Les faits remontent au 15 juin dernier. Vers 21 heures, Toufik B. circulait à scooter sur la voie sur berge longeant la rivière du Drac, « juchée sur une digue » et interdite aux engins motorisés. « D’un coup, des gens ont surgi d’un buisson et m’ont aspergé de gaz. Je n’ai pas compris ce qui se passait, je n’ai pas vu que c’étaient des policiers. J’ai cru à une agression. J’ai eu peur et j’ai continué à rouler. Là, j’entends un coup de feu. […] La balle est entrée par l’arrière du genou et est sortie sur le côté de la cuisse. », raconte la victime. Toufik perd beaucoup de sang. Alors qu’il s’est arrêté à l’endroit où la digue croise le pont du Vercors, il se fait surprendre par d’autres policiers. L’un d’eux le bloque au niveau du thorax avec son pied tout en braquant une arme sur son visage, rapporte Le Parisien.
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« Cette violence est totalement incompréhensible, s’insurge son avocat, Emmanuel Decombard. À ce moment mon client est blessé, à terre… Il n’est pas connu des services de police, donc les policiers ne peuvent avancer qu’ils ont affaire à quelqu’un de réputé violent, dangereux ou armé. Certes, il commet une erreur en roulant à scooter sur cette digue, mais c’est de l’ordre de la contravention, ce n’est pas un délit. Il n’était pas Fangio, il roulait à allure modérée, avec un casque, sur un véhicule en règle qui n’était pas volé. Rien ne justifie l’utilisation d’une arme de 9 mm, d’autant plus qu’on lui a tiré dans le dos ! Il avait déjà dépassé les forces de l’ordre lorsque le policier a appuyé sur la gâchette. »
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Ces violences policières ont de lourdes conséquences. Il a perdu l’usage de son pied droit. « Le chirurgien m’a dit que je revenais de loin », souffle Toufik. Les 54 points de sutures qui refermaient sa plaie lui ont laissé une énorme cicatrice. Emmanuel Decombard assure que son client a été victime de violences avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique, ayant entraîné une infirmité permanente. « Ça dépend de la cour d’assises, c’est criminel. On doit s’interroger sur cet usage croissant des armes à feu. »
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Depuis un mois et un demi, l’avocat grenoblois est sans nouvelles des enquêteurs de l’IGPN de Lyon. Il a alors déposé une plainte le 28 juillet. Deux procédures sont en cours. L’une concerne la blessure involontaire provoquée par le policier municipal. Ce dernier a assuré qu’il était en légitime défense et victime de violences volontaires. Il est donc à l’origine de la seconde procédure.