Samanah Country Club à Marrakech : nouvelles révélations

1er octobre 2022 - 21h40 - France - Ecrit par : P. A

Dix-huit ans après son lancement, le projet de construction du complexe touristique Samanah Country Club à Marrakech est toujours au point mort. L’un des associés du cabinet d’audit français KPMG est soupçonné d’avoir aidé à maquiller les comptes de la société promotrice du projet.

Le projet avait prévu la construction de centaines de villas, appartements, hôtels de luxe, commerces. Mais depuis son lancement en 2006 avec la bénédiction du roi Mohammed VI, c’est le statu quo. L’un des associés du cabinet d’audit KPMG est soupçonné d’avoir aidé les promoteurs du projet, Alain Crenn (GAC) et Richard Hennessy, à maquiller les comptes de leur société. Les deux investisseurs n’ont pas été en mesure de libérer la première tranche de travaux alors que plusieurs particuliers ont déjà acheté des villas sur plan. En mai 2011, ils finissent par céder 51 % de Marprom, la société marocaine porteuse du projet, à un autre investisseur immobilier, Gaël Paclot, associé de Daniel Boisson, l’un des premiers acquéreurs des maisons.

À lire : Maroc : l’État reprend un terrain de 40 hectares à un conseiller royal

Les nouveaux investisseurs injectent dix millions d’euros dans le projet, un montant qui devait permettre d’achever les premières maisons dont l’argent de la vente servirait à financer le reste des travaux. Mais plusieurs mois après avoir repris le projet, Paclot et Boisson n’ont pu accéder à ses comptes bancaires. Ils portent plainte contre GAC devant le tribunal de Paris, l’accusant d’avoir dissimulé les difficultés financières de Marprom. L’affaire est confiée à la juge Patricia Simon qui, après s’être rendue au Maroc et diligenté une expertise comptable, a décidé de mettre en examen Richard Hennessy et Alain Crenn.

Les deux investisseurs sont accusés d’escroquerie, faux et usage de faux, blanchiment de fraude fiscale et présentation de comptes non fidèles. La juge a également mis en examen un responsable de KPMG France pour complicité de présentation de comptes non fidèles. En octobre 2021, elle annule l’expertise comptable pour vice de forme. L’enquête ouverte a révélé que KPMG Maroc, l’un des deux commissaires aux comptes locaux de Marprom, avait refusé de certifier les résultats de l’exercice 2010. Les besoins de financement de la société ne seraient pas de 10 mais de 38 millions d’euros.

À lire : La famille Chaâbi cherche preneur pour sa chaîne hôtelière

KPMG Maroc a envoyé en juillet un rapport circonstancié à KPMG France, qui avait déjà certifié les comptes français de GAC. Le responsable de KPMG France a alors sollicité l’avis d’un deuxième commissaire aux comptes marocain. « Alain Crenn et Richard Hennessy avaient bien conscience du caractère non fidèle des comptes et ont entrepris de falsifier la présentation des comptes, leur arrêté et leur adoption. La constitution de ces faux n’a été possible que grâce à l’intervention de KMPG France », a indiqué la Cour d’appel dans son arrêt.

« La responsabilité pénale de KPMG France en tant que personne morale doit être engagée », estime Marc-Michel Leroux, l’avocat de Daniel Boisson. Aux dernières nouvelles, un nouveau juge a repris l’affaire. Mais plus important, Yazid Sabeg, l’ancien commissaire à la diversité de Nicolas Sarkozy et patron de CS Group (défense, aéronautique…) aurait racheté Marprom et entend achever la construction des villas et d’un hôtel cinq étoiles.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Marrakech - Droits et Justice

Aller plus loin

Le « S.O.S de survie » de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière du Maroc

La crise sanitaire et les mesures restrictives plombent la reprise des activités des professionnels de l’hôtellerie. Asphyxiés, ceux-ci appellent au secours le Gouvernement...

Maroc : l’État reprend un terrain de 40 hectares à un conseiller royal

Le conseiller royal, Yassir Zenagui, vient de perdre son terrain de 40 hectares. La direction régionale des domaines de l’État de Rabat lui a repris le domaine pour n’avoir pas...

La famille Chaâbi cherche preneur pour sa chaîne hôtelière

En difficulté, la famille Chaâbi envisage de céder les hôtels de sa chaîne Mogador. Le temps des vaches grasses est terminée.

Ces articles devraient vous intéresser :

Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort

Le Maroc a réalisé des avancées significatives dans sa lutte contre le blanchiment d’argent. C’est ce qui ressort du septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2024. Ce document officiel montre une évolution positive...

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

La chanson « Enty » de Sâad Lamjarred devant la justice

Le compositeur Mohamed Rifai a assigné DJ Van en justice à cause de la chanson « Enty » interprétée par Saad Lamjarred en 2014.

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Un MRE expulsé après 24 ans en France

Un ressortissant marocain de 46 ans, résidant en France depuis 24 ans, a été expulsé en février dernier, suscitant l’émoi et soulevant des questions quant à l’application de la loi Darmanin sur l’immigration.

Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la...

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.