Cette initiative du roi Mohammed VI qui veut désenclaver l’Afrique

1er juillet 2025 - 10h00 - Maroc - Ecrit par : P. A

Annoncée en novembre 2023 par le roi Mohammed VI, « l’Initiative Atlantique » vise à faciliter l’accès à l’océan aux pays enclavés du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) via le port de Dakhla, en construction dans le nord de la ville.

Relier les pays du Sahel à la mer à travers sa façade atlantique. C’est l’objectif de ce méga projet qui « transformera substantiellement l’économie de ces pays » et de « toute la région », déclarait Mohammed VI. La réalisation de l’Initiative Atlantique permettra au Maroc de faire d’une pierre plusieurs coups. Rabat pourrait ainsi étendre son influence en Afrique, développer son Sahara et renforcer ses relations bilatérales avec le Mali, le Niger et le Burkina.

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Le souverain marocain avait fait cette annonce dans un contexte géopolitique particulier marqué par des coups d’État et l’installation de régimes militaires dans ces trois pays, une rupture de leurs relations bilatérales avec l’Occident et un rapprochement avec la Russie, sans oublier leur isolement par l’Union africaine et la CEDEAO. Pour rappel, le Niger, le Burkina et le Mali ont créé en septembre 2023 l’Alliance des États du Sahel (AES).

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Le Maroc est « l’un des tout premiers pays auprès de qui on a trouvé la compréhension, au moment où la CEDEAO et d’autres pays étaient sur le point de nous livrer la guerre », affirmait fin avril à Rabat, Bakary Yaou Sangaré, le ministre nigérien des Affaires étrangères, assurant que « l’initiative royale est une aubaine pour nos pays ». Avec ce projet de l’initiative Atlantique, le Maroc, dans une « triangularité » avec l’Afrique et l’Occident, est en train de « rentabiliser ces échecs en se positionnant dans le Sud global comme partenaire fiable de l’Europe » et de l’Afrique, analyse pour BFMTV Beatriz Mesa, professeure à l’Université internationale de Rabat.

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Quid de la faisabilité et du financement du projet ? D’après la revue « Afrique(s) en mouvement », les États-Unis, la France ou des États du Golfe, pourraient financer ce projet dont le coût est estimé à près d’un milliard de dollars (environ 930 millions d’euros), selon Abdelmalek Alaoui, président de l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS). Mais il y a « encore des étapes à franchir », explique pour sa part l’expert nigérien Seidik Abba, président du Centre international d’études et de réflexions sur le Sahel (CIRES), soulignant l’inexistence du réseau (routier ou ferroviaire) entre le Maroc et le Tchad via la Mauritanie et le manque de parc automobile dans la région.

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De son côté, Rida Lyammouri du groupe de réflexion marocain Policy Center for the New South, rappelle qu’« une nouvelle route terrestre » entre le Maroc et la Mauritanie est « presque finalisée ». La sécurité au Sahel reste l’une des grosses inquiétudes, fait observer Abdelmalek Salaoui « Si vous avez des escarmouches, de facto, vos travaux s’arrêtent ». Le futur port en eau profonde « Dakhla atlantique », se trouve au cœur de ce méga projet. D’un coût d’1,2 milliard d’euros, ce chantier lancé fin 2021, est à un taux d’avancement de 38 %. La fin des travaux est prévue pour 2028.

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