« La jeunesse marocaine est engagée dans une sorte d’éducation sexuelle néfaste »

16 janvier 2021 - 18h00 - Maroc - Ecrit par : S.A

La jeunesse marocaine est engagée dans une sorte d’éducation sexuelle néfaste et une représentation des relations dans les films sexuels imparfaite. C’est ce que révèle une étude consacrée à la perception de la jeunesse marocaine sur plusieurs concepts, dont l’éducation sexuelle.

Le rapport de cette étude intitulée « Towards sexual education : Moroccan youth’s perception between globality and islam » indique que les perceptions des jeunes marocains sur la sexualité sont façonnées à travers les discours d’immoralité au sein de la culture marocaine et les formes culturelles introduites par les médias et internet.

L’auteur de cette publication, Rachid Benharrousse, est chercheur au Centre d’études culturelles marocaines de l’Université de Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès. Il soutient que « la mondialisation façonne l’éducation sexuelle, en ce sens que la perception positive de l’éducation sexuelle est due à la globalité, puisque le jeune s’identifie à la culture occidentale dont il est témoin sur les médias et sur Internet, et cela conduit à une envie de vivre des relations sexuelles en dehors du mariage ».

Il s’avère donc indispensable le rôle que doivent jouer les écoles en matière d’éducation sexuelle. Seul frein : « ni les jeunes ni les éducateurs ne sont à l’aise pour discuter des problèmes sexuels ». En conséquence, « la sexualité des adolescents est donc enchevêtrée dans l’ambiguïté et l’indécidabilité ».

En tout, 72 jeunes Marocains âgés de plus de 18 ans ont été interrogés dans le cadre de cette recherche publiée dans Journal of Contemporary Studies of the Global South. La grande majorité semble comprendre ce que signifie l’éducation sexuelle et comment elle affecterait leur vie. 86,5 % d’entre eux ont affirmé qu’avoir un cours d’éducation sexuelle leur serait bénéfique contre 9 % ayant estimé que l’éducation sexuelle est un « parasite culturel susceptible de détruire la culture locale marocaine ».

Les jeunes ont été également interrogés sur les liens entre l’éducation sexuelle et la religion. 55 % des répondants affirment que la religion n’est pas contre l’éducation sexuelle. « Grâce à l’enquête, l’Islam n’est pas la base du problème mais plutôt les interprétations politiques faites, puisque la majorité des participants sont en faveur de l’inclusion de l’éducation sexuelle […] », relève le chercheur, déplorant que les dirigeants et jeunes « semblent avoir des compréhensions et des points de vue opposés », se félicite le chercheur.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Education - Etude - Jeunesse - Sexualité

Aller plus loin

Une étude sur la préférence des jeunes marocains en matière de couple

Une étude réalisée par Oxfam et Rabat Social Studies Institute a permis de savoir la préférence des jeunes marocains en matière de couple. Cette étude porte sur le thème : "Les...

Au Maroc, la vie sexuelle commence à un âge précoce

La plupart des jeunes marocains ont eu leur premier rapport sexuel entre 15 et 22 ans. C’est ce que révèle une étude réalisée par l’Association marocaine de la planification...

« L’éducation sexuelle touche plus les parents que les mosquées »

Le Porte-parole du Conseil théologique des imams du Rhône, recteur et imam de la mosquée Othman de Villeurbanne, Azzedine Gaci s’est confié à Mizane Info sur les difficultés...

Éducation sexuelle en Belgique : des associations musulmanes disent non

Les cours d’éducation sexuelle qui seront dispensés à tous les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles tout au long de l’année scolaire ne plaisent pas à des institutions...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : de "paradis gay" à destination à risque pour les LGBTQ+ ?

Le Maroc est passé de « pays gay-friendly » à destination touristique moins sûre pour les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres. Il y existe toutefois une sorte de tolérance.

La chanteuse Mariem Hussein au cœur d’une nouvelle polémique

Des internautes marocains se sont indignés des propos de la chanteuse et actrice marocaine Mariem Hussein sur l’éducation sexuelle.

Femmes ingénieures : le Maroc en avance sur la France

Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.

Au Maroc, la santé des élèves menacée

Au Maroc, des associations de protection des consommateurs ont lancé un appel aux autorités compétentes afin qu’elles renforcent les contrôles en ce qui concerne la qualité des fournitures scolaires en cette période de reprise des classes. Objectif,...

Maroc : les sites pour adultes cartonnent pendant le ramadan

Les Marocains sont friands des sites pour adultes pendant ce mois de ramadan. À quel moment visitent-ils ces sites ?

Écoles privées au Maroc : hausse des frais et colère des parents

Des écoles privées ont décidé d’augmenter les frais de scolarité à la prochaine rentrée au grand dam des parents d’élèves. Préoccupée, une députée du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) appelle le gouvernement d’Aziz Akhannouch à agir pour empêcher...

Des conditions strictes pour enseigner dans le privé au Maroc

Le ministère de l’Éducation nationale a récemment autorisé les enseignants du public à donner des cours supplémentaires dans le privé, sous certaines conditions. Pour arrondir leurs fins de mois, ces professeurs devront obtenir une autorisation...

Pufa, la "cocaïne des pauvres" qui déferle sur le Maroc

Pufa, la « cocaïne des pauvres » s’est installée progressivement dans toutes les régions du Maroc, menaçant la santé et la sécurité des jeunes. Le sujet est arrivé au Parlement.

Université Paris-Dauphine : propos racistes envers une étudiante voilée

Une étudiante voilée a été victime de propos racistes de la part d’une intervenante du jury lors d’une soutenance de fin d’année à l’Université Paris-Dauphine.

L’arabe obligatoire dans une école en Belgique

Un établissement catholique flamand propose un cours d’arabe obligatoire à ses élèves de dernière année, une initiative inédite en Belgique.