La candidate LR à la mairie de Paris, Rachida Dati évoque "le racisme social" vis-à-vis des Gilets Jaunes, et dit craindre une "convergence des crises" liée au chômage de masse,...

France : six organisations exigent la suppression des contrôles au faciès

Six organisations non gouvernementales sont décidées à contraindre l’État français à supprimer les contrôles au faciès. Elles ont annoncé ce mercredi, le lancement d’une action...

France : un rapport dénonce les «  contrôles au faciès  »

La Commission nationale consultative des droits de l’Homme a dans un rapport fait part de la forte discrimination que subissent les Noirs en France. Elle qualifie cette...

Contrôles au faciès : un collectif d’ONG saisit la justice contre l’État français

Six associations, dont Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), représentant des victimes de violence et de discrimination policières, ont décidé d’attaquer l’État...

Ces articles devraient vous intéresser :

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Trafic de billets de match : le député Mohamed El Hidaoui interrogé par la police

Soupçonné d’être impliqué dans une affaire de vente illégale de billets au Mondial 2022, le député RNI, Mohamed El Hidaoui, a été entendu, vendredi, par la justice.

Maroc : l’utilisation de WhatsApp interdite dans le secteur de la justice

Le procureur général du Maroc, Al-Hassan Al-Daki, a interdit aux fonctionnaires et huissiers de justice d’installer et d’utiliser les applications de messagerie instantanée, et principalement WhatsApp, sur leurs téléphones professionnels.

Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

Comme pour les couples mariés, les enfants nés hors mariage au Maroc seront pris en charge par les parents. Une disposition est prévue dans le nouveau Code pénal pour reconnaitre leur droit, a annoncé le ministre de la Justice Abdellatif Ouhabi.

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Maroc : vers l’égalité des sexes dans les contrats de mariage

Le ministre marocain de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a réaffirmé son engagement en faveur de l’égalité entre les sexes lors de la conclusion de contrats de mariage et autres actes juridiques.

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Un député marocain poursuivi pour débauche

Le député Yassine Radi, membre du parti de l’Union constitutionnelle (UC), son ami homme d’affaires, deux jeunes femmes et un gardien comparaissent devant la Chambre criminelle du tribunal de Rabat.

Maroc : le casier judiciaire électronique enfin lancé

Le ministère de la Justice a procédé mardi, au lancement de quatre nouveaux services numériques dont le casier judiciaire électronique.